Endseeker - Mount Carcass

Chronique CD album (35:52)

chronique Endseeker - Mount Carcass

Je vous vois venir. Mais l’objection ne peut être retenue. Bah oui, soyez objectifs : Carcass a bien intitulé son 5e album Swansong, lui, alors que, quelle que soit l’époque concernée, son Death Metal a peu de choses à voir avec les Swans. Et puis Gojira tiens : vous n’avez rien dit quand ils ont sorti From Bruno Mars to Sirius ! Alors Endseeker a tout à fait le droit d’appeler son 3e album Mount Carcass sans que cela fasse polémique, même s’il ne pratique pas l’autopsie extrême-métallique au scalpel rouillé. D’autant que, après tout, si vous voulez vraiment trouver des liens logiques là où il n’y en a pas – « nous sachons » hein, bande de petits complotistes – eh bien rappelez-vous que Michael Amott, ex-Carnage (le groupe pré-Dismember), a joué sur Necroticism et Heartwork… Alors : toujours pas justifié le titre Mount Carcass ?

 

Oui je sais : tout ça n’a aucun rapport avec la choucroute. Mais les débuts de chronique sont un peu mon bac à sable à moi. Si vous voulez que je parle sagement de l’album du jour, il faut me laisser d’abord faire mes pâtés et mes châteaux de sable...

 

Là, c'est bon maintenant: on va pouvoir commencer vraiment.

 

Endseeker, ce sont 5 Suédois dans l’âme nés par erreur aux alentours de Hambourg. Tout petits on leur a bien évidemment appris le Power Metal flamboyant, le Thrash Metal de la Ruhr et le Folk Metal en pagne. Quand la sève a commencé à monter dans les joncs pubères, ils ont comme tout un chacun là-bas versé leur quotidienne obole séminale devant le traditionnel poster de Doro (Pesch, plus gironde que Mme Thée, notre Doro à nous). Bref, les loustics auraient logiquement dû vouer un culte à Accept et Tankard… Mais rien n’y fit. C’était la pédale Boss HM-2, les zombis brumeux et les Studios Sunlight qui faisaient rêver nos amis. C’est ainsi que, sur les traces de leurs grands frères de Fleshcrawl, les 5 (qui ont commencé par s’agiter dans d’autres formations de renom, comme Mephistopheles ou Dark Age) décidèrent de monter une antenne locale du fan club d’Entombed. Et là où beaucoup de leurs condisciples se sont contentés de riffer de manière confidentielle sur de petits labels malaisiens – ou pour les plus veinards au sein de structures plus en vue comme Soulseller Records ou Transcending Obscurity – dès The Harvest le groupe décrocha la timbale en signant avec Metal Blade.

 

Il faut dire que le Swedeath d’Endseeker a tout pour plaire au plus grand nombre : pas d’obsession occulto-chtulhienne qui fait froid dans le dos et la prod’. Pas de grumeaux ni de miasmes pour gagner à Qui C'est-y Le Plus Craspec ? Pas d’éthique extrémiste du style je-refuse-tout-riff-non-entendu-sur-Clandestine. Les ronflantes coulées basaltiques produites par les Allemands sont accueillantes, mélodiques, énergiques, variées – du moins autant qu’il est permis de l’être en situation de grand écart entre Dismember et Entombed. Même s’ils respectent la sombre esthétique du genre, avec eux on sent qu’il est clairement plus question de prendre du bon temps que de ronchonner dans les marais (d’ailleurs ça déconne dans la joie, la bonne humeur et l’hémoglobine sur leur dernière vidéo). Mount Carcass propose de fait un Swedeath décontract’, idéal en « configuration festival »... C'est d’ailleurs parfois presque too much, « Bloodline » sentant un peu trop le gobelet de bière en plastique avec son refrain ample, un peu trop facile peut-être, qui appelle à la franche camaraderie amon-amarthienne, le poing levé devant la Viking Stage.

 

Classicisme, efficacité, convivialité à sabots parfois un peu gros : ces caractéristiques très germaines (bouh le vilain préjugé... Attention à ne pas sombrer dans les clichés bas du front lapin !) résument bien le contenu de Mount Carcass, album qui réjouit sans passionner. On profite à plein du bouillonnant « Unholy Rites », on acquiesce sur un « Cult » mêlant saveurs Death’n’Roll et guitare lead danswanö-ienne, on prend un panard grand comme ça sur un « Frantic Redemption » qui fait fructifier l’héritage dismemberien sur sa première minute avant de se vautrer dans le gras et le groove, on valide l’outro / reprise du thème d'Escape From New York de John Carpenter… Toutes ces bonnes choses permettant à notre oreille de rester bienveillante à l'écoute d'autres pistes celles-là plus génériques, plus facilement oubliables, mais qu’il aura bien fallu coucher sur microsillons pour atteindre la durée syndicale d’un album.

 

Alors si vous avez besoin d’un album-étalon, ni trop hostile ni trop fougueux et qui brasse large les gimmicks du genre, afin de donner un bon aperçu de ce qu’est le Swedeath à votre cousin Bastien, n’hésitez pas à glisser Mount Carcass dans l’autoradio du vieux combi Volkswagen hippie qui vous emmène sur la route des vacances à Biscarrosse. Si ça ne le convertit pas, faites vous une raison : son max à lui c’est Sabaton, et basta !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: la mélodie et la fougue de Dismember, les accents Death’n’Roll plus quelques ambiances brouillardo-épiques à la Entombed, tout ceci étant combiné avec application et passé à la moulinette de l’enthousiasme teuton : Mount Carcass est un concentré de gimmicks Swedeath qui coule avec bienveillance dans l’oreille avertie sans gratouiller ni chatouiller ni blaser. On y puise quelques sensations revigorantes, quelques riffs pertinents, et on repart avec la pêche, prêt à attaquer le pack de bières suivant…

photo de Cglaume
le 07/06/2021

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/06/2021 à 18:35:52

Mouais...

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