Acyl - Aftermath

Chronique CD album (47:26)

chronique Acyl - Aftermath

“Metal oriental”, je sais, c'est nul comme étiquette. D'autant que ce n'est pas à l'est, mais au soleil du sud – de l'Algérie pour être exact – que les Parisiens d'Acyl ont fait bronzer leur musique. Mais comme “Ethnic Metal” me botte encore moins, et que l'on n'ose pas trop écrire “Metal arabe” – et pour de bonnes raisons du coup, puisqu'il semble qu'il y ait beaucoup de culture berbère dans le bagage du groupe – on se conformera à l'usage en cours depuis la sortie du Sahara d'Orphaned Land, et on se rabattra sur “oriental” pour décrire le Metal ici pratiqué. N'empêche, c'est bel et bien l'harissa et le miel que sentent les 10 titres de ce deuxième album, et non le riz, le curry ou l'un quelconque de ces aliments consommés avec d'autant plus de fréquence que l'on s'éloigne d'Athènes en direction du berceau de l'astre solaire.

 

Cette (inutile?) parenthèse d'“étiquetalogie” étant à présent refermée, venons-en au vif du sujet. “Alors, bordel: ils confirment l'exceptionnel potentiel montré sur Algebra ou non, les loustics?”... Mais carrément, Clément! Et si aux toutes premières écoutes on a un peu l'impression que le groupe applique à nouveau exactement les mêmes recettes (mélange d'instruments tradi' et de grosses plâtrées de Modern Death, chœurs épicés et clap-clap enjoués...), on se rend vite compte que c'est là la marque d'une personnalité forte et non d'une tiède resucée, et que les nouvelles compos sont tout autant, si ce n'est plus marquantes encore que celles de l'opus précédent.

 

Bref, gros carton à l'horizon, et euphorie dans le caleçon!

 

Bon alors c'est sûr, vu que stylistiquement le groupe reste fermement campé sur les bases posées par Algebra, et qu'à l'époque mon seul petit regret était que la composante Metal soit représentée par ce Modern Death tortueux à growl peu profond plutôt que par un Death à grosses balloches et gorge caverneuse, de ce point de vue point d'embellie. On ajoutera qu'au chapitre des réclamations il faut encore mentionner que de trop nombreuses compos démarrent de manière similaire, sur un fade in d'éléments purement tradi et fortement rythmiques... C'est tout particulièrement vrai sur le trio de tête “Numidia” / “Mercurial” / “Gibraltar”, mais cela continue encore par la suite par deux fois. M'enfin arrêtons-là ces ronchonneries aussi superficielles que déplacées, et puisqu'ici il est plutôt question de regarder la lune, cessons de regarder le doigt et l'ongle crasseux du sage qui nous la montre.

 

Parce que cette fois encore, Acyl nous emmène visiter un monde ensoleillé et métissé dans des proportions idéales, où le soleil chauffe sans brûler, où aucun élément ne prend le pas sur l'autre pour déséquilibrer l'œuvre, où les litanies festives réchauffent les froides saccades syncopées, où la lourde artillerie du Metal décuple l'impact de puissants assauts percussifs, et où un groove proprement Trepaliumesque se marie à merveille au chaloupé méridional. Et si sur certaines parties où mélancolie et optimisme participent à un subtile mélange du chaud et du froid, il arrive encore que l'on pense à l'incontournable Orphaned Land, la plupart du temps Acyl ne sonne plus comme personne d'autre que lui-même. S'il est difficile de véritablement désigner tel ou tel morceau comme étant des représentants plus particulièrement remarquables de la tracklist, on remarquera que les youyous et la profondeur émotionnelle de la partie centrale de “Gibraltar” nous marquent tout particulièrement, tout comme le groove indolent et la touche subtilement Stoner de “Finga”, ainsi que l'entrain et l'enthousiasme de “Mercurial”.

 

Ah? La face A d'Aftermath serait-elle donc suffisante à ton bonheur?

 

Quelle hâtive conclusion, fiston! Outre le fait que chacun des morceaux de la “face B” a ses atouts et charmes propres (qu'on va cesser de lister, sous peine de lasser), se cantonner à la proue du navire Aftermath vous ferait louper la plus fabuleuse des fins d'album de 2016. Car l'enchaînement “Equanimity” (Tiens? Clin d'œil au dernier Pitbulls in The Nursery?) / “Pridea”, c'est de l'or en barre les copains! Le premier de ces 2 titres commence par instaurer une atmosphère de recueillement zen à base de mélopée apaisante et de trilles d'un flutiau qu'on croirait sorti du Ghost de Devin Townsend... On y fait table rase de tout ce qui pouvait nous rester sur le cœur, entraver notre quête d'absolu. Puis “Pridea” nous ouvre un sentier lumineux où l'on progresse entre caresses acoustiques rythmées et chœurs bienveillants vers un état de sérénité enivrant qu'on pensait initialement ne pouvoir être provoqué que par le chauve génie canadien cité deux phrases plus haut.

 

La vache, ça ne serait pas de la chair de poule qui nous transforme les avant-bras en pile électrique?

 

Attristé par l'irrémédiable déclin amorcé sur le 3e album d'Arkan, inquiet du sort d'Orphaned Land qui va avoir fort à faire sans Yossi Sassi, on attendait avec un peu d'appréhension ce 2e album d'Acyl. Et le moins que l'on puisse dire c'est que s'il pouvait jusqu'ici lui manquer une marche ou deux pour espérer atteindre le trône du “Metal oriental” (... on conserve donc l'A.O.C. discutée dans le premier paragraphe), Aftermath l'y propulse directement, couronne sur la tête et sceptre à la main, sans que personne ne puisse avoir quelque-chose à y redire... Longue vie à Acyl!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: En 2012, Algebra – premier album d'Acyl – nous mettait une claque monumentale et introduisait un nouveau membre de poids dans le club fermé des cadors du “Metal oriental”. Quatre ans plus tard, Aftermath frappe au moins aussi fort et confirme que le mélange des mélopées et rythmes sud-méditerranéens avec la pilosité du Metal a encore de beaux jours devant lui! Et pan dans la gueule des hérauts du choc des cultures et autres kamikazes semeurs de zizanie!

photo de Cglaume
le 09/06/2016

3 COMMENTAIRES

mcmetal

mcmetal le 09/06/2016 à 11:05:10

9/10 ,un chef d 'oeuvre du genre , j aime bien moi les intros traditionnelles , et ravi que le coté folk soit plus présent , il tourne en boucle depuis 1 mois

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 09/06/2016 à 13:28:40

Ouh ben si après tout ça je ne jette pas mes deux oreilles dessus...

pidji

pidji le 10/06/2016 à 09:44:44

Après une première écoute, faut avouer qu'il est très intéressant ce disque.

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