808 Haze Machine - Proof Of Concept

Chronique CD album (21:43)

chronique 808 Haze Machine - Proof Of Concept

 

« … ils mélangent des éléments du Metal extrême et du Hip-hop… »

« La guitare et la basse puisent dans le son HM-2… »

 

Les infos ci-dessus sont extraites de la carte de visite que CoreAndCo a reçue à l’occasion de la sortie de Proof of Concept, le premier EP de 808 Haze Machine. Vous imaginez bien qu’à l’évocation d’une improbable Fusion Swedeath / Rap, le lapin ne se sentit plus de joie. Et pour montrer sa belle voix, il ouvrit un large bec, et laissa tomber : « Pas touche la team : ce promo est à moiiiiiiiiii ! ».

 

Sauf que le pourquoi du nom du groupe est très vite devenu évident :

Du Rap ? ➔ Error 404 Not Found

De la HM-2 ? ➔ Error 404 Not Found

Et Bam, une bête addition là-dessus, et cette double déconvenue nous donne 808 Not Found Machine…

 

Alors oui, je sais : les riffs grumeleux et les growls balancés pendant la vingtaine de minutes que dure ce P.O.C. sont badigeonnés sur un épais tapis de beats chaloupés émis par une BAR semblant programmée par Erwan, mon petit neveu. Mais très sincèrement, si en faisant un effort de recul on réalise qu’effectivement la rythmique descend bien en ligne droite du monde du Rap cheap, quand on se retrouve exposé à la musique de 808 Haze Machine sans personne pour nous expliquer que ceci et nous montrer que cela, on n’entend rien d’autre qu’un Death synthétique ruiné par une rythmique en carton. Alors c'est vrai, pour compenser ce côté froid et programmé – qui sonne plus Indus du pauvre que Beastie Boys –, les guitares injectent régulièrement un groove lent et pachydermique évoquant un Six Feet Under indolent. Mais c'est loin de suffire à transformer ce Big Mac en chiffonade de Bellota.

 

On espérait la rencontre de Body Count et Entombed, et on se retrouve avec un Nailbomb anémique dans lequel les dreads appartiennent à Chris Barnes et la charpente rythmique est sponsorisée par Playskool… Vous la comprenez la frustration ? Vous la sentez l’envie de démembrer des bébés pandas à mains nues ?

 

Après, oui, quand on a réussi à retrouver son sang-froid et à accepter la BAR comme le bras armé de Benny B au pays du Grand Méchant Growl, on arrive à limiter les remontées acides. Et on réalise à quel point les Allemands se font plaisir, sans se soucier du jugement du métalleux grognon moyen. Un peu de piano décalé sur « Scourge », une douce berceuse à chant féminin pour clore l’aventure (cf. l’intégralité de « Hush, Hush ») : les deux gaillards derrière ce projet n’essaient vraiment pas de nous caresser dans le sens du poil. Pour autant, ils réussissent à livrer un EP assez personnel, qui laisse au final sur quelques agréables sensations. Et l'on se prend à apprécier « Corporate Druglords », qui réussit à décoller du Death Synthétique 2D pour poser un véritable décor, et qui par moments manifeste une réelle profondeur. Et puis on se surprend à trouver un petit côté Fear Factory pas dégueu à « Metascene », morceau qui se décide enfin à lâcher un flow plus franchement typé Rap, en chant clair cette fois.

 

Mais même si la douche froide initiale s’avère au final plus chaude que prévue, Proof of Concept ne devient jamais non plus ce bain moussant dans lequel on pourrait se prélasser pendant des heures si la baignoire était moins craignos. Car bien que son utilisation soit entièrement assumée, cette BAR est vraiment trop difficile à digérer. Du coup pas sûr que ce P.O.C. donne à beaucoup l’envie de donner le GO qui permettrait de passer d’une expérience de R&D musicale à une véritable production industrielle. Mais tentez donc vous-même l'aventure sur Bandcamp, ou sur votre Deezer préféré : vos atomes seront peut-être plus crochus que les miens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: c’est plein d’espoirs fous que l’on s’était précipité sur Proof of Concept, premier EP que 808 Haze Machine nous avait vendu comme un mélange Swedeath / Hip-hop. Mais en fait de la rencontre Ice T / Entombed tant attendue, cet EP nous propose du Six Feet Under mou et synthétique tartinant son groove sur une BAR aussi fine qu’une Jackie Sardou lézardant sur une plage naturiste du Cap d’Agde. Alors oui, les deux gaillards derrière ce projet manifestent une liberté artistique qui fait plaisir à entendre, mais on ne les supportera vraiment à 100% que quand le résultat sera plus probant.

 

photo de Cglaume
le 09/02/2022

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