Boom Dox - Dead Nation
Chronique CD album (26:18)

- Style
Fusion Rap Metal - Label(s)
Rock Of Angels Records - Date de sortie
11 juin 2021 - écouter via bandcamp
Woop-Woop, that’s the sound of da carbon copy.
Woop-Woop, that’s the sound of B.C. !
« Assassin de la police », ça vous dit quelque-chose ? Vous savez peut-être – notamment parce qu'on en a reparlé à l'époque de la sortie de Bloodlust et du single « Black Hoodie » – que tout le mérite de cette accroche, que beaucoup connaissent via le « Police » de NTM, revient en fait à KRS-One. Eh bien avec Dead Nation, même topo : quand vous l'écoutez, il faut avoir une pensée émue pour Body Count, sans lequel ce premier album de Boom Dox n’aurait jamais vu le jour.
En même temps on reconnaîtra aux Grecs qu'ils n'essaient pas le moins du monde de nous faire avaler le contraire. Dès la pochette, BAM : « Special Guest – Vincent Price – Body Count ». Ah ça on peut dire qu’ils en sont fiers de ce featuring bon sang ! Car le bassiste de South Central intervient sur pas moins de 2 titres, « Leave No Man Behind » et « Guns Blazing » (hop, la vidéo du 2e). Et sur ce dernier c’est l’orgie logorrhéique, façon on-est-trop-dans-le-même-posse :
« Boom Dox & Body Count… »
« Vincent Price, South Central, Los Angeles, from Body Count! »
« … And we break it down B.C.-style »
« Now you know: when you make Boom Dox with Body Count, you know we’re coming out with guns blazing »
Bref : « Vas-y comment on est trop poto avec les boss from L.A. tavu ? ». Le message est passé et bien passé. Et les gros sabots d'être également lestés et bien lestés…
Il est plus qu’évident que les Grecs ont été biberonnés aux albums d’Ernie C et sa bande depuis tout petits. Car leurs riffs basiques t’enfoncent leurs mélodies reptiliennes dans le crâne à coup de batte de baseball, à la modeuh à la modeuh de leurs tontons ricains. Le groove est hostile, les chœurs testostéronés. Quant au flow de Mr.Sharp, il est tellement proche de celui d’Ice T que Canteloup n’y verrait que du feu. Inutile de vous dire (… alors pourquoi le fais-tu banane ?) que les « Mudafuckaz », « Biatch » et autres « Yiéééé » apportent avec régularité à ces comptines champêtres cette touche florale typique évoquant les quartiers chauds de L.A..
On cause on cause comme si de rien n'était, sauf qu'il y a un Mais. Ou un Gloups, si vous préférez. Alors passons vite sur le fait que l’on n’avait pas forcément besoin d’un clone de Body Count à une époque où celui-ci sort parmi les meilleurs albums qu’il ait jamais écrits. Non, le problème tient plutôt dans le fait que Boom Dox pratique son art avec un premier degré particulièrement crasse. À un point tel qu’on finit par se demander – lors des premières écoutes surtout – s’il ne s’agirait pas là d’une bonne vieille Ultra Vomiterie hellène. Tiens, exercice pratique : imaginez ce qu’aurait pu donner une parodie made in Les Inconnus de l’imagerie et du son Rap Metal. « C’est Ton Des-tin » meets « C’est toi que je t’aime » ? Non : pire. Matez la vidéo de « Hit’n’Run ». Il fallait oser : un début repompé sur « Black Hoodie ». Un gratteux so 80s échappé de chez Destruction. Un bassiste à mèche qui a certainement fait du Post-Emo-Djent dans une vie pas si antérieure que cela. Un fan de Korn timide derrière son kit de batterie (… bien qu’en vrai il s’agisse plutôt d’un transfuge de Nightrage – mais je vous parle dégaine là). Et derrière le micro rien d’autre que le jumeau de Cauet, caché derrière sa capuche, ses lunettes de soleil et sa chorégraphie plus gangsta-style que le plus caillera des apprentis boulanger de Ste Marie des Myosotis. Et tout ce petit monde de se la jouer bad boys sur fond de sirènes de police et de Bang-Bang de gros calibres.
... Chan-mé frère !
Et si encore la caricature s’arrêtait là… Mais non : les bougres poussent le chonbou jusqu’au bout du relou. Tentez « Black Light » pour voir. Dès les premières secondes du couplet, ce qui heurte vos tympans – non ? si ! – mais oui : ce sont des « Laaaa-laï » lancinants, vocodés, qu’on croirait que Faudel se lance dans le Raï’n’B ! Et si vous pensiez qu’il s’agit d’un malentendu poussez-donc jusqu’au refrain. Cette fois, place à Nanowar : si les Italiens ont parmi leurs premiers « tubes » le célèbre « Metal La La La », eh bien Boom Dox s’est quant à lui mitonné un hymne à base de « Black LaLaLaLa, Bla’-La Bla’-La !!! ». Il faut l’entendre pour le croire. Et les zozos ont beau coller quelques « Bitch » pour faire bonne figure, on ne peut s’empêcher de les imaginer en tutu et affublés de perruques violettes comme les Anal Warriors of Steel transalpins. Et puisqu’on n’est pas à une faute de goût près, sachez que le refrain du morceau-titre – qui clôt l’album – est délégué à un duo de vocalistes qui ont dû lire l’intégralité du petit Linkin Park illustré…
Elle est où la caméra Mr Béliveau ?
Alors certes, c’est facile de jouer les chroniqueurs vachards avec un petit groupe plein d’enthousiasme et de naïve sincérité. Mais on ne les pulvérisera pas sous le marteau-pilon d’une note frôlant le zéro Kelvin. Car mine de rien, malgré les quelques grincements de dents évoqués plus haut, ceux-ci réussissent à nous ensorceler la caboche avec des morceaux chauffe-nuque basiques mais diablement entêtants. Le « Hit’n’Run » en question, par exemple, est aussi efficace qu’il est caricatural. « Death From Above » tire des ficelles bien connues, mais brille grâce à une guitare brillamment Thrash. « My Enemy » ne donne pas seulement envie de jouer au yoyo avec la tête, mais déborde également d’un groove qui a beaucoup à voir avec le répertoire de Rage Against The Machine. Quant à « Leave No Man Behind » il nous offre une sympathique dernière occasion de pratiquer la gangsta gorilla dance.
Alors évidemment, entre Fever 333 et la touche hyper premier degré de Boom Dox, la Fusion Rap Metal semble avoir connu des années plus fastes. Pour autant Dead Nation est de ces petits plaisirs coupables auquel on risque bien de céder, et de re-céder au fil du temps, malgré cette tentation inévitable de ricaner de ses excès plus ou moins involontaires.
La chronique, version courte: « Bien sûr que les mecs de Body Count c’est mes bro’ from da ghetto, bouffon ! Tu m’crois pas ? Mon Rap Metal c’est juste du Ultra Vomit grec à capuche ? Tu viendrais me répéter ça les yeux dans les fuckin’ yeux Biatch ? C’mon nigga, c’mon ! »
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