Iron Maiden - The Book Of Souls

Il a fallu que j'arrache de haute lutte au sein de la rédaction de CoreAndCo la possibilité de chroniquer ce seizième album studio d'Iron Maiden. Tout d'abord, j'ai affronté Crom, attaché la tête en bas à un frêne ; j'y ai laissé un œil. Ensuite, j'ai humilié Cglaume au air-kazoo et enfin, j'ai battu notre boss à un concours de tirs à 3 points. Heureusement que personne ne m'a défié sur des imitations de cris de cochons. Malgré cela, on ne peut pas dire que j'ai mis tout l'enthousiasme du monde avant de me lancer dans son écoute. Refroidi par les trois précédentes sorties, ça fait quinze ans que j'attends que l'un des mes groupes fétiches arrive à me procurer le frisson que je ressentais à l'écoute de Seventh Son ou même Brave New World. Quelques morceaux, par-ci par-là, mais rien de bien transcendant, j'avais fini par me faire une raison. Dans l'optique de me fader un double album, je m'imaginais déjà avec un diptyque de la trempe The Final Frontier / AMOLAD et du coup finir avec la sensation d'être une oie périgourdine à l'approche des fêtes. Pourtant, certains indices auraient du me mettre la puce à l'oreille : 5'00 pour le titre le plus court, deux compo de Dickinson tout seul et trois morceaux fleuves de plus de dix minutes. Moi qui ai toujours préféré « To Tame A Land » à « The Trooper ». Parce qu'en fin de compte, c'est de loin ce que la Vierge de Fer nous a proposé de mieux depuis l'album du retour des deux fils prodigues en 2000. A ne rien attendre, on est prêt à tout.

Pour commencer, Eddie. Bien mieux réalisé et moins moche que le dernier en date avec ses couleurs dégueulasses (pour mémoire), il place l'auditeur dans de bonnes dispositions. Et l'artwork du digibook est vraiment classe, avec de superbes illustrations. Le groupe a ensuite choisi de retourner aux Studios Guillaume Tell, sous la houlette de Kevin Shirley, comme Brave New World, pour une production et un mix clairs où tous les instruments s'entendent parfaitement, surtout cette célèbre basse toujours outrageusement mise en avant.

Je ne vais pas vous faire l'insulte de vous faire l'article et vous décrire par le détail le style pratiqué. Parce que depuis 35 ans (40 ans selon les computs), il n'a pas énormément différé. On retrouve tous les ingrédients qui ont composé la musique du sextet depuis ses débuts, avec une inspiration retrouvée. Il a quasi complètement abandonné cette vilaine habitude qui date de X Factor de répéter jusqu'à la nausée la catchline du morceau (souvenez-vous « don't look to, don't look to, don't look to, don't look to,... »). Pour éviter l'indigestion, le groupe à eu la bonne idée de se réapproprier quelques éléments ponctuellement utilisés précédemment : l'intro / solo de basse, légers arpèges de guitare acoustique, intervention de cordes, nappes de synthé et même la voix trafiquée comme on en trouvait sur The Chemical Wedding (album solo de Air Raid Siren). Tout cela donne une impression de variété qui fait passer l'heure et demi que dure l'album sans trop de difficultés. On ressent même une certaine urgence sur quelques titres, assez proche des sensations des compo de la période Di'Anno. A l'opposé, certains passages semblent plus forcés, par exemple « The Red And The Black » et ses treize minutes aurait mérité d'être plus court. Sur « The Great Unknow », les oh oh oh sonnent comme un groupe de punk à roulettes. Certainement qu'en live le public pourra s'en donner à cœur joie, mais dans le contexte studio, ça sonne amateur. Il faut saluer la prestation de Nicko McBrain, souvent sous-estimé, mais dont le jeu subtil apporte un véritable plus à la musique du groupe.

Grand vainqueur de cet opus, Bruce Dickinson signe, souvent avec son copain Adrian Smith, la plupart des temps forts, en particulier « Empire Of The Clouds », la pièce épique qui clôt The Book Of Souls, particulièrement bien arrangée avec son piano, ses violons, et sa montée en puissance. De plus, le chanteur éclabousse de sa classe et de sa puissance vocale, malgré son âge, l'ensemble de l'enregistrement, et ce n'est vraiment qu'en de très rares moments (« The Great Unknow ») que l'on peut le sentir légèrement à la peine.

Xuaterc

le 25/09/2015