Etrange - Enigme

Chronique CD album (48:18)

chronique Etrange - Enigme

Allez, livrons-nous à un petit exercice de recyclage...

 

« La chronique, version courte: Enigme est un deuxième album magistral qui propulse l’auditeur dans un voyage interstellaire peuplé d’orchestrations fastueuses, de solides saccades Thrash’n’Djent, de magnifiques volutes Prog, comme de violentes gerbes extrêmes, le tout en mode 100% instrumental. L’œuvre est ambitieuse, dosée avec justesse pour une approche facile, et ciselée par des orfèvres. On pense à Dream Theater, au Carcariass de Planet Chaos, à Kalisia… Mais une partie de nous reste néanmoins frustrée, la faute à un clavier sans vergogne qui use de sonorités pas toujours heureuses. Un album extrêmement fort, donc, qui devrait déchaîner les passions. »

 

Copier le bas de la chronique de Etrange. Coller. Modifier 2 mots… Et hop, emballé c’est pesé ! Eh oui, parce qu’à chaque fois qu’on s’attaque au nouvel album d’un groupe dont on a déjà chroniqué le précédent, en plus de jeter à nouveau une oreille sur ce dernier, on s’en retourne jeter un œil à ce qu’on en disait à l’époque. Alors évidemment, quand il s’agit de vieux briscards qui évoluent dans un style TRÈS balisé, il arrive que les mots alors utilisés puissent convenir à nouveau – dans les grandes lignes du moins – pour l’épisode N+1. Sauf qu'Etrange est une formation relativement jeune, qui n’en est qu’à sa deuxième sortie, et qui brode des tapisseries Space Prog Metal en jonglant avec autant de paramètres que ces ingénieurs qui mâchouillent leur chewing-gum devant les écrans de contrôle à Cap Canaveral. Rien à voir, donc, avec les vétérans routiniers évoqués quelques lignes plus haut. Du coup, vu la multitude et la complexité des données manipulées, on s’attendait à ce que les couleurs, les impressions, et au final le ressenti varient...

 

Or, là, pas des masses. D'ailleurs ce n’est pas uniquement la pavé « La chronique, version courte » mais la quasi-totalité du papier qui, moyennant quelques menus ajustements, aurait pu être réutilisée. Car Deadale et Velhon savent parfaitement d’où ils viennent, où ils vont, et comment s’y rendre de la manière la plus spectaculaire qui soit. Et de fait Etrange ne contenait nul tâtonnement ni expérimentation stylistique qui aurait pu nécessiter un recadrage ultérieur. Alors c'est naturel: quand une recette fonctionne parfaitement, on ne va pas bêtement y ajouter du ketchup ou du tofu au risque de tout saloper. Ce deuxième album est donc logiquement celui de la confirmation et de la continuité, aussi bien stylistiques que thématiques, et non celui de nouvelles expérimentations. Le duo "se contente" (!) de continuer à y empiler les pistes avec le savoir-faire et la gourmandise d’un pâtissier ayant remporté son titre de meilleur ouvrier de France grâce à un mille-feuilles délicieux réellement constitué de mille couches.

 

Allez, je vous fais quand même le pitch malgré les impressions de déjà vu : Enigme ce sont 6 titres d’au minimum 7 minutes chacun qui proposent de déambuler à travers des galaxies lointaines à bord d’une navette Sympho Prog Metal instrumental contenant une multitude de salles en enfilade dans lesquelles vous attendent leads magnifiques, floraisons orchestrales, généreuses nappes de synthé, saccades riffées débitées au hachoir laser et autres cajoleries exotiques, le tout se déroulant au rythme trépidant d’un Tour de l’Univers en 80 Années-Lumière. En plus des riches arabesques que le couple guitare/clavier nous livre afin de rester en conformité avec les impératifs de la réglementation « Dream Theater / Devin Townsend / Hans Zimmer / Sadist », c’est tout un tas de saveurs bonus qui sont proposées à nos papilles auriculaires : tornades blastées au givre BM, rose synthétique Synthwave, piments fiesta latina (sur « Gemini »), alcôves jazz loungy / hippie, ainsi que de pleines brouettes de friandises so 80s (qui abondent notamment sur « Eclipse »). Sans compter que les fameux six titres se paient le luxe de s’organiser en une tracklist acrostiche reproduisant le titre de l’album (c’était déjà le cas sur Etrange mais j’avais zappé cet accès de malice)... Puisque je vous dis que les dorures ont été astiquées jusque dans les moindres détails !

 

C’est donc sans surprise que le plumitif qui vous cause s’est mis à baver de pleins seaux visqueux en écoutant ces trois savants quarts d’heure, le débit de salive atteignant les pics les plus escarpés à l’écoute du moulin guitaristique tournant sur fond d’orchestrations généreuses à 4:19 sur « Entity », lors de la seconde moitié de « Nexus » (notamment quand la vague déferle après la barre des 4 minutes), à bord des chars du festival de [b]Rio démarrant vers 5:39 sur « Gemini », ou encore en compagnie de « Möbius », que ce soit quand la basse anime le dancefloor rétro-Electro à 4:05 ou lors du grand final hollywoodien qui démarre à 6:58. Sauf que cette fois encore, les vents contraires de l’irritation ont douché mes excès d’enthousiasme du fait d'un trop plein de niaiseries synthétiques, les interventions de Velhon pouvant s’avérer parfois aussi frustrantes, voire hostiles, qu’une odeur de pet pendant un cunnilingus. Non parce qu'autant revisiter La Leçon de Piano au début de « Möbius », ça passe très bien, autant ces fééries Disney cheap qui, à 5:30 sur le même morceau, viennent ruiner une jolie montée de tension (qui, à mon sens, aurait réclamé un climax métallique), non !

 

Vous l’aurez compris : comme Etrange avant lui, Enigme ravira les fans de faste prog-métallique que cela ne dérange pas de déguster les meilleurs mets dans des assiettes La Reine des Neiges. On continue à trouver un peu dommage ce cheveu Bontempi dans la soupe, mais on a bien compris qu'il s'agit là d'un choix artistique assumé... Et puis après tout la qualité et la quantité des good vibrations continuent à compenser (plus ou moins selon les morceaux) le bad trip synthétique. Alors on se fait une raison et on invite un public averti à découvrir le groupe, si ce n’est déjà fait !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: cf. la même rubrique au bas de la chronique d'Etrange. Remplacez Etrange par Enigme et « premier » par « deuxième », et le tour est joué ! Quoi… ? Ne niez pas : j’ai entendu quelqu’un traiter le chroniqueur de « fumiste » !!

 

photo de Cglaume
le 20/10/2022

2 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 20/10/2022 à 13:57:36

Depuis le temps que j'en entends parler, j'ai enfin jeté une oreille (attentive) dessus...Bah pas convaincu à la longue. Il y a des passages qui sonnent comme des génériques de talk show des années 80 ("Eclipses"), et le reste est finalement assez convenu musicalement avec une alternance de "très bien" et de "mouais bof".
Par contre, j'aimerai que l'on revienne ensemble plus en détail sur cette histoire d' "odeur de pet pendant un cunnilingus". XD

cglaume

cglaume le 20/10/2022 à 14:30:38

J’avais parié avec moi-même que si qq’un relèverait ce serait toi 🤣 (et du coup j’ai gagné !)

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