Electric Wizard - Supercoven

Chronique Maxi-cd / EP (50:46)

chronique Electric Wizard - Supercoven

Aussi étrange qu'un crépuscule sur Mars, cet EP démarre telle une gigantesque messe cosmique, où l'hypnose atteint le comble de l'intensité comme peu de musiques peuvent en délivrer. Electric Wizard fait partie de cette élite. Lorsque Jus Oborn était encore flanqué de Mark Greening et Tim Bagshaw. Coincé entre les deux pilliers que sont Come my Fanatics... et Dopethrone, cet EP contient la fleur d'or de ce groupe. Il y a quelque chose, voyez-vous. Quelque chose qui ne sera plus, qui a touché une certaine limite que sans doute les bangs et le LSD ont permis, mais à une dose si puissante qu'aujourd'hui les trois junkies ne pourront plus y revenir.

 

Le premier morceau "Supercoven" pèse son quart d'heure d'hallucinations consécutives, de par sa teinte résolument seventies, aux gimmicks fondus d'un groove d'extra-terrestre. Car dans ce Supercoven, il est manifeste qu'Electric Wizard tourne ses yeux vers le ciel, là où les prières de fanatiques du livre des sables invoquent les innommables grands anciens depuis l'autel noir. Le culte impie devient communion fervente, et nous transporte vers une autre réalité, une réalité décalée, étrange, parfois indicible. Le temps s'est arrêté, et les dunes de ce désert Martien semblent cacher de nombreux secrets qui oscillent entre réalité, mirage et fumée impénétrable, et néanmoins hostile. Le prêtre s'avance, et ses yeux aux milles facettes semblent vous observer au plus profond de vous-même, de vos épouvantes, vos vices profonds et votre misérable nature humaine.

 

Là où beaucoup de disques posent des questions sur une seconde réalité, Supercoven donne une réponse empreinte de l'œuvre de H.P Lovecraft, mais cette fois sans faire aucun rapport entre la réalité et la fiction, car le trio de Dorset semblait à cette époque habité par ces horreurs indicibles, et ne se souciait plus d'en faire le parallèle avec un quotidien désormais oublié. La preuve en est que le morceau suivant, "Burnout", ne laisse aucun répit et embarque pour la cour des péchés capitaux, des horreurs indicibles. A la manière d'un jam d'Hawkwind, "Burnout" décolle et emporte avec lui des effets abusifs vers les murs soniques chtoniens de l'espace intersidéral. Mais en plus, le morceau varie les couleurs en jouant sur les volumes de chaque instrument, de manière à en faire disparaître certains pour en faire progressivement revenir d'autres. L'effet est saisissant.

 

Cet EP se complète de deux morceaux enregistrés en live avec probablement un seul micro, d'une qualité miteuse donc forcément intéressante de par son énergie instantanée, mais peu pertinente après la claque que l'on vient de se prendre. On notera que la touche sabbathiene est à l'honneur dans ces deux derniers titres bonus, par ses breaks et ses riffs telluriques.

 

Supercoven m'a toujours fait penser à ce bouquin excellent de science-fiction qu'est "Chroniques Martiennes" de Ray Bradburry, de par son étrangeté et ce côté "le temps s'arrête pour une réflexion", avec pour mirage le passé d'une vieille planète, contraste entre les ruines savantes et les terriens qui arrivent après la fin, errant à travers les sables, d'ailleurs la cover en atteste, ce genre de cover qui te sépare deux camps net sur la définition du mauvais goût, et je fais partie de ceux qui vénèrent ce genre d'artwork. Un must pour le collectionneur (une réédition serait tellement bienvenue), une perle de la discographie d'Electric Wizard, même s'il ne s'agit pas là d'une pièce maîtresse.

 

 

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photo de Carcinos
le 17/04/2011

2 COMMENTAIRES

slipman

slipman le 18/04/2011 à 15:05:18

" une réédition serait tellement bienvenue " , tt a fait ! EP super dur à choper ( à prix résonnable ) , il manque désespérément a ma disco !

vkng jzz

vkng jzz le 19/04/2011 à 10:43:08

incroyablement taré cet Ep, de loin leur plus psyché en fait :o

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