Animals As Leaders - The Madness of Many

Chronique CD album (52:56)

chronique Animals As Leaders - The Madness of Many

Alors ça, ça fait bougrement plaisir! Parce que lorsqu’un groupe qui vous a jadis provoqué de délicieux picotements dans les terminaisons nerveuses – nom d'un p'tit bonhomme ces 2 premiers albums! – mord un peu sur le bas-côté au moment d’aborder le virage du 3e opus, eh bien ça fait comme un pincement au cœur. « Aïe! » se dit-on, « Est-ce que Animals As Leaders, autrefois fringant héraut d’un genre nouveau – le Djent progressif instrumental –, ne serait pas sur le point de s’évanouir dans les brumes épaisses de nos anciennes amours oubliées? Est-ce que la sortie de son prochain album ne signerait pas la fin d’une relation autrefois intense, mais déjà aussi consumée qu’une forêt vietnamienne au niveau du 17e parallèle? »

 

Allons donc. Rengainez-moi ces lamentations de jeune collégien fraîchement largué!

 

Ce n’est pas parce que, le temps de The Joy of Motion, Tosin Abasi a souhaité s’accorder une parenthèse plus bucolique, moins corrosive que lors de ses 2 premiers méfaits, qu’il a pour autant lâché la guitare pour aller produire son propre fromage de chèvre dans les Cévennes! Non non. Au contraire, réjouissez-vous: The Madness of Many affirme haut et fort le retour des Animaux Dirigeants au plus haut des cieux. Hosannah-Youpi-Tralala! Car je vous le dis comme je le pense: ce 4e album est un retour au programme de l’album éponyme. Autrement dit un retour vers un mélange complexe, séduisant et contrasté entre un metal rythmique, minéral, rugueux, griffu et les trilles d’une guitare lead délicate, aérienne, limpide. On retrouve donc avec un plaisir non feint ce « Fakir Djent » délicieusement abrasif dont le riffing à la brosse à crins semble sponsorisé par Spontex. Goutez donc les excès de « Backpfeifengesicht », et dites-moi si ce délicieux massage au fil de fer barbelé ne vous titille pas salement la moelle épinière!

 

Parallèlement à ce regain de virulence, on retrouve à nouveau ce toucher sensible, ces agencements élégants, ces plages atmosphériques pleines d’un écho quasi-Townsendien, ces tresses mélodiques savamment ficelées, ainsi que ces escapades insouciantes dans une nature riante pleine de cascades limpides, de vent dans les feuillages et de fines pluies apaisantes. Non non, j'vous jure: nulle trace de rhum dans mon coca. Ecoutez plutôt « Private Visions of The World » ou « The Brain Dance », et vous aussi vous aurez du chant de Rossignol plein les oreilles et de doux rayons de soleil plein les prunelles. Par ailleurs la touche électronique s'avère cette fois extrêmement discrète, même s’il en reste des traces à la périphérie de quelques morceaux. M’enfin on est bien loin de Weightless...

 

Parmi les grandes réussites de The Madness of Many, impossible de passer à côté de « Arithmophobia » et sa pulsation indorientale entêtante, de l’archétypal « Inner Assassins » et du groove tortillonneux de l’incroyable « Backpfeifengesicht ». Par contre ce qui tiendra ce 4e album à distance du trône où siègent les 2 actes discographiques fondateurs de la formation, c’est le manque de substance relatif (à souligner 2 fois!) de « Transcentience » et « The Glass Bridge », qui plaisent et intéressent sans toutefois contenter ni captiver. Autre petite imperfection, « Apeirophobia » est certes admirable, mais bien trop indolore pour faire preuve du panache nécessaire à un tomber de rideau digne de ce nom.

 

... On l’espérait, on n’osait y croire: The Madness of Many replace Animals As Leaders dans la dynamique du captivant pionnier qu’il incarnait lors de la sortie de ses 2 premiers albums. La surprise n’est certes plus là, un ou deux morceaux pourraient voir leur impact encore décuplé, n’empêche: ce 4e album est une nouvelle bombe!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: finies les séances de cueillette de fleurs des champs qui avaient un peu plombé The Joy of Motion. Sur cette 4e sortie, le Djent instrumentalo-progressif d’Animals As Leaders revient à la formule gagnante de son 1er album. La folie réussit manifestement mieux à Tosin Abasi que la joie.

photo de Cglaume
le 24/02/2017

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