Critical Defiance - The Search Won't Fall...

Chronique CD album (03:48)

chronique Critical Defiance - The Search Won't Fall...

No Life Forms fait partie des toutes meilleures sorties Thrash de 2022, aux côtés du Dis Morta de Toxic, et – dans des genres plus métissés – des derniers Autonoesis, Hammers of Misfortune et Protector. Si l’année en question n’avait pas été un cru plus généreux que cela pour le genre, Critical Defiance avait su en profiter pour se faire remarquer grâce à une impétuosité, une vélocité, ainsi qu'une pandanstavieillefaceheberluée qui nous avaient botté le train avec l’hostilité experte d’un serial kicker. L’impact avait été d’autant plus fort que, en plus d’être fougueux au point d’en être frénétiques, les loustics s’étaient avérés être de fins techniciens, la présence d’un ex-Demoniac derrière le kit de batterie confirmant le fait que ceux-ci s'étaient formés à leur art en fréquentant d'autres établissements que la Punk Academy of Thrash.

 

Mais alors, quel rapport entre les multiples escaliers de la pochette de ce 3e album – que même qu’on se croirait à la fin du Nom de la Rose, ou avec David Bowie dans Labyrinth – et la féroce agression métallique à laquelle les Chiliens nous ont habitués ? Ça ne sentirait pas un petit peu le virage Tech/Prog tout ça ? D’autant que si l'on y regarde de plus près, avec l’arrivée de Nicolás Young à la guitare lead, il y a à présent deux ex-Demoniac au sein du line-up, ce qui pourrait bien faire pencher la balance du côté du cours de maths au détriment de la salle de sports….

 

Et en effet, quand on regarde la tracklist de No Life Forms, la durée moyenne d’un morceau s'y situe légèrement au-dessous de 3 minutes. Alors que « The Search Won't Fall​ », le titre d’ouverture, dure 7:40, que le suivant dépasse les 6 minutes, et que la dernière piste prend ses aises sur plus de 9 minutes et demie.

 

« Naaaoooon ? Ils sont passés en mode Mekong Delta ? Voire ils ont carrément rejoint le culte de Dream Sitar (…mais si, avec John Petrucheese-naan à la guitare) ? »

 

Mais non, voyons : la longueur ne fait pas tout – comme disent les copines bienveillantes. Car même si un quarteron de compos s’étalent en effet sur de conséquentes durées, elles n’en galopent pas moins comme des purs-sangs à travers la steppe. D’ailleurs faites le test sur le morceau-titre : OK, de temps en temps des D-beats taquins redescendent les rapports jusqu’à un régime up-mid tempo tagada-tagada qui laisse le loisir de se décapsuler une bière. Mais la majorité du temps ça fonce comme Speedy Gonzales dans la pampa, en variant néanmoins les plaisirs via de multiples riffs successifs séparés par autant de breaks fulminants. « Long Distance (The What's to Come) » est même carrément une grosse bœuterie mariant Thrash’n’Roll débridé (on pense à un Overkill furieux en début de titre) et Thrashcore fulminant à la sud-américaine, un superbe riff Black Metal colorant en outre le refrain d’une majestueuse lumière noire. Et si ça ne suffit pas à vous rassurer, sachez que le titre part carrément dans les blasts beats vers la barre des 2:30, dans un mode limite War Metal – ou, pour raison garder, dans un registre qui ne dépareillerait pas sur un album d’Impaled Nazarene. Croyez bien que ce cocktail Punk / Black / Hardcore / Thrash déboulant poignée en coin ne risque pas de dérider un fan d’Opeth !

 

D’autant que si ce chaos reste effectivement parfaitement maîtrisé (… on sent que ça assure grave derrière les instruments), le groupe ne s’en tient pas là, et, par d'autres biais, affirme bien plus fort encore son refus des normes et des chichis. « Comment donc ? », se demande mon onc'. Eh bien en posant en milieu de tracklist, tels des étrons fumants sur une couverture en satin, quelques missiles dont les manières rappellent plus les barbouzes tchétchènes du Grind que les délicats marquis du Prog. Matez donc :

- « All The Powers » dure 44 secondes et propose ce qu’on pourrait qualifier de War Thrashcore grindesque. Ou pour le dire autrement, on dirait du Nuclear Assault bodybuildé en mode survival dans la jungle vietnamienne

- du côté de « Full Paranoïa » on prend un peu plus ses aises (une bonne minute vingt-quatre secondes !), le temps de s’adonner à un Thrash/Black fulminant, blastant, dominant, et finissant par balancer un dernier crachat hyper furieux que S.O.D. aurait pu revendiquer s’il avait riffé un cran plus vite

- et c’est donc arrivé au comble de la barbarie et de la concision que le groupe décide de balancer... « Margarita », instrumental tout mignon, tout trognon, tout plein de soleil sur le balcon, sentant bon le frais et le savon

 

… Ils n’en n’ont rien à foutre qu’on vous dit ! On est au maximum de la Ballek’ Street Cred.

 

Cela n’empêche nullement les garnements de rester des êtres humains. Avec leurs faiblesses. Oui, ils jouent un Metal virtuose et véloce qui pourrait leur valoir le sobriquet de Stradivarius du Thrash si le maestro du violon avait une image plus destroy. Oui ils multiplient les solos volcaniques et les tirs de roquettes. Pour autant il faut reconnaître

1) que la prod’ qu’ils se sont mitonnée étouffe parfois certains leads – ‘y aurait eu moyen de laisser un peu plus respirer tout ça

2) que le « grand final », qui dure plus longtemps que les 4 titres avant lui réunis, et qui porte le nom du groupe – il s’agit donc d’un porte-étendard, d’une déclaration d’intention, d’un concentré bouillonnant d’identité – ne tient pas tout à fait ses promesses. Disons, en tous cas, qu'il est loin d’être le point culminant de l’album. C’est ballot…  

 

N’empêche, Critical Defiance fait partie de cette petite élite qui trône aujourd’hui tout en haut de la chaîne alimentaire du Thrash. Et ladite chaîne a plus à voir avec l'accessoire SM médiéval qu'avec la chenille initiée lors du mariage de tata Geneviève. Ça ne rigole pas, autrement dit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : The Search Won’t Fall… est un point culminant, dans la discographie de Critical Defiance comme dans la collection de tout thrashophile qui se respecte. C’est un bouillonnement incessant de riffs hyper véloces, parfaitement maîtrisés, et méchamment acérés. C’est l’alliance d’une grande maîtrise technique, d’une puissance de feu monstrueuse, et d’une sauvagerie toute sud-américaine. C’est également un formidable Fuck You adressé à tous les conformistes, les compos chiadées frôlant les 10 minutes étant tout autant mises à l'honneur que les éruptions brûlantes d’un Thrash encorifié à l’impact démultiplié par des apports Black Metal, Punk, voire Grind. C’est fort. Très fort. Plus, même, que Sirop Sport !

 

 

 

photo de Cglaume
le 22/03/2024

8 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/03/2024 à 10:51:16

J'ai lu War Metal : je vais donc écouter..

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/03/2024 à 10:51:28

J'ai lu War Metal : je vais donc écouter..

cglaume

cglaume le 22/03/2024 à 11:01:40

Ecoute uniquement « All The Powers »

Et oui, je sais, ce n’est pas du War Metal 😝

cglaume

cglaume le 22/03/2024 à 11:02:53

... et « Long Distance (The What's to Come) », donc, vers 2:30

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/03/2024 à 18:32:11

Ah ouais ! J'attendais le chant. Il est top !!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/03/2024 à 18:54:46

TUUUUUUUUUUUUUUERIIIIIIIIIIIIIIIIIE  !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 22/03/2024 à 19:36:47

Y'a même du Midnight dedans.

cglaume

cglaume le 22/03/2024 à 20:34:12

Varié, maîtrisé, carrément teigneux : ze panard !

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