Dream Theater - Dream Theater

Chronique CD album (68:01)

chronique Dream Theater - Dream Theater

Juger le renouveau de Dream Theater n'aurait aucun sens sans écouter leur dernier né et album éponyme.

Renouveau puisque, faut-il le rappeler, Mike Portnoy, batteur et fondateur du groupe a pris la décision de quitter ce dernier pour voguer vers d'autres contrées où les mesures asymétriques sont probablement plus vertes !

Alors à quoi doit-on s'attendre en découvrant ce CD ?

Le deuxième morceau fait 6:17, le troisième 4:53, le quatrième 6:01... Où sont passées nos dix minutes conventionnelles ?

Non, je sais, je dis n'importe quoi ! Awake était du même format, mais quand même ! On s'était habitué.

 

A l'heure où j'écris ces lignes, je suis dans un TGV qui me ramène de mes terres occitanes à la grise ville de Paris, et un arc-en-ciel se dessine au-dessus de ce qui serait presque les coteaux du Tricastin - oui, là où il y a la centrale nucléaire qui a failli nous péter à la gueule Il y a quelques années. D'ailleurs, faites une blague à vos proches, si possible travaillant à EDF, offrez leur du vin Coteaux du Tricastin, c'est rigolo.

Ce qui est moins rigolo, c'est ce que nous réserve le premier morceau, qui est une introduction instrumentale. J'ai l'impression d'entendre "Occulus ex Inferni" de l'album Paradise Lost de Symphony X.

Ceci dit, c'est bien du Dream Theater. Ca s'appelle "False Awakening Suite (I. Sleep Paralysis / II. Night Terror / III. Lucid Dream)", et c'est une introduction en trois vrais temps distincts. On retrouve des souvenirs d'antan, notamment des lignes pouvant nous ramener à "Six Degrees of Inner Turbulence".

Bref. On est un peu rassuré.

Mais la suite s'avère plus compliquée à aborder quand on est un fan endurci du groupe, et fan des "Metropolis part I", "Under a Glass Moon", "Blind Faith"...

"The Enemy Inside" reprend une thématique chère au groupe : la guerre. Ici, les traumatismes que subit le mental d'un soldat de retour de campagne.

Très franchement, j'ai abordé la chose pas très sereinement. Ca bourrine dans tous les sens, on reste classique dans la construction du morceau. La signature est là. Petrucci toujours en grande forme nous donne un premier solo court mais efficace et surtout simple, suivi d'un petit interlude délirant du sorcier Rudess cédant la place à un second Petrucci, plus technique et plus dans nos habitudes.

Final en grande pompe (surtout pour les grosses caisses, haha !) sur un dernier refrain puissant et coupé comme du Ravel, c'est à dire net et qui nous fait crier au scandale de ne pas en avoir plus !

 

Mais la suite arrive ! Et elle dure 4:53, un scandale. Cet album est scandaleux !

 

"The Looking Glass", sorte de "I walk beside you" (Octavarium) tant tout est donné dans un laps de temps très court.

C'est le troisième morceau et je commence à comprendre où Dream Theater veut en venir : Less is more, ou bien faire moins, c'est faire plus, qui est aussi la devise d'un célèbre marchand de meuble scandinave mais ce n'est pas forcément qualitatif ici.

Le groupe obéit à cette logique rigueur dans la composition de ses morceaux et va à l'essentiel.

On découvre un nouveau Dream Theater. Et c'est pas déplaisant.

 

"Enigma Machine" nous emmène loin avec un riff d'introduction bien drôle à suivre qui débouche sur une seconde partie assez classique pour le quatuor d'instrumentistes, une troisième partie de duo entre Jordan Rudess et John Petrucci qui se termine en duel sanglant de triples croches, de bends en tout genre...

Myung qui s'occupe de découper les différents mouvement demande à tout le monde de se calmer et de laisser la place à l'italien pour de longues notes pleines de mélancolie.

Pour l'instant, notre nouveau Mike (Mangini) n'a pas eu l'occasion de s'exprimer. Il relance la machine par un joli break. Enfin John, John, Jordan et Mike concluent dans un jeu asymétrique très agréable et nous laisse nous délecter de la voix de James LaBrie sur "The Bigger Picture" accompagné par Rudess au piano.

J'adore ce morceau. Il donne tout ce qu'il y a à donner du groupe. De belles mélodies planantes, le calme avant une tempête progressive pleine de gros barrés à la guitare, de nappes de synthés, une batterie simple. Tout cela construit un refrain solide qui ouvre la porte sur un couplet qui se différencie clairement et sèchement du premier.

Et au second refrain, c'est le messie qui nous vient. Le solo de gratte est pur. Il ne va pas chercher des notes rapides, du picking dans tous les sens, mais des notes cristallines et longues.

La fin calme le tout et annonce une petite descente histoire de reprendre ses esprits.

 

À partir de ce que je viens de dire ci-dessus, je me vois mal continuer à décrire l'album tant je pense que son esprit y a été exposé.

"Behind The Veil", "Surrender To Reason" et "Along For The Ride" ne sont qu'un résumé de ce qui a précédé.

Dream Theater continue de défendre son propos musical avec précision. Si ce n'est un refrain peut-être un peu télescopé sur "Behind The Veil", aucune erreur n'est à recenser.

 

Si la courte durée des morceaux et leur évidente simplification peut nous dérouter, les new-yorkais nous ont préparé une surprise de taille.

"Illumination Theory (I. Paradoxe De La Lumière Noire / II. Live, Die, Kill / III. The Embracing Circle / IV. The Pursuit Of Truth / V. Surrender, Trust & Passion)".

Je disais un peu plus haut que trois morceaux nous résumaient l'album.

Ce morceau là nous résume Dream Theater.

 

 

Ce qu'on vient de subir a été vraiment brutal. Dream Theater nous ramène vingts années en arrière dans un format musical court.

On sait qu'on aime ces américains sur la longueur, sur des marathons musicaux. Mais on oublie qu'on sait les aimer sur de courtes durées. De mes frayeurs et mes réticences du début, je passe à une écoute hebdomadaire sans m'en lasser.

En un album, Dream Theater réussit le pari de revenir à ce qu'il faisait au temps de Awake tout en continuant ce qu'à inspiré Six Degrees of Inner Turbulence ou Metropolis Pt 2 : Scenes From a Memory.

En un album, les Dream Theater mettent tout le monde d'accord. Ceux qui ne les aiment pas peuvent maintenant les écouter, et les anciens, les accrocs, les fans peuvent continuer à jubiler sur ces "moments de grâce" que sont des morceaux comme "The Bigger Picture", ou comme l'épisode de fin en cinq temps.

Et ceux qui ne les connaissent pas pourront découvrir leur univers en douceur.

 

Dream Theater est un album accompli qui mérite bien le titre éponyme. Cela veut clairement dire : "Bonjour, voilà qui on est".

photo de Hugues d'Òc
le 26/08/2014

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