Comecon - Fable Frolic
Chronique CD album (55:29)

- Style
Raw Avant-garde Death/Thrash - Label(s)
Century Media - Sortie
1995 - Lieu d'enregistrement Sunlight Studios
écouter "Soft, Creamy Lather"
Vous dont la présence en ces lieux ne résulte pas uniquement d’une séance de zapping frénétique Facebooko-Googlien, vous savez que sur CoreAndCo on aime – entre autre – le bon vieux Death suédois du début des 90s, ainsi que le "Metal Savant Fou" qui tente des expériences pas claires. Et justement, il se trouve que Fable Frolic, 3e album des Suédois de Comecon, fait une synthèse assez remarquable des deux écoles. Ce qui justifie donc amplement que l'on exhume cette galette du cimetière des éléphants discographiques où elle profitait jusque-là d’une sieste prolongée.
Alors autant, parfois, l’exercice est une figure imposée un peu casse-bonbons, autant avec Comecon le paragraphe « Rappel biographique » est réellement intéressant, tant le CV du groupe ne se cantonne pas aux stéréotypes usuels. Parce que certes, ils sont suédois, ils sont de Stockholm, ils ont sorti Megatrends in Brutality (leur 1er album) dans la foulée des pierres angulaires du genre, le tout dans les inévitables Sunlight Studios… Sauf que, pour commencer, nous ne sommes en fait en présence que d’un simple duo – Pelle Ström et Rasmus Ekman, pour vous servir, à l’œuvre à un peu tous les postes à la fois. Corollaire de cet état de fait, il est à noter que le batteur n'est ici qu'un musicien virtuel, la BAR qui bat le beat et le beurre à sa place étant suffisamment convaincante pour qu’au départ on ne se méfie pas. Nos amis ont d’ailleurs poussé le vice jusqu’à faire figurer sur les photos officielles un musicien « factice » doté d'une identité totalement imaginaire. Ah les fourbes! Et pour compléter le tableau, le bain de bouche à l’acide n’étant manifestement pas leur spécialité, les pères Pelle et Rasmus (‘y avait sûrement moyen de faire un chouette jeu de mots, mais je vous laisse le dénicher) ont pris le pli de demander à un chanteur de session à chaque fois différent de venir faire ses gammes sur leurs compositions. Ainsi après Lars Goran Petrov (Entombed) et Martin Van Drunen (Pestilence, Asphyx), sur Fable Frolic c’est au tour de Marc Grewe (Morgoth) de venir malmener le co-micro-n... Eh ouais, les gugusses n'ont confié leur progéniture discographique qu’à la crème des glaviots européens!
M'enfin si l’on devine bien à travers ces quelques infos qu’en effet, il pourrait bien y avoir du Swedeath là-dessous, les quelques particularités ci-avant décrites ne suffisent pas à mettre en évidence le caractère quelque peu expérimental de la chose. Sauf que démarrer « Soft, Creamy Lather » (… Plaît-il?), le 1er morceau de l’album, par des polyphonies batraciennes, ça met salement la puce à l’oreille. Et effectivement, sur toute la durée de ces 13 titres, par touches légères mais régulières, le groupe balance des plans improbables, des écarts pas franchement habituels pour la scène de l’époque. D’où ces breaks de guitare acoustique disséminés sur pas loin de 5 morceaux (‘faut dire que ça avait déjà fait son petit effet sur « Community », au sein de l’album précédent). D’où ce trip SF brumeux finissant « Sunday Stroll » – qui peut rappeler de loin le Spheres de Pestilence. D’où les 10 minutes noisy ambiantes minimalistes (… et chiantes!) du morceau bonus final. Et d’où ces nombreux titres mélangeant une démarche à la Voivod (« Ways of Wisdom (Serves Two) », « Propelling Scythes », « Canvas of History ») à des accès tortueux de Techno-Thrash saccadé s'aventurant parfois aux limites des terres du roi Meshuggah (sur « Anaconda Charms Grass Snake » par exemple). De tout cela émane in fine une inévitable touche « Metal d’Avant-Garde »… Sans toutefois, heureusement, se vautrer dans la boboïtude pénible parfois associée à celui-ci.
Et pourtant, bien que déjà plutôt fournie, cette description élude encore beaucoup d’éléments. Parce que, pour commencer, il ne faut pas s’attendre ici à du pur Swedeath classiquement bourbeux. Bien que produit par l’éternel Tomas Skogsberg, épaulé pour l'occasion par Fred Estby (Dismember) – et, conséquemment, muni d’un son de guitare aux chaussettes bien plombées – le Metal de Comecon fait plus Death/Thrash que purement Death, les fréquents apartés et les vocaux plus éraillés que grumeleux de Marc jouant pour beaucoup dans cette impression. De plus le grain de l’album est plus abrasif que fangeux, et les structures plus habilement tourmentées que grassement groovy. Si l’on pense quand même parfois à du bon vieux Death, à Pestilence ou aux parrains de la scène locale, le côté old-school, l’absence de contrainte et la folie douce de la chose nous font encore plus souvent penser au Morgoth période Odium, ou encore aux doux-dingues de Disharmonic Orchestra. Et là où vous pensiez commencer à vous faire une idée de la chose, le chroniqueur de vous asséner que l’album possède encore d’indéniables traces de ce côté proto-/Punk/Crust qui faisait déjà le sel des opus précédents. Ainsi, au beau milieu de ce bouillon de Metal extrême alambiqué et libéré de toute entrave, on assiste sur « How I Won The War », « Propelling Scythes » ou « The Family Album » (il est furieux celui-là!) à des poussées sauvagement basiques sentant l’urgence à plein nez. Ça vire même partiellement au Hardcore sur « Icons of Urine », c’est dire! Et puis quoi, un album de Metal conceptuel dont la grande majorité des morceaux font ente 2 à 3 minutes... 'y a un binz non?
Sauvage, old school, furieux, mais également alambiqué, osé, expérimental: Fable Frolic était sans doute un peu trop en avance sur son époque… Ça plus la fameuse B.A.R., et le fait que le groupe n’ait jamais tourné: l’opus fut donc un échec relatif, mais "logique". Un signe qui ne trompe pas: Century Media refusera de s’occuper du 4e album, que le groupe était pourtant venu lui proposer sur un plateau. Et c’est bien dommage, même s'il est vrai que tant de bizarreries et de directions simultanément suivies finissent par nuire un peu à la fluidité de la chose, ainsi qu'à la pérennité des impressions positives que l’album fait néanmoins naître en nous. Bref, amis des expériences inédites mais néanmoins musclées: Fable Frolic a largement de quoi allumer des étoiles dans vos yeux d'éternels gamins. Alors ne restez pas Com1con, et testez le bestiau!
La chronique, version courte: un album produit aux Sunlight Studios, au début des 90s, et qui mélange Death old school, Punk, Techno-Thrash, retorseries Voivodo-Meshugghiennes et expériences avant-gardistes à la Disharmonic Orchestra / Morgoth (période Odium)... ça vous titille la curiosité? En plus il y a Marc Grewe (de Morgoth aussi) au chant… Moi je dis « Ça se tente »!
3 COMMENTAIRES
Xuaterc le 17/01/2016 à 11:48:52
Tu m'as perdu à "Meshuggah", mais réhameçonné la ligne suivante
Eric D-Toorop le 17/01/2016 à 16:40:54
Suis aussi perdu, tu pars d'un charmant duo avec une boîte à rythmes, ils sont 4 sur leur photo de profil ^^
cglaume le 17/01/2016 à 17:02:49
Sur la photo, il y a le chanteur de session (Marc Grewe) et le pote-venu-juste-pour-semer-la-confusion-alors-qu'en-fait-c'est-un-BAR-sur-l'album :)
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