Demonical - Death Infernal

Chronique CD album (07:41)

chronique Demonical - Death Infernal

Lors des conseils de classe de la Good Ol’ Time School of Death Metal de Stockholm, rares sont les cas de mauvais élèves se voyant imposer une exclusion, ou même un simple redoublement. En effet, les bulletins de notes y sont plutôt brillants, et les appréciations plutôt positives. Et même si l’on peut déplorer de temps à autres quelques « Passable » sanctionnant des cancres qui ne se foulent vraiment pas, le panel usuel des commentaires va plutôt des « Encouragements du Jury » au « Tableau d’Honneur ». En même temps il faut bien reconnaitre que l’établissement n’encourage pas à développer un sens aigu de l’innovation, mais qu’on y oriente plutôt les élèves dans l’application consciencieuse de règles ancestrales édictées par un quarteron de sages prénommés Entombed, Unleashed, Grave et Dismember. Bref, si l’ambiance y est studieuse, il ne s’y distingue que trop rarement de véritables petits prodiges méritant de bonnes vieilles « Félicitations du Jury » bien ronflantes, ainsi que les avaient jadis décrochées Bloodbath ou Death Breath.

 

Et voilà soudainement que, alors que je commençais à me couler imperceptiblement dans une blasitude (copyright Sego) coupable, les brillants chasseurs de têtes de Cyclone Empire viennent me proposer Death Infernal, CV impressionnant des dénommés Demonical. Beau pédigrée ma foi, le groupe étant le phénix issu des cendres de Centinex – acteur de (presque-)renom ayant officié dans nombre de séries B suédoises de qualité lors des 2 décennies précédentes. Vérification faite, ce « nouveau venu » au patronyme aussi original qu’un Bernard François dans un congrès du Modem n’en est plus à ses balbutiements, son dernier album en date – Hellsworn, 2e sortie longue durée du groupe – ayant récolté des critiques ma foi assez élogieuses en son temps. Allez: Cyclone Empire, Centinex, Necromorbus (de toutes façons c’était ça ou les Sunlight)... Pas besoin de lettre de motivation supplémentaire, ça sent les good vaille-brêhicheunes tout ça: je signe!

 

Bordel les copains, voilà bien un CV qui n’était pas bidonné! Ces gars ont tout compris. Non seulement ils maîtrisent Clandestine et Like An Ever Flowing Stream sur le bout des cordes, mais les bougres n’ont par ailleurs pas oublié que ce sont les mélodies et la capacité d’accroche qui font les grands albums. D’où un accent tout particulier mis sur l’alliance du magma décibélique inhérent au genre avec de bons gros refrains (« Through, Hell-Fi-iiire!! », et plus encore l’incoercible « Darkness, Death, Arma-ged-doooooon »!! ») et des lignes entêtantes qui vous collent au crâne comme du goudron brûlant. L’archétype de cette formule gagnante est « Black Inferno », tube imparable qui rappelle les premières heures d’Edge Of Sanity, quand commençait à se dessiner le trait d’union reliant les épaisseurs visqueuses des Grands Anciens à la dentelle finement ciselée façon Göteborg. Mais Demonical a également su aller piocher dans d’autres pots pour assaisonner ses Stockholmeries de douceurs mélodieuses. Et c’est principalement dans les cales du drakkar d’Amon Amarth que nos judicieux arrangeurs ont été piocher. Sur « March For Victory », cet apport épico-guerrier ne se dévoile encore qu’à moitié, le groupe piochant autant chez Unleashed que du côté de la bande des vikings barbus. Mais sur le bonus mélancolico-victorieux qu’est « From Northern Shores », ou sur « All Will Perish » (titre le moins réussi de l’album, un peu trop lourd, un peu trop facile, sur le refrain duquel on pourrait presque sentir des pointes d’Arch Enemy), le doute n’est plus possible.

 

Et c’est tant mieux, car Demonical se donne ainsi les moyens de ne pas être redondant, alternant les plaisirs et casant entre deux speederies jouissives un peu de sel mélodicombatif (ce barbarisme vous est offert sans supplément) pour mieux en relever le goût. Les tubes – puisque le groupe se distingue de ses petits camarades en composant non pas un, mais une ribambelle de titres qui marquent et demandent à repasser encore et encore – s’appellent ici « The Arrival Of Armageddon » (ou l’ouverture idéale), « Black Inferno » (ou le dosage idéal tourbe noirâtre / luminosité mélodique),  « Through Hellfire » (sec comme un coup de fouet, et teinté d’un satanisme de bon aloi à la Decameron) et « Darkness Awaits » (simple et merveilleusement efficace, pour un effet revigorant comparable à celui que procure l’écoute d’un bon vieil album de crust). Sans oublier le panzer en embuscade qu’est « ...Return in Flesh », ni « Slain Warrior » et son happy death metal enjoué et communicatif. Eh ouais.

 

Je ne vois franchement pas quoi rajouter à la démonstration. Si vous êtes amateurs du genre et normalement constitués, vous vous précipiterez sur Death Infernal, et ruinerez un ou deux caleçons sur l’autel du death-old-school-qui-ne-mourra-jamais-de-dieu-vu-comment-c’est-bon. Sinon, je ne peux rien pour vous…

 

PS: ceux qui auront le bon goût – ou la chance – de posséder la version de l’album agrémentée de deux titres bonus, auront le plaisir et l'avantage de découvrir une chouette cover song, Demonical se frottant au « Night Of The Graveless Souls » d’Emperor. Même si le titre y perd un peu en noire majesté, cette reprise est une occasion intéressante de constater la parenté évidente de deux scènes qui se côtoient sans jamais trop se causer (enfin les vétérans de Darkthrone ou de Necrophobic nuanceraient sans doute mon propos…)

 

 

La chronique, version courte: meilleur album de death old school from Stockholm depuis des lustres.   
photo de Cglaume
le 07/07/2011

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