Gojira - Magma

Chronique CD album

chronique Gojira - Magma

Scène de la vie ordinaire : 

"-Il y en a un peu plus, j'vous le mets quand même ?
-"Vous savez, nous sommes quatre basques metalleux, alors plus il y en a, mieux c'est.
-J'vous préviens, c'est un peu onéreux, mais sincèrement ça vaut le coup !
-Vendu !"

Gojira, sortant de son marchand de burnes.
 

Parce qu'il faut avoir un sacré paquet pour balancer un album pareil.
Autant être clair et direct : il y a autant de raisons valables d'adorer que d'arguments objectifs pour détester cet album. Si tu ajoutes la subjectivité et la sensibilité face à une oeuvre artistique, le net va compter une paire d'heures d'empoignes sur l'album le plus couillu du groupe.

Après un "Enfant Sauvage" correct, passable, efficace mais malheureusement totalement réchauffé voire carrément autoparodique, Gojira sort de ses sentiers trop battus pour fouler une "terra incognita". Le groupe met les choses à plat dès la première piste "The shooting star" : tu vas écouter du Gojira, mais pas vraiment celui que tu connais.
Ce premier morceau ne comporte que du chant clair, hyper produit avec une bonne grosse réverberation. Pourtant on repère direct le toucher du batteur, on a le son inimitable de la guitare et le riff qui tranche sec pour donner naissance à un nouveau style bien personnel. 
Sauf que c'est pas mal perturbant : on dirait Killing Joke qui reprend du Gojira avec cette éternelle ambiance chamanique posée sur fond de cymbales résonnantes.
Le genre de morceau qui a tout pour arrêter les moins persévérants ou au contraire, exciter les plus curieux. En tout cas, la transition entre le Gojira du passé et la version 2016 est violente.
 

Avec "Silvera", le second single, on mesure combien le groupe a viré musicalement. On s'était fait les dents avec le clip (magnifique soit dit en passant), histoire de s'habituer au nouveau son du groupe. Le changement est  alors moins brutal, pas la musique.
Les cris clairs de Duplantier prennent une place considérable et finalement, le gras s'efface presque totalement pour un chant extrêmement intense et autrement puissant. Car, à l'instar de "Stranded", le choix a été fait de continuer à faire puissant, direct, tout en se détachant du death.
 

S'en détacher sans lui tourner le dos complètement. Avec des titres comme "The cell", le groupe prouve qu'il sait encore ratatiner des gueules à grand renfort de double pédale et de riffs lourdement bondissants. Il y a aussi le cas de "Pray" qui, avec son intro rappelle les montées en puissance à la "The art of dying" sur "The way of all flesh".
Si Lavoisier avait été un fan de metal, il aurait dit que "le Gojira d'avant ne se perd pas, il se transforme".

Mais il y a aussi un lot d'étrangetés, à commencer par le très Black Sabbath-ien "Yellow stone", interlude improbable qui ouvre vers une seconde moitié d'album assez décontenançante à commencer par la piste éponyme de l'album.
Parce qu'après tout, le chant vocodé, posé, on connaissait. Même que l'intro de "Magma" n'est pas originale pour deux ronds avec ce grattage bien familier...sauf qu'à 40 secondes, la limonade commence à changer.
Les ambiances sont nettement marquées, la guitare offre un son totalement inédit qui agacera autant qu'il marquera. 

Gojira se revisite constamment, se révolutionne même, y compris lorsqu'il fait du crissing sur "Only pain", y compris lorsqu'il veut être efficace à grand coup de syncopes et hache menu ("Pray").
Mais lorsque son approche est plus "classique", son travail est bien amené, avec une constante exploration de toutes les musiques. La clôture sur "Liberation", laisse aux ambiances orientales : énième preuve que le groupe est imprégné de bien des influences et qu'il en ressort aujourd'hui un metal hybride.

Dans le monde parfois trop convenu du metal, Gojira ose prendre une voie quasi-expérimentale poussée par une production énorme. La bande garde bien certaines grandes lignes bien connues (entamées sur "From Mars to Sirius" et "The way of all flesh"), sa lourdeur massive, si caractéristique, mais elle casse les rythmes, les sonorités, en bref : toute sa routine musicale.
Avec des codes, parfois surannés (le groupe a déjà 20 ans) aujourd'hui brisés, Gojira risque de mettre quelques fans de côté (tout en en gagnant d'autres), un peu perdus face aux choix du groupe qui sort peut-être là son "Roots", son "Load" ou son "Illud Divinum Insanus". Qu'importe si l'audace est à ce prix, lorsqu'elle est aussi flamboyante.

photo de Tookie
le 06/06/2016

12 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 06/06/2016 à 08:49:18

à 99% d'accord avec toi...
Gojira brise ses basiques pour mieux se reconstruire.
Je rajouterais peut être que "Yellow Stone" m'a fait penser à "Thorn Within" ou "Bleeding Me" de Metallica.

cglaume

cglaume le 06/06/2016 à 12:16:58

vais p't'être bien me remettre à Goji' moi tiens !

daminoux

daminoux le 06/06/2016 à 12:51:06

la mème chose que le lapin jaune.

Xuaterc

Xuaterc le 06/06/2016 à 13:52:20

Il serait temps :-)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 06/06/2016 à 17:44:15

Je vais sacrifier à la dogma.

Bob Boby

Bob Boby le 07/06/2016 à 04:19:17

Vous faites tous parti d'un webzine ou vous avez trouvé un leak quelque part ? :D

pidji

pidji le 07/06/2016 à 08:25:49

Haha Xuaterc fait effectivement partie du zine et a également eu accès à l'album ;)

Gilles

Gilles le 07/06/2016 à 09:41:54

Son ""Illud Divinum Insanus"???
Donc c'est album est une merde???

Tookie

Tookie le 07/06/2016 à 09:59:05

Haha! Je l'attendais celui-là ! (C'était le petit troll de fin)
Pour résumer : Un album qui attirera autant les foudres que les louanges, qui divisera la fan-base.

cglaume

cglaume le 07/06/2016 à 12:17:34

Pfffff: il est très bien "Illud Divinum Insanus" d'abord !!! :P

Xuaterc

Xuaterc le 07/06/2016 à 13:03:31

C'est le seul Morbid Angel que je possède :-)

Dams

Dams le 09/10/2018 à 12:20:02

2 ans après, c'est toujours un plaisir d'écouter cet album. Il fallait le faire, ils l'ont fait !

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