Angelic Desolation - Orchestrionic Abortion
Chronique CD album (30:41)

- Style
Brutal Death tech'y & grindy - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
31 mars 2023 - Lieu d'enregistrement Hahn Audio
- écouter via bandcamp
« Je ne sais pas ce qu’ils trafiquent, mais la pochette surbute : j’achète ! », épisode #1
S’il fallait voter pour la raison la plus débile d’acquérir un album, le bulletin « Parce que l'artwork est grave classe » se retrouverait par pleines brouettes dans l’urne. Alors il est vrai que cette démarche m’a permis, il y a bien longtemps, de découvrir le superbe Stop The Madness des Spudmonsters. Et qu’en cette même époque de l’adolescence insouciante, cette attirance pour les choses joliment emballées m’a également ouvert les portes du Biergarten de Tankard. M’enfin vous serez sans doute d’accord là-dessus : si l’œil commence à imposer le menu aux oreilles, on va vite se retrouver avec de la RnB de bomba latina dans les écouteurs. Ou avec la K-Pop des Blackpink. Et c’est comme ça, pas à pas, qu’on parcourt à reculons des millénaires d'optimisation darwinienne, pour finir en regardant Hanouna sous l’œil bienveillant d’un poster dédicacé par Eric Ciotti.
J’en ai des frissons rien qu’à y penser...
Pourtant, ces derniers temps, je suis tombé à nouveau dans ce peu glorieux travers. À cause de Bonginator, In Demoni, Holycide (on reparlera de ces trois loustics) … Et d’Angelic Desolation, donc. Pourquoi ?
1) Parce que cette pochette, aussi grotesquement poilante qu’outrancièrement verdâtre
2) Parce que des titres suintant le Fun pas fin avec des morceaux grassouillets de Mouâââ-ha-ha dans la sauce (cf. « Paco's Satanic Taco Truck » et « Brutus McMucus »)
3) Et puis parce que, quand même, lors de la première écoute en diagonale : « Ouh la belle giflette ! C’est grognon, canon, polisson, ça te refait le menton au brise-béton ! ».
… La chair oculaire est faible : ô Seigneur, pardonne à tes brebis égarées !
Mais revenons à nos lardons. Angelic Desolation est un quarteron de poilus issus de Denver (… et Contre-Tout, mais je situe moins bien ce dernier sur la carte). L’Orchestrionic Abortion qui nous cligne aujourd’hui de l’œil marque la presque majorité de la formation, après 17 ans à touiller une mixture extrême (qu’eux-mêmes qualifient d’« American Razorgrind ») au sein de 4 EP et – dorénavant – 2 albums.
« De quoi ça s’agit-il donc ? »
De Death assez franchement brutal (Brüü Brüü par-ci, Gruïk Gruïk par-là, et BeuÂaÂrh au milieu). De Grind un peu aussi, par moments (Tiens : au début de « Shake The Baby »). Ainsi que – quand ces Messieurs décident de ne plus se limiter aux mosheries slimesques – de belles effusions Tech-, les riffs faisant rarement dans le service minimum, tout comme les structures des morceaux qui s’entortillonnent bien loin des habituelles embrassades Couplets/Refrains. Les zigs citent Aborted, Revocation ou encore Cryptopsy parmi leurs « muses », ce qui pose assez fidèlement le décor. On entend également Deicide en début d’album (notamment sur « Brutus McMucus »), ainsi que Canniboule de temps à autres – bref, que des oubliés de la liste des convives invitées à se goinfrer de Ferrero aux réceptions de l’ambassadeur.
Ces 8 titres – dont « Forced Gender Reassignment », une reprise de Cattle Decapitation, en guise de voiture-balais – titillent la curiosité, maintiennent l’attention, graissent les cervicales… En revanche elles glissent souvent dans cette zone obscure où sont reléguées les compos joyeusement immédiates, mais à espérance de vie réduite. On ne boude pas son plaisir en écoutant « Paco’s Satanic Taco Truck », « Brutus McMucus » et leurs pairs. Sauf que si la nuque oscille pour marquer l'assentiment, le cerveau quant à lui ne prend pas vraiment le temps de sortir du mode veille pour valider ces pourtant sympathiques coulées huileuses aux multiples reflets. Ce froid organe, qui aime rentrer en profondeur dans les sujets (on parle de l'amas de neurones intracrânien, donc), trouve en effet qu’Angelic Desolation propose plus un Death Metal à consommer sur place qu’une musique à emporter, l’auditeur n'ayant plus guère que quelques miettes à ruminer quand il se retrouve enfin chez lui, peu de temps après avoir ingurgité la chose.
Pour être à la hauteur de cette pochette, il aurait fallu que la zic laisse des traces un poil plus profondes. En l’état, « c’est pas si pire ». C’est même « carrément pas trop mal »… Mais ça n’est pas non plus la 8e Merveille du Monstre. En conséquence une moue on arbore (… vous auriez préféré une perle ? Bande de kamikazes !).
Mais de nos états d'âme, Angelic Desolation se fout : il n'est pas ici pour discuter petits fours et verveine-citron. C’était catch et lancer de nains, pas fleuret et danse classique, qu’il avait coché sur le formulaire d’inscription à la journée omnisports. Alors vous pouvez bien pondre des chroniques tiédasses, ça ne l’empêchera nullement de secouer des bébés jusqu’à ce que morve s'en suive (cf. « Shake The Baby »), ni de supporter Pterrordactyl Man – qui a battu Archæoptéryx Boy 15-3 au dernier championnat inter-comtés de quidditch... Ni d’en faire des « chansons ».
La chronique, version courte : pour le dire simplement, la pochette d’Orchestrionic Abortion est plus marquante que la musique qu’elle emballe. Pourtant ne vous méprenez pas : ce Death grumeleux, parfois grindy – qui montre clairement, entre deux giclées de slime brûlant, qu’il y a des riffeurs d’élite aux commandes – est éminemment sympathique, méchamment efficace, et loin des tièdes standards du Death-qui-blaste-en-rond. Néanmoins ce 2e album d’Angelic Desolation s'avère un peu trop patchworkesque, ce qui impacte sa durée de vie, aussi courte finalement que la carrière d'un ministre macroniste…
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