Gamma Ray - Heading for Tomorrow (réédition 25 ans)
Chronique CD album (02:16:18)

- Style
Heavy Speed - Label(s)
earMUSIC - Sortie
2015
écouter "Hold Your Ground"
Ce n’est pas un hasard si le webzine sur lequel vous avez atterri ne s’appelle pas HeavyAndCo. En effet, en règle générale le cocktail chant aigu / combi' en cuir / débauche pyrotechnique / chœurs de preux chevaliers / courses à dos de dragon n'émoustille que peu les chroniqueurs et –queuses de cette feuille de chou digitale. Sauf que l’on a tous connu des parcours musicaux plus ou moins zigzaguant avant de poser nos ‘tiags dans les territoires métalli-coreux où nous vaquons aujourd’hui. Et le mien (désolé, je me mets en scène) a notamment traversé les royaumes de Manowar, Iron Maiden, Helloween, Running Wild – et j’arrête là la liste des courses pour éviter que vous passiez à la crèmerie web d’à-côté. J’ajouterai pour circonstance-atténuer que je ne suis pas le seul dans ce cas, vu que Xuaterc s’est décidé à s’atteler au dernier Maiden, et que l’amour suspect que Cobra porte à Nanowar of Steel laisse à penser que lui aussi ne crache pas sur un peu de Metal en skaï.
…Tout ça pour dire que, non, vous ne cauchemardez pas: c'est bien du Gamma Ray qui est chroniqué aujourd'hui sur CoreAndCo!
Et youpi!, d’abord.
Youpi parce que l’objet que je tiens dans mes papattes virtuelles est une somptueuse réédition, celle du 1er album du groupe que Kai Hansen a fondé après son départ de Helloween. Si si, c’est important de connaître ce genre de détail pour bien comprendre de quoi il s’agit ici. Il faut avoir en tête qu’après 3 albums de folie, alors que les éleveurs de citrouille teutons commençaient à connaître l’ivresse des hauts sommets – à se demander si le centre de gravité de HeavyMetalland n’allait pas se déplacer de la perfide Albion vers l’industrieuse Germanie –, M Hansen, co-fondateur du groupe, a pris ses cliques et ses claques, a claqué la porte de la citrouille devenue carosse, et s’en est allé fonder son propre groupe rien-qu’à-lui en compagnie de son ami et néanmoins chanteur d’exception Ralph Sheepers (…aujourd’hui dans Primal Fear). Et tandis que les de-moins-en-moins-happy-happy Helloween se préparaient à sortir les Pink Bubbles Go Ape (gloups) et autres Chameleon (sglurmpf), Gamma Ray balançait une putain de pépite débordant d’énergie, d’idées lumineuses et d’hymnes à transformer un Minion en Conan le Barbare: Heading For Tomorrow.
Ça, c’était il y 25 ans. Mais on va quand même vous en causer, et ce sans attendre la chro rétro du dimanche (... Arf, pas le courage de changer mon texte: du coup le boss me fait mentir!). Parce que l’objet ressort avec une nouvelle pochette, un nouveau mastering, un nouveau packaging ainsi que tout un tas de morceaux en plus – faces B, démos, live, versions karaoké (si si), versions instrumentales, j’en passe et des plus dispensables. Et parce qu’il n’y a pas de honte à se la jouer « Loud & Proud », la guitare au vent, de temps en temps... ‘y a pas que le Nécro-Punk doomy dans la vie, crénom!
Heading For Tomorrow, c’est un peu la quintessence de tout ce que l’on aime dans le Heavy Speed (... ou le Power, si vous préférez), du moins quand on est de ceux qui apprécient Manowar et Iron Maiden (‘ y a bon les assemblées de Brothers of Metal qui regardent l’horizon en gonflant les biceps pour la photo) mais qui préfèrent quand même quand ça speede et ça rigole un peu plus (cf. les farfelus d’Helloween). Car « Welcome » fournit l’intro emphatique plus-over-the-top-tu-meures calibrée aux petits oignons, avant que l’imperfectible « Lust For Life » déboule épée au poing et poignée en coin avec toute la flamboyance, les chœurs et les envolées aigues qui font immanquablement gémir les Crom-Cruach et piaffer les True Warriors of Steel. Mais pour bien marquer la différence avec les barbares décapiteurs de Troll, Gamma Ray embraye rapidement sur l’un de ces hymnes optimistes et ensoleillés qui fédére les masses autour d’un refrain-main-sur-le-cœur: « Hold Your Ground ».
En se fiant à la description précédente, on pourrait s'imaginer la chose outrancière et inintéressante. Sauf que si le ton employé ci-dessus se plait à déraper dans la caricature aimable, cela ne signifie pas pour autant que ce début d’album est bidon. Au contraire, il s’agit là de 3 excellents morceaux-étalons qui ramènent le chroniqueur en classe de 2nde et font vibrer en lui une flamme éternelle – qu’il essaie d’atténuer avec un peu de recul et de dérision... Sauf que rien n’y fait!
Le petit côté « Judas Priest se prend pour Voivod, en orbite autour de la station orbitale » de « Space Eater » est déjà moins sexy. Sauf que le sérieux et les recoins sombres dont il se pare volent en éclat de la plus extraordinaire des façons quand démarre le complètement allumé « Money ». Imaginez un long sprint mélodique habité d'une folie électrique rappelant les clowneries de Jeff Waters (cf. « Chicken & Corn » ou « Brain Dance ») ou encore le grand Devin Townsend (les Minipouss qui entonnent Money-Money-Money-[…] en chœur à 2:28!)... 'voyez? Cela vous donne une petite idée de la chose. Continuant à investir dans les contrastes judicieux, l’album poursuit avec la soft song de l’album, « The Silence », qui semble initialement too much & too pink (piano, complainte sentencieuse, orchestrations sucrées), mais qui se révèle bientôt être un titre puissant offrant à Ralph une occasion de démontrer que les contre-ut ne sont pas l'apanage des Castafiore à large caisse de résonnance (c’est pas Kate Bush, à 3:25, sûr?). L’album continue sans vraie fausse note avec la tonifiante et limite déconnante cavalcade « Hold Your Ground », la Party song Mötley Crüienne « Free Time », la looongue épopée « Heading For Tomorrow » (... qui aurait mérité quelques coupes franches histoire d'être plus percutante), pour finir avec la "so 70s" reprise de Uriah Heep « Look At Yourself ».
Mais l’intérêt affiché de cette réédition figurant en partie dans les bonus ajoutés au superbe paquet initial, touchons-en un mot… Même si à vrai dire seuls les fans ultimes en profiteront un max. Car aucune des faces B « Mr Outlaw », « Sail On » ou « Lonesome Stranger » ne réveillera quiconque serait plongé dans le coma. Et des lives et autres raretés proposées sur le disque 2, seules les démos sur lesquelles Kai s'est chargé du chant ont vraiment quelque-chose de spécial, ces versions alternatives prouvant si besoin que l’homme – s’il n’est pas Ralph Sheepers – est néanmoins capable d’assurer avec brio jusqu'aux parties les plus complexes et les plus aigues…
Alors les fans tatillons vous diront sans doute que le summum de la discographie de Gamma Ray se trouve plutôt sur Land of the Free et Somewhere Out in Space, voire sur le plus récent encore No World Order!... Mais en attendant que ces albums bénéficient d’un traitement identique, on se replongera avec bonheur dans ce 1er opus qui – bordel, quand même! – n’est pas loin de contenir certains des meilleurs morceaux du groupe toutes périodes confondues. Et p'is d’abord si vous n’êtes pas d’accord, je vous laisse embrasser, les gars, ma raie (… si! Je la fais si je veux d’abord!).
La chronique, version courte: Heading For Tomorrow, l’excellent 1er album de Gamma Ray, a 25 ans déjà! D’où une réédition / remastering / repackaging / remplissage de 2 CDs pleins à craquer. Et si les bonus ne raidiront le Snickers que des fans les plus hardcore, l’objet a néanmoins sa place au chaud chez tous les curieux qui voudraient se mettre au Heavy Speed mais qui ne savent pas par où commencer.
2 COMMENTAIRES
cglaume le 01/11/2015 à 14:21:20
"... et ce sans attendre la chro rétro du dimanche"
Tu l'as fait exprès hein, avoue Pidji! :P
pidji le 01/11/2015 à 22:50:48
Gniark :D
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