Fall Of Seraphs - From Dust to Creation

Clin d’œil fortuit à un titre de Mayhem, Fall Of Seraphs est un groupe relativement jeune, puisque né en 2014 sur les cendres de la formation de Brutal Death Offending. Il est en fait composé de musicos confirmés, disséminés dans le Sud-Ouest entre les pays charentais, bordelais et toulousaingue. Le line-up a été mouvant, puisqu’il ne reste des débuts que le batteur Vincent. Le quintet pensait d’ailleurs avoir enfin stabilisé tout ça depuis 2019 et l’arrivée de Thomas, guitariste soliste. Hé ben non, puisque ce dernier a quitté le navire début 2023 ; fort heureusement un remplacement lui a été trouvé, à savoir Fred Blanchard aka « Asgorn », qui avait sévi auparavant dans Ossuaire et qui déploie aujourd’hui ses talents dans Allegiance, Havenless et Dominant Obscurity.

Parler dans une chronique de ces soucis – somme toute très classiques – de line-up n’a absolument rien d’original, mais concernant la scène Death Metal hexagonale cela a du sens car elle (sur)vit davantage par la scène que par les passages en studio. C’est là où les rencontres se font, où les connexions s’opèrent, où les projets se (dé)font. De ces liens est né en 2018 le split de Fall of Seraphs avec leurs kopaings de Trepanator, rencontrés en concert ; d'eux est née l’opportunité d’intégrer Asgorn, puisqu’Olaf, le frontman de FoS, est également le vociférateur en chef de Dominant Obscurity.

Pour le reste, Fall of Seraphs n’a pas semblé plus pressé que cela pour pondre des galettes enregistrées, puisqu’un EP (Destroyer of Worlds) n’est sorti qu’en 2017. Un gros EP en fait, car ce quasi-album de 7 titres à la prod’ bien secos approchait les 25 minutes. Il faut donc attendre le 24 octobre dernier pour qu’un premier long-format voit – enfin dirais-je – le jour, soutenu par Memento Mori, label espagnol spécialisé dans le Death et le Doom Metal (Disrupted, Carcinoid, Burial, Eternal Rot, Sedimentum, …). Enregistré ici et là, entre les équipements domestiques et ceux de studios reconnus (les grattes – et cela s’entend – ont été captées chez Mathieu Pascal, le métronome perfectionniste de Gorod), From dust to creation bénéficie d’une production bien épaisse et enrobante mise au service d’un Death Metal qui ne se veut pourtant pas forcément à la mode.  Et pour cause. Pour sa musique, Fall of Seraphs puise allègrement ses références dans le Death US des 90’s, avec une guirlande enchantée composée de Cannibal Corpse (évident sur "Psychotic troubled senses"), Angel Corpse ("Fire path of punishment"), Deicide, Morbid Angel ou encore Immolation. Pour son esprit, il ne renie nullement son côté « tradi » avec des repères comme Mercyless, Agressor, Disabled ou Misgivings (son très bon premier album date de 2022, mais le combo existe depuis 1991 OKAYE). Je dirais même qu’il cultive ce côté « tradi » comme d’autres d’ailleurs actuellement (Hexecutor, Ritualization, Trepanator…), car cela correspond tout simplement à ce quintet : c’est ce (prétendument) « vieux » Death qu’ils aiment, c’est cette musique qu’ils entendent défendre sur scène. Loin d’être décati, le Death Metal de Fall of Seraphs, souvent imbibé dans le Thrash ("From dust to creation") et même dans le Black ("Divine's lament"), s’écoute durant une demi-heure sans une once de lassitude. Toutes les compositions devant trouver son prolongement naturel, quasi-organique, sur scène (avec, par exemple, de quoi laisser le guitariste soliste s’exprimer, même modérément ^^), l’attention ne se délite à aucun instant. Quelques titres se démarquent même, tellement ils défouraillent et tirent profit d’une base rythmique loin d’être monolithique ("Mirror of transcendance", "Fire path of punishment").

Sincère dans son approche, bestial dans son résultat final, ce From dust to creation prend les traits d’une entité musicale massive/agressive/addictive qui ne déclenchera en vous qu’un seul souhait : celui de les voir ardemment en concert pour vous massacrer les esgourdes !  

Seisachtheion

le 11/04/2023