Hardcore Anal Hydrogen - Hypercut
Chronique CD album (41:00)

- Style
Nawak Noise'n'Electro'n'Punk metal - Label(s)
Apathia Records - Sortie
2018 - écouter via bandcamp
Vu la similarité des démarches respectives, il fallait s’y attendre: Hardcore Anal Hydrogen allait tôt ou tard finir par rendre hommage à Richard Gotainer. C’est à présent chose faite avec Hypercut (titre clin d’œil – Hypercut = Mega uppercut – au duel Rocky-esque du cultissime « Le Combat de Rock »), 4e sortie dont la pochette reprend l’esthétique du clip « Les Moutons ». Et sur « Entropie Maximum », c’est carrément Richard le Grand lui-même qui balance une collection d’onomatopées plus hilarantes les unes que les autres, dans la grande tradition de ce à quoi nous a habitués l’artiste, ceci d’autant plus naturellement qu’il a co-écrit le titre avec le groupe monégasto-lyonnais. Muni de cette grille de lecture, on réalise assez vite que la tuerie supersonique « Sproutch » n'est autre qu'une réinterprétation délirante du célèbre « Youki », l’exercice prenant la forme d’une adaptation à la sauce Cyber Grind de la célèbre blague « Sproutch le Chien ».
… Ce que je ne m’explique pas par contre, c’est qu’on ne trouve parmi les 14 titres nouveaux pas la moindre reprise du « Sampa », ni du « Mambo du Décalco »?? Faut-il s’attendre à un tome II de ce tribute passionné et passionnant?
Non, vraiment? Tout ça est aussi crédible que Barney Greenway candidat En Marche aux élections municipales de Birmingham? Même après avoir sniffé une complète ligne d’Ariel Formule Plus Blanc?
J’avoue: à part les nawakeries vocales qui font vraiment penser à Gotainer au début d’« Entropie Maximum », pas grand-chose à voir entre les 14 titres d’Hypercut et les allers-retours de Chipie-Reviens-Va-t-en. Quoique les deux univers aient en commun une approche souvent délirante, et une aptitude naturelle à provoquer la sympathie chez l'auditeur. Le monde de Hardcore Anal Hydrogen, vous le savez déjà j’espère (parce que c’est quand même la 4e fois qu’on vous cause du groupe ‘di Diou!), c’est un maelström improbable mêlant esprit Nawak/Punk et violence Electro/Grind, impression de bordel fourmillant et précision chirurgicale, blagues potaches et usage des technologies les plus avancées. C’est – pour dégrossir un peu le biniou – un savant mélange entre Melt-Banana, Igorrr, Napalm Death, Pryapisme et Strapping Young Lad au milieu duquel Gaston Lagaffe laisserait échapper des « M’enfin! » exaspérés en poursuivant sa mouette rieuse. C’est l’équivalent musical des univers réunis des frères Wachowski et des Monty Python, dont l’écoute permet de croiser tantôt un break Jazz loungy, tantôt des canards échappés de la collection d’Ultra Vomit, tantôt une quasi B.O. synthetico-symphonique (« Philip »), tantôt des Polopop à gomina dignes des Forbans (« La Roche et le Rouleau »). C’est brillant, survolté, surprenant et attachant. C'est le rêve humide devenu réalité du fan de Metal novateur qui espère un peu plus que la sempiternelle soupe à la bière tiède.
Mais livrons encore quelques bribes d’impressions supplémentaires en affirmant que « Jean-Pierre » est un chef d’œuvre qui se termine sur un apogée Dubstep’n’Djent ambiant confinant à l’état de grâce. Rappelons encore que le fan de The Talas of Satan pourra retrouver un peu de ces délicieuses saveurs indigènes à la fin de « Charme Oriental ». Ajoutons que « Sproutch » perpétue avec brio l’exercice du brulot éjaculatoire (31 secondes au compteur, pas plus) commencé sur les albums précédents via « KRR », « Rah! » et « DoWhatTheFuckYouWant ». Et terminons en évoquant « Blue Cuts » qui propose une prestation de piano anesthésiant découpée et recomposée approximativement pour optimiser la production de géniaux frissons de frustration… Sûr que Gautier Serre aurait aimé nous caresser à rebrousse-poil de pareille façon!
Hypercut, c’est donc un pas de plus en direction de la création de l’œuvre WhatTheFuck métallique ultime. Et bordel on est salement proche du but! Si vous aimez vous faire secouer la pulpe jusqu’à ce que vous ayez le zest en orbite, le tout en ayant l’impression de devenir plus intelligent et en musclant vos zygomatiques, ne cherchez pas plus loin comment finir en beauté le premier trimestre 2018!
La chronique, version courte: depuis toujours, avec Hardcore Anal Hydrogen, ça fulmine, ça cavale, ça nawakise, ça en colle partout. Quelque-part entre Melt-Banana, Igorrr, Napalm Death, Pryapisme et Strapping Young Lad, ce 4e épisode avance encore un cran plus loin dans la logique suivie par le groupe depuis ses tout débuts, le niveau d’excellence et d’écriture se payant le luxe d’être cette fois encore rehaussé d’un bon cran. COIN!
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