Bloodbath - The Fathomless Mastery

Chronique CD album (41:41)

chronique Bloodbath - The Fathomless Mastery

« The Fathomless Mastery est le 3e album de Bloodbath, celui de la maturité et de la consécration »

 

Ouais, c’est ça: et ce début de chronique est tout pourri et bardé de formules bidons, clichesques et toutes moisies. D’autant que la consécration, c’est dès Breeding Death qu’elle s’est manifesté pour notre all-star band suédois, Resurrection Through Carnage et Nightmares Made Flesh n’étant que d’heureuses confirmations. Quant à la maturité – bien que le début de la discographie bloodbathienne ne soit qu’un gros trip régressif permettant à nos zigotos de s’éclater comme des mômes à la Foire du Trône –, on peut dire sans trop se tromper qu’elle aussi était au rendez-vous dès les balbutiements de la formation, le line-up réunissant quand même entre autres Anders "Blakkheim" Nyström, Mikael Åkerfeldt ou encore Martin Axenrot, sans compter que Dan Swanö (parti car son approche moins brutale ne correspondait plus à l’orientation du groupe) et Peter Tägtgren (ayant un agenda décidément trop chargé) figurent dans la liste des ex-membres.

 

Alors, si ce n’est l’album de la maturité et de la consécration, c'est-quoi-donc (pardon: C koidonk en SMS) la 3e sortie d’un side project de luxe qui dure ainsi dans le temps? Eh bien dans le cas de The Fathomless Mastery, c’est l’album du « On s’en branle, on fait ce qu’on veut » (en fait on durcit le ton et on abandonne quasi-définitivement le classicisme baveusement Stockholmien des débuts) ainsi que celui du « On s’est pas vraiment foulé, mais on vous a quand même pondu de la bonne came », ces vieux renards n’étant pas dans Bloodbath pour se prendre la tête, mais juste pour faire du très bon neuf avec du très classiquement vieux.

 

Ce 3e opus voit donc le Bain de Sang abandonner l’épais magma bourbeux de la chapelle Sunlight pour continuer encore plus franchement que sur Nightmares Made Flesh dans la voie d’un death metal collégial, piochant autant – si ce n’est plus – de l’autre côté de l’Atlantique que dans les contrées du nord de l’Europe. Ainsi, quand le groupe se la joue brutal et evil, qu’il blaste et fronce les sourcils, on pense à du Vital Remains mélangé à du vieil Hypocrisy bien vénère. Quand il ralentit et fait les gros yeux – tiens, comme sur « Mock The Cross » – on pense aux dissonances traînantes du « God of Emptiness » de Morbid Angel. Et si vous y allez d’un « bon, ils restent dans l'old school au moins! », les suédois vous rappellent qu’ils sont quand même issus de la patrie de Meshuggah le temps d’un « Iesous » qui joue (un peu) de la syncope, des saccades et des rythmiques élastiques. Pour autant ça ne les empêche pas de placer régulièrement en arrière-plan des leads mélodico-épiques qui enjolivent le propos, un peu à la manière d’un Edge Of Sanity... Ni de retomber dans le swedo-rétro jouissif le temps d’un « Wretched Human Mirror » qui voit nos vikings zombies manier à nouveau le marteau de guerre avec efficacité et vélocité.

 

En fait, ce qui me pousse à qualifier nos lascars de vieux grigous, c’est que ces docteurs es-death metal old school nous connaissent sur le bout des doigts, et qu'ils en profitent pour nous bricoler une pseudo-Rolls à partir d’une antique Coccinelle rafistolée avec talent et de vieilles ficelles largement éprouvées. La recette est simple: démarrer sur du gros matos bien violent qui ramone direct’ les bronches, balancer au moins 1 ou 2 riffs et / ou passages jouissifs – voire carrément inspirés – par morceau, même les moins exceptionnels (« Mock The Cross » a son attaque aérienne en piquée à 1:25, « Earthrot » décolle du bourrinage de base sur une merveilleuse lead aquatique à partir de 1:46 …) et finit en beauté, d’abord sur un « Hades Rising » plein de cette mélancolie grandiose qui rend les adieux discographiques tellement poignants, puis sur « Wretched Human Mirror », dernier clin d’œil dans le rétro qui semble dire « Mais non les gars, on n’a pas oublié d’où on vient ! ».

 

The Fathomless Mastery est donc l’album défouloir parfait calibré pile-poil pour l’amateur de death old-school-mais-néanmoins-dans-le-coup, bourrin mais néanmoins plein de mélodies et de variations juteuses… Certes, on n’est pas complètement dupes vis-à-vis du caractère spontané de ce skeud, mais on s’y plonge avec délectation sans trop de retenue. Plus futé que foncièrement exceptionnel, The Fathomless Mastery vous donnera exactement ce que vous pouviez attendre de lui (sauf si vous vouliez du Left Hand Path bis). Du gros miam pour les oreilles donc, et c’est bien là le principal!

 

 

La chronique, version courte: du death futé à racines old school, hyper calibré mais franchement jouissif, concoctés par de vieux renards talentueux.

photo de Cglaume
le 05/09/2011

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