Abysmal Dawn - Nightmare Frontier

Quand le patron, il a demandé "Qui qui n’en veut du prochain Abysm...", je ne lui ai pas laissé terminer sa phrase, j’ai dit "moi! moi! là, au fond, oui, moi là". Je luttais désespérément contre…euh bah contre personne en fait. Et pourtant, l'évènement me semblait de taille, deux ans après un Phylogenesis qui ne m’avait pas tout à fait retourné la tronche, Abysmal Dawn était de retour…enfin!...Enfin, on va bien voir.

Bon, j’ouvre le kit-press. Qu’est ce que c’est que ce délire? Le texte qu'on y lit nous explique la genèse de Phylogenesis, avant de balancer le track listing de Nightmare Frontier et ses crédits. Amateurisme/20. Ca commence bien. Mais bon, les turpitudes du chroniqueur dépité par le plat de coquilles qu’on lui sert ne vous intéressent guère. Regardons donc le track listing…Qu’est ce que c’est que cette blague? 4 titres? Ventre saint-gris, l'arnaque!…Ah pis, attends, il y a deux covers dans le tas. Inspiration/20. En plus, deux covers de deux groupes (In Flames, Candlemass) que je n’affectionne pas spécialement bien que je reconnaisse aisément tous les honneurs qu’on leur donne mais le death mélo, c’est pas ma tasse de thé et le doom de daron, c’est pas non plus le lait que je mets dedans pis de toute façon, j'bois pas de thé au lait.

Bref, un EP en deux chapitres. Un chapitre Abysmal Dawn n’a plus de nouvelles idées, et un chapitre Abysmal Dawn n’a plus de nouvelles idées donc fait des covers. Je suis méchant...un peu...Mais objectivement, c'est un peu ce que ça sent, non? Encore, ils auraient sorti un album avec 10 morceaux donc 2 covers, je ne dis pas mais là, tu te sens un peu comme chez un boucher dystopique "y en a peu moins, je vous le mets pas quand même?". Encore, j'aurais eu une explication, un contexte, un petit story-telling dans le kit press, je ne dis pas mais là tu te sens un peu comme avec Philippe Lucas qui t'explique un truc "oui bon bah voilà, c'est comme ça, et pis c'est tout".
Notez bien que ne pas avoir d’idées neuves, cela ne signifie pas avoir de mauvaises idées. Preuve en est avec "A nightmare Slain" et "Blacken The Sky", de purs morceaux de ce death à la fois old-school dans l’approche mais très moderne dans le son comme Abysmal Dawn sait, tellement bien, en faire. Dialogue de guitares rythmiques, mid-tempo bien lourds, dynamique parfaitement gérée pour relancer la machine de temps en temps, batterie lourdissime qu’elle soit lente ou rapide, et chant growlé à la linéarité sans failles. Plus efficaces que les morceaux de Phylogenesis, on retrouve ici avec un plaisir brutal l’Abysmal Dawn des débuts porté par un Charles Elliot toujours extrêmement en forme malgré les années qui passent. Mais bon, pour l'évolution et un peu de nouveautés, on repassera.

En plus, ce voyage dans le temps est de courte durée, car comme disait Harry: "Vient le temps des covers". Et là, on est vraiment dans la reprise pur jus, pas une réinterprétation à la “mode de”, plus risquée, non non, tout pareil. Il est cependant plaisant de redécouvrir "Behind Space" avec un son beaucoup plus qualitatif que l’original et une puissance toute nouvelle qui lui manquait cruellement à mon son. Abysmal Dawn a eu l’excellente idée d’écourter ce morceaux de son outro acoustique, tant mieux j’ai bien assez de cd d’Opeth à la maison (j’en ai 1, c’est dire). Quand à "Bewtiched", à part le fait d’entendre Elliot chanter avec une voix de crooner, de façon plutôt crédible du reste, je ne vois pas pléthores de choses à en dire. Les deux sont très fidèles aux originales et leur rendent en tout cas vraiment honneur.

Le mixage du tout, effectué par Elliot dans son studio (Tastemaker Audio) est très moderne sans être fatiguant, agréable mais parfois un peu inégal côté compression donnant une impression de son fluctuant bizarrement.

Abysmal Dawn serait-il en train de suivre la destinée indiquée dans son patronyme? Espérons que non, mais Nightmare Frontier ne sera donc pas le retour fringuant de ceux que l’on aurait pu élire, il y a encore quelques années, au rang de dignes représentants de la scène death dans son sens le plus originel. Même si les deux morceaux originaux nous rappellent plus Programmed to Consume que Phylogenesis, c’est un bien maigre repas pour l’affamé que je suis.

On aime bien: deux morceaux originaux très bons...

On aime moins: ...mais pas très nouveaux, un EP bien léger…

8oris

le 04/02/2022