Entrails - An Eternal Time of Decay

Chronique CD album (46:21)

chronique Entrails - An Eternal Time of Decay

« cata », « en carton », « à côté de la plaque », « pétard mouillé », « maison de retraite », « chemin de croix musical »… Et surtout : 2/10. Au sein de sa chronique de Rise Of The Reaper, mon Cromy de collègue n’a pas de mots assez durs pour dire à quel point « Pouah, mais c’est de la… ?? ». Non non, c’est kloug ! Les chances étaient assez faibles, donc, qu’un membre de la team soit assez maso’ pour se pencher sur An Eternal Time of Decay, son successeur. Néanmoins le promo finit par arriver. Et le croyez-vous, la curiosité – la même que celle qui fait ralentir à hauteur d’un accident sur une route nationale, ou zapper 5 minutes sur le compost télévisuel de Hanouna – a agi. C’est vrai : à quoi pouvait donc ressembler l’album d’après un rase-motte aussi proche des pâquerettes et des crottes de bouquetins ? La surprise fut d’autant plus grande que les attentes étaient faibles. Car crénom, mes oreilles sont formelles : s’il y a bien un groupe qui sait faire ronronner la HM-2 comme un tigre à dents de sabre, c’est bien Entrails sur ce 7e album !

 

Pourtant rien de neuf à l’horizon, si ce n’est l’arrivée d’Arvid Borg-Wall au poste de dresseur de caisses claires. Mais on a du mal à croire que ce soit le zigoto qui ait à lui seul transformé les doubitchous de 2019 en truffes de chez Fauchon. Il faut croire que cette fois le groupe avait Mars dans la maison du Lion et que les planètes étaient parfaitement alignées, parce qu’au final on prend du sacré bon temps lors de ce généreux banquet répondant aux plus hauts standards de la Swedeatherie Label Rouge !

 

Comme il est de coutume en pareilles circonstances, on rentre dans ce nouveau train fantôme via une longue plage atmo-rrifique nous invitant à errer dans les brumes glacées de friches où l’on ne voit goutte mais où l’on entend des feulements louches et les bruits furtifs d’étoffes souillées. Puis BAM, les vannes s’ouvrent grand et l’on se retrouve bientôt englué dans une épaisse coulée de goudron guitaristique, le contraste hyperdensité basaltique / rythmique bravache / luminosité mélodique de la lead fonctionnant une fois de plus à merveille. Rien de nouveau, juste des sensations « pures », des ralentissements plus ou moins pertinents selon le moment, et un putain de groove hostile qui file la banane.

 

Alors c’est vrai, parfois – pas si souvent que ça – le groupe se prend les arpions dans le tapis et fait dans le pataud façon Six Feet Under mal décongelé. Ce qui conduit, par exemple, aux trois premières minutes poussives de « Death by Evil ». Ou à des refrains plus plats qu’un paysage de Beauce en novembre (« The Dead »). Mais sur cette cuvée 2022, la norme ce sont plutôt les dosages pertinents, les D-Beats qui déboulent au bon moment, les breaks croustillants, et le groove de pachy-éléphant. OK, le premier tiers de la tracklist reste relativement modeste en termes de pur effet Whaouh, mais bientôt l’accumulation des bons points fait son effet. Et l’on remarque que « Slayed to a Pile of Flesh » n’est pas qu’un bon gros morceau bien efficace, mais qu’il recèle également un beau riff mélodique qui fonce dans la brume. « Open Casket Feast » démarre en fanfare épico-cavaleuse, breake à bras raccourcis, balance des coups de tatanes punky, ce cocktail de bonnes vibes ayant un effet Juvamine incontestable ! Démarrant sur une supplique lead perçant le brouillard tel un Amorphis sorti de sa naphtaline, « Invertes Graveyard » nous rappelle avec à propos que « lent » ne rime pas toujours avec « chiant » (… désolé pour le raccourci désobligeant les doomophiles), tandis que « Possessed » clôt l’aventure avec une pêche renouvelée, le titre ayant un petit côté « Am I Evil ? » Swedeath décidément pas crado !

 

Tradition, manque d’imagination mais grosse satisfaction : An Eternal Time of Decay serait un véritable argument de poids dans le dossier d'Entrails si celui-ci envisageait de demander la nationalité allemande (je caricature intentionnellement : vous pouvez rappeler la brigade du politiquement correct !). Oubliez le pâté à la grimace de Rise Of The Reaper : les Suédois ont repris leurs esprits et cuisinent à nouveau la tripaille HM-2 avec l’amour du travail bien fait !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: « Never surrender, never give up ! » est sans doute le slogan des increvables Swedeasters d’Entrails. Septième album touillant encore et toujours la même popotte crapoteuse au bon goût de HM-2, An Eternal Time of Decay fait preuve de suffisamment de feeling, de groove et de breaks savants pour regagner l’affection de ceux qui avaient boudé Rise of the Reaper… Du moins c’est tout le mal qu’on lui souhaite !

 

 

photo de Cglaume
le 31/03/2023

5 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/03/2023 à 10:21:08

8/10 pour un Entrails ?

cglaume

cglaume le 31/03/2023 à 11:21:05

Tutafé

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/03/2023 à 16:46:12

Voyons voir... 'ttention hein je déconne pas perso sur certains sujets !

cglaume

cglaume le 31/03/2023 à 16:55:20

** stupeur et tremblements **

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/03/2023 à 17:13:37

Bien analysons le bouzin de façon scientifique, au bout de 13 min et 54, 55, 56, 57... 22 minutes 12, secondes d'écoute. Des compos assez dynamiques certes voire Punk des fois. Un art certain du bouzin oui, aussi. On reviens donc dans la série B sympa en s'extrayant des zédars de la scène. Par contre passé le ravageur "Open Casket Feast", il  aurait fallu faire du tri pour terminer sur les morceaux 10 et 11.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Devil's days à Barsac les 9 et 10 mai 2025
  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025
  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025