Dregg - The Art Of Everything

Chronique CD album (40:51)

chronique Dregg - The Art Of Everything

Ce devait être au printemps 2022. Un échange sur le forum de CoreAndCo, ou sur Facebook (... élémentaire mon cher Watson : les protagonistes de cette histoire sont des 'ieuv !). Le sujet : la vidéo de « Context », morceau confectionné à 4 mains par Dregg et City Morgue. Bilan des courses, vu depuis la caverne de mon Crom-Cruach de collègue : « Putain, ça bute City Morgue !! » (… il aime les rappeurs aux dents cariées, chacun son vice). Autre environnement (un terrier confortable), même action, différente conclusion : clic-clic, Bandcamp, Paypal, et la « compil' » The DREGGmusic Mixtape atterrissait sur mes étagères digitales.

 

… Or, Bandcamp, vous le connaissez : vous l'invitez une fois chez vous, et il n'aura de cesse de revenir sonner à votre porte, jusqu'à ce que vous le laissiez à nouveau prendre ses aises dans le canap'.

Et justement, le 17 Octobre dernier :

 

** Drïïïïïïïïïïïïïïïïïng !! **

« J'ai déjà le calendrier des éboueurs, et celui des pompiers... C'est à quel sujet ? 

- Dregg. Le groupe de Fusion moderne australien vient de sortir son premier véritable album : The Art Of Everything.

- Dr. Eggs ? Mais ils sont de Montpellier, et ils ne font plus rien depuis 2019 !

- D-R-E-G-G, de Melbourne. Les potos de City Morgue...

- Ah oui, je vois. OK, c'est bon, va : je vais le prendre ton calendrier... »

 

Par chance, quelques euros traînaient justement sur la commode de l'entrée ! Le deal fut donc rapidement conclu, et la came tout aussi prestement consommée. Et là, Cowabunga ! Si ce matin-là ni Merinos, ni Zest Citron, ni Benco n'avaient complètement réussi à m'extraire de la mélasse d'une nuit trop courte, les sbires de Morphée qui me retenaient encore en partie chez leur patron se prirent rapidement de très grosses baffes, et ce dès le tout premier passage du skeud dans mes enceintes.

 

Il faut dire que Dregg jongle avec tout ce qui claque et rugit dans le Metal « moderne » de d'jeunz : prod' maousse costaud, guitares massivement rythmiques, flow Rap vindicatif & Groââr vénères, zébrures électroïdes in-your-face, tendance à n'en faire qu'à sa tête, sourires malicieux (cf. le clip de « Butterscotch Biscuits »), et énergie frontalement frontale. Le tout touillant à la mode 2024 Neo Metal, Rap Metal, Hardcore Metal, plus des incursions ponctuelles en terres Electro Metal, Groove Metal, Nawak et Death Metal. Comme si – attention name dropping en vue – on mettait dans la même salle de sport Slipknot, Ze Gran Zeft, Vector of Underground, Twelve Foot Ninja, Wargasm, Kim Dracula, Korn et Limp Bizkit. Avec un soupçon d'Igorrr en prime, lors des breakcoreries concluant « Chaos Garden ».

 

… Voilà, c'est ça, votre imagination dit vrai : le résultat s'avère particulièrement secoué !

 

Mais allongeons à présent « Dress Down » sur la paillasse : c'est un échantillon tracklistien particulièrement intéressant à disséquer si l'on veut avoir un aperçu de ce que cet album a dans le bide. Tout de suite après avoir appuyé sur le bouton >Play, c'est un riff gras et pesant, typé Slam Death presque, qui donne le ton. Débarque alors un flow Hip-Hop qui dérive bientôt vers le registre psycho, à la Kim Dracula. Arrive un break mécanico-synthétique... qui aboutit sur une jumperie des plus vives, façon Neo Rap metal. Puis ça commence à chauffer, et les saccades deviennent plus core, plus bagarreuses. Vers 1:44, c'est même carrément la grosse fiesta moshista sur le ring de la Génération Z ! Et vlan, à 2:16, sans l'avoir vu venir, le morceau oblique vers un Black / Trap Metal menaçant, avant de revenir aux secousses sismiques de gorille va-t-en-guerre. Puis, à 3:13, on tombe soudain dans le coton lounge d'une introspection malsaine, décorée de piano velouté et de stries électro-ouatées...

 

Entre kaléidoscope, pochette-surprise et redbull. Servi ras la gueule, et débordant d'une pèche hyper-patatesque.

Alors : je vous en remets une louche ?

 

Après, il ne faut pas non plus se laisser aveugler par cette bombe de Juvamine. Car sur « Dog Cunts » par exemple, on réalise qu'aligner les plans pêchus les uns derrière les autres ne suffit pas à composer un vrai morceau suivant un cap bien déterminé. Pareil avec « PCP Wednesdays » : OK, on s'en prend plein la trombine, mais pour aller où ? Un autre type de moue se dessine dans le miroir quand, sur « Born In My Armour », on constate que Dregg tombe dans l'éternel travers des groupes de Teen Metal : celui du morceau larmoyant, trop clairement profilé pour que les briquets s'allument dans le noir de la salle de concert (… on me dit dans l'oreillette que c'est avec la lampe des smartphones que la jeunesse communie dans la mélancolie live, désormais). Et non non, le problème n'est pas juste que le groupe abandonne un temps le mode baston : la preuve, en guise de conclusion, le morceau-titre fait lui aussi dans le mélo, le piano, et les orchestrations. Mais il s'en tire bien mieux, lui, en réussissant à rester du bon côté du fil ténu qui sépare les beaux épanchements profonds des pleurnicheries ado.

 

... Mais peut-être n'est-ce qu'une question de sensibilité me direz-vous.

 

Vous voulez savoir si cet album est fait pour vous – parce que, damned, rien n'est moins sûr, il y a quand même tout un tas de noms qui font peur dans cette chronique... ? Eh bien essayez « Transparent », qui rehausse ses assauts de teintes Funk Metal espiègle, façon Twelve Foot Ninja. Puis passez à mon coup de cœur perso', « Chaos Garden », qui tabasse autant qu'il accroche, tout en haut de la chaîne alimentaire de la tubosité triomphante.

Pendant ce temps, de ce côté-ci de l'écran, tout en savourant ce cocktail aussi explosif qu'enthousiasmant, votre interlocuteur commence d'ores et déjà à orienter ses radars en direction du futur de ce groupe qui, décidément, a tout ce qu'il faut où il faut pour prendre d'assaut les plus grosses scènes internationales, pour peu qu'il réussisse l'étape déterminante du 2e album...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: The Art Of Everything est une boule explosive d'énergie musicale. Un mélange moderne et sévèrement frappé de Neo, de Rap Metal, de Groove'n'Core et de Metal extrême, quelque-part entre Slipknot, Ze Gran Zeft, Twelve Foot Ninja, Wargasm, Kim Dracula et Limp Bizkit. Le mélange mériterait certes d'être encore peaufiné un brin, en serrant des boulons de-ci de-là... Mais en l'état il claque déjà le beignet comme un Bud Spencer tombé dans la marmite de potion magique. Alors venez prendre votre baffe !

photo de Cglaume
le 09/12/2024

4 COMMENTAIRES

noideaforid

noideaforid le 10/12/2024 à 22:45:23

J'ai vraiment du mal à être totalement en phase avec les ce genre de groupe nawak TikTok. Comme avec Kim Dracula ou Wargasm, c'est loin d'être désagréable mais y'a pas mal de moment où ça grince un peu sur le tableau avec un marqueur sec. Je vais mettre ça dans la liste presque comme toi : en attente du troisième album. Par contre, là où je prends du plaisir, c'est ce côté neo qui revient de + en + et de manière très Néo neo

el gep

el gep le 10/12/2024 à 22:56:09

Ca fait surtout deux fois qu'on mentionne Limp Bizzzkitt ici en deux jours, et ça, ça pue.
La guerre est proche, j'vous l'dis, j'vois presque les zombres des bombardiers.

cglaume

cglaume le 10/12/2024 à 23:25:19

@noideaforid: je croise les doigts que le prochain mérite un 8-8,5/10 :)

@gep : viens faire un limp bizou, ça ira mieux :P

el gep

el gep le 11/12/2024 à 00:21:39

 Béh c'est fait, c'est moi qui en parlais y'a deux jours.
On est foutus, Lapin !

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