Gojira - The Way of All Flesh

Chronique CD album (01:15:15)

chronique Gojira - The Way of All Flesh

C'est une tâche bien difficile que les Landais de Gojira viennent d'achever : offrir un successeur à From Mars to Sirius. Un album salué par la critique, par le public, par le milieu. Il était alors une sorte de Master of Puppets pour les métalleux frenchies. The way of all flesh est donc le 4e album d'une discographie clairement marquante dans le metal français. Néanmoins, cet album est bien éloigné des fureurs et de la noirceur de Terra Incognita, sans pour autant s'en séparer complètement. Une évolution logique, fine et intéressante. Si une première écoute peut s'achever sur une moue de circonspection, les suivantes permettront de découvrir une œuvre dense plus difficile d'accès que ses prédécesseurs !

 

"Oroborus" ouvre cet album avec un riff rappelant très étrangement "Global warning" (dernier titre de l'album précédent), symbole de continuité, sans doute. On peut donc s'attendre à un album qui découle du précédent... Mais c'était sans compter sur le chant qui apparaît vers les 50 secondes. Plus incisif, brutal, un léger traitement de la voix, ajoute en puissance et violence les performances vocales de Joe Duplantier. Rapidement on retrouve les éléments qui ont fait le succès de Gojira. Leur son reconnaissable entre 1000 a conservé sa force mais sait toujours poser les ambiances. Les cassures, les accélérations tout est millimétré. Par ailleurs on se retrouve parfois face à de grandes surprises, tel que le chant partiellement vocodé (= synthétique). Une démarche spéciale qui ne sera pas du goût de tous. On retrouve des titres purement Gojiriens tel que "Yama's messengers" : un riff très lourd, des accélérations, un chant clair doublé de la puissance gutturale. Ce titre est une grosse compo dans la lignée des précédentes! "The silver cord" est l'unique "pause" de cet album qui est alors très vite relancé par "Adoration for none", titre proche de la seconde piste "Toxic garbage island" dont le "crissing cord" (également présent sur "All the Tears") et la ligne de basse ravira encore une fois tous les amateurs du groupe.

 

On notera ensuite la présence du chanteur de Lamb of God sur "Adoration for none, titre violent avec des guitares plus qu'acérées ! Un titre sort ensuite du lot : "The art of dying". Apogée de cet album pour la puissance des percussions mais aussi pour cette introduction aux accents tribaux. Une ambiance lourde s'en dégage durant prés de 10 minutes, une rythmique à couper le souffle mais fort heureusement brisée pour tuer dans l'œuf une possible lassitude. Un véritable périple apocalyptique passionnant avec une batterie et une guitare dont les jeux sont parfaitement calés (cf à partir de la 6e minute).

 

Sans s'auto-parodier, le groupe sort souvent les mêmes plans et mêmes effets (sur "Esoteric Surgery", les cris en second plan, les breaks), et des formations que l'on connait déjà. On retrouve le même riff de fin que "Global warning" au bout de 4 minutes. "Wolf down the earth" a également un air de déjà entendu. Mais la suite qu'est "Vacuity" est également dans la tradition landaise : un martelage perpétuel, lourd, puissant, avec des passages clairs inspirés. Un "single" des plus efficaces. Malgré tout cela l'accroche est certaine, la force d'interprétation faisant le reste. La clôture sur le titre éponyme est un régal, un riff toujours aussi tranchant, des roulements, une rythmique soutenue à la double pédale, du chant clair et des cassures toujours aussi réussies font de ce titre de 7 minutes une parfaite conclusion à laquelle on peut ajouter un titre "caché" ambiant largement dispensable.

 

Cet album tournant autour de la mort, et de ses symboles dans diverses sociétés, (se rapporter aux titres et paroles) est à apprécier dans son ensemble. Les compositions sont parfois surprenantes, souvent efficaces bien que partiellement attendues. La production est quasi parfaite et le son de la batterie est digne des performances de Mario Duplantier. Les deux guitares nous offrent ce qu'elles savent faire de mieux. Quant à la basse, bien que quelque peu en retrait, elle ajoute à l'excellence de la section rythmique. Un album qui, derrière sa puissance, cache une finesse peu commune dans la scène extrême, plaçant ainsi Gojira sur l'Olympe du métal français.

photo de Tookie
le 17/10/2008

4 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 17/10/2008 à 11:45:38

Je n'arrive pas encore à me le mettre en tête, mais le peu que j'ai entendu me semblait intéressant !

Domain-of-death

Domain-of-death le 17/10/2008 à 14:11:03

Un trés bon album ! Plusieur éléments son assez originaux et peuvent choquer de leur par (le chant sur a sight to behold) mais le groupe n'a rien perdu de sa qualité !!

Finisterra

Finisterra le 21/10/2008 à 11:14:06

Un album vraiment pas décevant. Nos frenchies ont su garder leur brutalité d'origine tout en évoluant et en prenant des risques!

cglaume

cglaume le 25/12/2024 à 17:59:33

Découvert sur le tard, autrement dit bien après que les étoiles From Mars To Sirius se soient éteintes dans mes yeux, The Way of All Flesh offre une belle prolongation du kiff de 2005, avec toujours ces riffs dantesques, cette profondeur de champs, ce groove de fin du monde, et cette pachydermie hautement sexy. Mentions spéciales au vertige Oroborus, au groove trepaliumesque de A Sight to Behold, au séisme Yama's Messengers, à la fresque The Art of Dying, à la noirceur, puis au renoncement grandiose de Wolf Down the Earth, et puis bien entendu au morceau-titre.

"... Où tu iras, Gojira !"

8,5/10

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