Angerot - The Divine Apostate
Chronique CD album (36:10)

- Style
Death metal / Life after Swedeath - Label(s)
Redefining Darkness Records - Date de sortie
3 mars 2020 - Lieu d'enregistrement Underground Sound Studio
- écouter via bandcamp
« Pour sortir du Swedeath, c’est par où? »
« Par le Death’n’Roll » répond Entombed.
« Par le Black Metal » répond Darkthrone (allez donc jeter une oreille à Soulside Journey si vous ne me croyez pas).
« Par l’avant-gardisme » répond Comecon.
« Par le Death grandiloquent » répond Angerot.
On peut raisonnablement imaginer que la formation américaine n’aurait pas formulé la chose ainsi. Trop peu vendeur. Et pourtant une chro’ lapidaire à l’extrême de son dernier album pourrait se résumer aux première et cinquième phrases de ce papier. Parce que sur The Splendid Iniquity, son précédent méfait, c’était la fête à la saucisse HM-2, avec un mix au Sunlight Studio de Tomas Skogsberg et un featuring de Lars-Goran Petrov, histoire de bien mettre les points sur les i à la pilonneuse. Et parce que sur The Divine Apostate, le petit dernier, ça balance des chœurs féminins, ça joue au nobliau énervé façon David Vincent (Morbid Angel), ça tente l’esbroufe et la menace fastueuse telle la grenouille voulant se faire aussi grosse que Septicflesh ou Nile. Avec ce coup-ci Snowy Shaw (Notre Dame, King Diamond…) et Terrance Hobbs (Suffocation) sur la liste des invités.
Pour faire court, The Divine Apostate c’est donc un mélange du Morbid Angel période Covenant / Domination et de tous ces groupes qui jouent les équilibristes entre emphase majestueuse et prétention boursouflée (cf. les 2 références citées dans le paragraphe précédent plus Behemoth, Therion et Compagnie – ah non merde ça c’est pas un groupe), le tout disposé sur un tapis plus ou moins épais – selon le morceau – de guitare basaltique. On ajoutera à cela quelques vocaux au fiel beumeuh, par moments. On insistera aussi sur la profondeur aristocratique du growl de Chad Petit. On n’oubliera pas quelques bonnes interventions lead des guitares. Et cela suffit à dresser un tableau assez fidèle de ce que propose le groupe.
Mais pour de ne pas rester uniquement à 1000 pieds d’altitude, évoquons quelques-uns des recoins de l’œuvre. Ou plutôt un en particulier: « Coalesced With Wickedness », morceau qui ressort de l’album comme un abricot sur un tas de figues. Démarré sur la courte complainte de cuivres flippants, ce titre traîne sa morgue sur une trame lancinante très (trop?) proche du « Where The Slime Lives » de la bande à Trey ZazagSauce. Puis, après une première minute pas vraiment différenciante, la caravane se met vraiment en branle: plus mélodique, plus habité, presque décalé par rapport au reste de la tracklist (les interventions aiguës caractéristiques de Mr Shaw n’y sont pas pour rien), ce titre s’impose comme LE morceau de choix de l’opus. Le contraste n’en est que plus brutal avec ses successeurs, celui-ci se voyant prolongé par l’interlude câlin-avec-ma-succube « Each Night As You Sleep, I Destroy » – mouais, sans plus –, puis par « Counsel of the Ungodly » lors duquel le groupe piétine des deux pieds dans le malaise et peine à nous faire pointer Popaul vers le ciel.
A y regarder de plus près, la description objective de The Divine Apostate (i.e. "un mélange de Swedeath et de Death ambitieux & racé") est plutôt flatteuse. Pourtant vous remarquez que le ton de la chronique ne reste pas cantonné au registre « trémolos admiratifs & soupirs conquis ». Car si mélange de styles il y a, il n’en ressort nul métissage transcendant ni voie stylistique nouvelle. Et la comparaison de ces morceaux avec les références qui les ont inspirés se fait au détriment des premiers. Ce qui fait que, bien que ce 2e album d’Angerot soit tout à fait respectable, on ne lui accordera qu’un accueil poli – appréciateur, mais pas dithyrambique.
La chronique, version courte: sur The Divine Apostate, Angerot enlève l’un des ses petons du marais Swedeath pour le poser dans le sombre et fastueux château de l’Ange Morbide, en ne lésinant pas sur les grands effets de manche pour impressionner les gueux. Ce grand écart (qui n’a pas non plus de quoi tuer les adducteurs) se fait sans faux pas, ni coup de génie.
1 COMMENTAIRE
Crom-Cruach le 07/05/2020 à 22:36:55
Efficace mais un poil pompeux
AJOUTER UN COMMENTAIRE