Diablo Swing Orchestra - Swagger & Stroll Down The Rabbit Hole
Chronique CD album (1:00:50)

- Style
Fanfare Nawak Metal premium - Label(s)
Candlelight Records. - Date de sortie
5 novembre 2021
écouter "War Painted Valentine"
Annihilator avait envoyé Alice en enfer. Les Wachowski l’avait accoutrée d’habits noirs, de lunettes de soleil, et l’avait placée dans une succession de funestes Matrices. Avec Diablo Swing Orchestra, la mignonne mais naïve héroïne retrouve enfin le Chapelier Fou et la Reine de Cœur pour un nouveau tour à Wonder… Non : à Nawakland. D’ailleurs on se demande comment on n’y avait pas pensé plus tôt : car tout bien réfléchi, pour reprendre le flambeau de Lewis Carroll le choix des Suédois s’impose avec plus d’évidence encore que celui de Tim Burton. Car qui d’autre sait unir aussi brillamment folie douce, faune exubérante, kaléidoscope narratif et fraîcheur féminine en un force tourbillonnante que rien ni personne – pas même le départ de la chanteuse lyrique fondatrice – n’a pu arrêter au cours de ces 18 dernières années ?
Cinquième album de l’extravagant orchestre, Swagger & Stroll Down the Rabbit Hole pourrait en grande partie être décrit avec les mots utilisés à la sortie de Pacifisticuffs. Pourtant, si ce genre de constat va rarement de pair avec un enthousiasme débridé (le ton des chroniques « On prend les mêmes et on recommence » d’albums de Swedeath de 3e division est de moins en moins fébrile en ces colonnes, pourtant très conciliantes en la matière), quand Diablo Swing Orchestra réitère l’exercice de style pratiqué lors de l’épisode précédent, on a les terminaisons nerveuses qui palpitent. Et c’est parfaitement justifié, nous confirme cette nouvelle sortie. Car oui, cette fois encore la formation de Daniel Håkansson propose un opus multifacette reposant pour beaucoup sur des ambiances cabaret/fanfare pleines de cuivres, de ressorts tendus, d’orchestrations pétillantes et d’un Metal musclé mais non abrasif. Sauf qu'une fois de plus l'album ne se contente pas de son postulat de base et s’en va butiner sous d’autres cieux, Folk, EBM, Surf Rock, Electro Swing… et évidemment Mariachi. Et le résultat ne se contente pas d'être convaincant : il est carrément boulversifiant, comme disait l’autre.
Allez, attrapez donc une boîte de pop-corn : le chapitre qui suit se propose de dérouler la bande-annonce de Swagger & Stroll Down the Rabbit Hole, et les scènes d’action et les flashes de passion torride qui vont agiter vos pupilles sur les quelques lignes ci-dessous risquent fort de vous donner faim !
Ouverture plein horizon. Des colonnes d’énergie ascendante pulsent sur un vaste ciel bleu-mauve de matin triomphant. La rythmique est martiale mais apaisée, le synthé est tenu par Vangelis himself (mais si), le front est haut, le chant digne et fort, la scène sent le Hollywood des lendemains qui chantent. Grandiose, le mot est lâché. Je suppose que vous n’avez pas besoin que je vous fasse le couplet sur le successeur de cette intro majestueuse : vous devez avoir déjà croisé la route de la caravane extraordinaire « War Painted Valentine », sa basse tendue, ses échanges burlesques, son allure à la fois guerrière et nawakement gallinacée. On passe donc direct' à la 3e piste : « Celebremos Lo Inevitable » – que vous avez découvert plus tard en septembre – s’avère être une nouvelle déclinaison tarantinesque du Diablo Swing Orchestra mexicain, pleine de paysages cinématographiques, d’indolence, de sentiments exacerbés… Et forte d’un final méchamment Rock ! Premier des deux pics himalayens sur lesquels l’album culmine, « Speed Dating An Arsonist » est la réponse du groupe à l’Electro Swing de Caravan Palace, ce morceau voyant Kristin Evegård camper une néo-Betty Boop extrêmement convaincante. Quant à « Jig of the Century », plutôt que de lutter à armes égales avec son prédécesseur, celui-ci préfère jouer la carte de l’épopée Folk à la Toehider, ce qui sous-entend force chorales queeniennes, moult cœurs vaillants, ainsi qu'une allure à la fois joyeusement conquérante et légèrement médiévale évoquant un Blind Guardian en tenue de ménestrel arborant un large sourire.
Pour de l’enchaînement c’est de l’enchaînement ! Oh la belle bleue ! Oh la belle jaune ! Oh la belle rouge !
Puis la triste Skycladerie intitulée « The Sound Of An Unconditional Surrender », avec violon et ton graves de circonstance, amorce une légère redescente du niveau d’excitation nerveuse. Ce qui permet de recharger les batteries avant une formidable triplette démarrant sur « Malign Monologues », badaboumerie foraine dans la plus pure tradition, traversée par des toons à haut de forme et animée par le Jazz band survolté des Aristochats. La tracklist enchaîne alors sur une sorte de transe EBM rappelant le « So Close » des Stolen Babies : c'est ainsi que démarre « Out Came The Hummingbirds », 2e pics de l’album qui pourrait s'insérer avec le plus grand naturel dans l’univers du dernier 6:33. Et la 3e couche d'être administrée par « Snake Oil Baptism », pièce de Broadway Metal généreux empruntant parfois à Muse, parfois aux Bee Gees (quelques chœurs), parfois à une chorale Gospel constituée de petits blancs... Du travail d'experts en nawakeries premium, rien de moins !
Il faut par contre avouer que la fin des aventures est un peu moins généreuse en paillettes, même si aucun véritable faux pas n’est à déplorer. On tirera quand même notre chapeau à « Saluting The Reckoning », qui allie l’ambiance cabaret de Major Parkinson à la poussière d’un Surf Rock du désert, ainsi qu’à « Ouverture To a Ceasfire », qui ressemble un peu trop à un générique de noël signé Disney pour qu’on s’ébaubisse, mais qui fait quand même joliment le job. Alors c’est vrai qu’on aurait préféré finir sur un 3e pic olympien, histoire que l’album soit certain d'empocher l’une des 3 médailles du haut du Top 2021. Quoique le bronze soit encore à portée de main… Et quand bien même cette année serait à ce point formidable que Diablo Swing Orchestra ne puisse s’octroyer qu’une 4e place, Swagger & Stroll Down the Rabbit Hole est de ces albums enchanteurs dont la qualité impose l’achat d’un exemplaire physique. D’autant qu’il claque cet artwork, nom de nom !
La chronique, version courte: cinquième lancer de suite, cinquième strike… Peu de groupes peuvent se vanter d’un tel palmarès ! Tout aussi pétillant et inspiré que Pacifisticuffs, Swagger & Stroll Down the Rabbit Hole confirme que le choix de Kristin en remplacement d’Annlouice était une lumineuse idée, et ajoute de nouveaux incontournables au répertoire du groupe – parmi lesquels « Speed Dating An Arsonist » et son Electro-Swing trépidant, « Out Came The Hummingbirds » et ses épisodes EBM revisités par les Stolen Babies, ou encore un « War Painted Valentine » dont les sentiers de la guerre traversent une drôle de basse-cour Nawak. Inimitable, inégalé, inarrêtable, il ne manque qu’une seule chose à Diablo Swing Orchestra : des dates françaises !
6 COMMENTAIRES
Wlad le 01/11/2021 à 15:24:40
Pas mal de commentaires sur Youtube, à la suite des premiers extraits, trouvaient le son "bâclé". Qu'en penses-tu ?
cglaume le 01/11/2021 à 15:31:35
A vrai dire je juge plus facilement le fond que la forme. Mais rien ne m'a choqué dans le son de cet album.
Freaks le 02/11/2021 à 08:29:10
C'est l'abondance de la life.. Et des fois ça fait beaucoup de bien :)
Vangelis, Muse, Musique Klezmer, Sud américaine etc., Comment ne pas succomber...
Matt Gr0bzr le 02/11/2021 à 09:54:44
Quelle claque cet album !!
Je le trouve moins Metal que les précédents, mais ce n'est pas forcément un mal...
Et effectivement, j'ai entendu aussi clairement du Caravan Palace sur « Speed Dating An Arsonist », c'est flagrant !
noideaforid le 19/01/2022 à 01:05:01
Kristin Evegård a quand même un organe exceptionnel. Sinon à part ça, longue vie aux lapins!
cglaume le 19/01/2022 à 07:04:01
Support sans faille à ce mot d’ordre extrêmement pertinent :)))
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