Entrails - Tales From The Morgue
Chronique CD album (44:30)

- Style
Death metal old school - Label(s)
FDA Rekotz - Sortie
2010 - Lieu d'enregistrement Entrails studios Death
Alors que Fleshcrawl s’escrime en vain depuis des années à faire renaître la flamme sacrée du death suédois 1eregénération, la mode récente du retour aux sonorités old school aura finalement réussi à remplir à nouveau les bacs de guitares bourdonnantes et de décibels bourbeux façon Sunlight Studios. Autant j’avoue que la vague du retro-thrash m’aura laissé plutôt froid – à l’exception notable du 1er album de Municipal Waste – autant la déferlante des disciples de Nihilist et autre Carnage aura trouvé chez moi une oreille beaucoup plus réceptive. Il faut dire que les initiateurs de ce retour en grâce – Bloodbath et Death Breath pour ne pas les citer – ont proposé des albums s’inscrivant parfaitement dans la tradition du genre, mais contenant des morceaux paradoxalement frais et efficaces, loin du pauvre patchwork de copiers-collers auquel on aurait pu s’attendre.
Avec Entrails, devinez quoi … Oui je sais, je n’ai pas fait de grands efforts pour entretenir le suspense: on nage en plein bouillon Entombed/Unleashed/Grave/Dismember. Et c’est plus particulièrement du côté des premiers, dans leur période « Left Hand Path » / « Clandestine », que nos jeunes suédois – oui, eux aussi – sont allés puiser leur inspiration. En effet une fois digérés l’artwork aussi naïf et cheap qu’il est gore, et les textes délicieusement caricaturaux, on retrouve tous les éléments qui font le charme de la bande à Mr Hellid et Cederlund. Un riffing qui tient autant de la coulée de lave que de l’essaim d’abeilles, une rythmique variée plutôt rock’n’punk – en tout cas à mille lieues des rafales de sulfateuse over blastée et hyper triguée dont on nous gave désormais –, des leads mélodiques, voire dark ou mélancoliques, des ambiances sombres et poisseuses … Vous voyez le tableau? Tiens, prenez « Blood Red » par exemple: on démarre sur un up/mid tempo joyeusement bourrin à l’héritage punk assumé, accompagné des quelques éructations de goule de circonstance. Puis la cavalcade laisse place à un ralentissement fangeux d’où l’on ne s’extrait que difficilement pour laisser la place à une guitare lead étonnamment délicate, mais qu’un écho léger et un certain retrait dans le mix rendent judicieusement fantomatique. Ça y est, vous êtes à Stockholm! Les années 90 viennent tout juste de commencer et vos lourdes mèches grasses peinent à cacher quelques grosses plaques d’acné rougeoyantes qui trônent sur votre front tels les vifs étendards de l'adolescence Biactol.
Si Entrails n’est pas un All stars band semblable aux Bloodbath et autres Death Breath précédemment cités, il est tout de même formé de fines lames ayant fait leurs armes dans la pépinière de leur scène locale, au sein de Birdflesh notamment. Il est de plus doté d’un batteur live habitué des tribute bands et autres groupes montés pour le fun (il a notamment joué dans General Surgery et Jigsore Terror), et son premier album – le « Tales From the Morgue » actuellement disséqué – a bénéficié d’un mixage et d’un mastering effectués dans le légendaire Unisound Studio par le non moins légendaire Dan Swanö. On comprend dès lors mieux la pertinence de la musique sortant de nos écouteurs … Mais si le groupe écrit ici un nouvel épisode susceptible de faire s’extasier les fans de la grande saga du Death Old School from Sweden, il peine néanmoins à s’extraire de l’exercice rigide du pur hommage révérencieux. Ainsi le seul morceau ayant véritablement des allures de tube et proposant quelque chose de 100% excitant est le superbe « Entrails ». Les autres titres (des excellents « Blood Red », « Evil Obsession », « The Morgue » ou « The Curse of Death » au trop long « Triumph of the Sinners »), il faut bien l’avouer, nous donnent un peu trop souvent l’envie de ressortir nos vieux classiques pour jouer au jeu des 7 ressemblances et trouver de quel morceau est extrait tel ou tel passage.
Bref, si vous êtes un fan féru de vieux death poisseux et que vous pendriez père et mère pour une 2nde édition de la tournée Masters of Death, foncez sur « Tales From the Morgue » et injectez-vous le en intraveineuse. Si vous êtes déjà en état d’overdose avancée par rapport à cette vague du revival death suédois, accordez-vous quand même une ou deux écoutes attentives de « Entrails », chouette petit missile dont la déflagration ne manquera pas de vous roussir le poil. Et dans le cas où vos oreilles n’auraient pas encore eu droit au revigorant bain de boue de ce type de death ultra marécageux, commencez donc par vous déflorer les tympans avec les albums phares des papes du genre cités plus haut. Perso, « Tales From the Morgue » contribue à me conforter dans l’idée que cette musique baveuse a franchement plus à proposer en 2010 que tous ces groupes de nostalgiques patchés qui idolâtrent la Sainte Bay Area…
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