Hammers Of Misfortune - Overtaker

Chronique CD album (43:59)

chronique Hammers Of Misfortune - Overtaker

Sur CoreAndCo, on aimerait croire en un monde meilleur où tous les passionnés de musique se tiendraient par la main. "… avant de sauter dans le vide", me souffle le serial misanthrope que vous avez déjà croisé dans nos colonnes sous le nom de Crom-Cruach – notez que nous ne sommes pas tous aussi nihilistes (je crois même que certains membres de la team auraient un PEL)... Dotés de cette foi inébranlable en une humanité réconciliée autour d’une playlist partagée, c’est tout naturellement que l’on réserve en nos pages un accueil chaleureux à ces rares albums susceptibles de rassembler des oreilles ne se mélangeant habituellement pas. Et Overtaker est justement de ces opus fédérateurs, même s’il se contente de lancer un pont entre deux publics particulièrement « de niche » : les fans de Thrash technique d’un côté, et les amateurs de sophistication avant-gardiste de l’autre. Un petit pontinounet, donc, entre les lapins jaunes et leurs copains aux ongles crados et doigts véloces à ma gauche, et les Xuaterc à cravate en soie et boutons de manchette en onyx à ma droite.  

 

Qu’y a-t-il donc derrière cette pochette à la Druillet qui puisse plaire tant aux uns et aux autres ? Un guitariste-compositeur particulièrement impressionnant, John Cobbett, qui évolue également au sein de Ludicra – groupe de Black progressif xuaterquien – et de Vhol – pot-pourri de l’extrême ayant déjà essaimé dans la collec’ Bandcamp de votre interlocuteur. On y trouve également, depuis deux ans déjà, Blake Anderson, ancien batteur de Vektor – ainsi que son pote Frank Chin à qui il a proposé de poser sa basse sur deux des morceaux nouveaux. Et pour donner des gages aux amateurs de Metal expérimental, l’album peut s’enorgueillir d’un solo de clavier posé sur « Vipers Cross » par nul autre que Steve Blanco d’Imperial Triumphant. Les amateurs de vitesse et de précision pourront faire des « Oh » et des « Ah » en découvrant les exploits de John qui riffe ventre-à-terre, claque des mélodies spatiales à t’en décrocher les étoiles (l’ouverture de « The Raven’s Bell »), pratique le tapping comme si Eddie Van Halen arbitrait la compétition (cf. le début de « Ghost Hearts »), et balance des solos à gogo (tournée générale sur « Overthrower »). De son côté, l’amateur de sonorités absconses se laissera séduire par un couple de sirènes maniant le micro telle une baguette magique ayant le pouvoir de transformer l’album en un dark cabaret baroque. Ainsi que par des atmosphères rétro-futuristes de Barbarella gothique, des effluves psychédéliques brumeuses (notez l’utilisation intensive de claviers, orgue Hammond, mellotron et leurs amis), et plus généralement des détours nombreux et nébuleux, où l’oreille trébuche, le regard se noie et les sens se perdent.

 

Donc, d’un côté Nasty Savage, Believer et Voivod. Et de l’autre Unexpect, Sigh et une version Thrash d’Ebony Lake. Mi Lapin, mi Xuxu, comme je vous le disais.

 

Si l’album impressionne de bout en bout, il gagne ses plus beaux galons sur un « Don’t Follow The Lights » agrémenté d’un supplément de fougue Speed Metal old school – limite Punk. Mais ne vous y trompez pas : ce titre n’est pas LE pic de l’album, juste le premier élément d’une liste gourmande. On lui adjoindra donc « Ghost Hearts », avec son début à la « Orion » (Metallica) et ses guitares folles, « The Raven’s Bell », « Orbweaver » et ses éclats de groove gorodien, mais aussi « Overthrower » qui, selon mes canons esthétiques lagomorphes, aurait dû clore l’album en fanfare. Parce que, arf, « Aggressive Perfection », la voiture-balais véritable de ce beau défilé, démarre sous des auspices bien trop basiquement Rock graisseux, et retombe par moments dans les travers d’une perte de focalisation un peu usante. Enfin, rien qui n’entame trop sévèrement l’excellente impression que laisse cet album particulièrement extravagant. Alors ne restez pas (h)amers, et participez activement, vous aussi, à l’élection de cette bien belle Miss Fortune (… cette conclusion atrocement poussive vous est offerte par l’amicale des anciens abonnés à l’almanach Vermot).

 

 

PS : je n’ai même pas pris le temps de vous parler plus que cela du groupe, damned. En fait, on est carrément à la bourre sur ce dossier : Hammers of Misfortune s’est formé en 2000 et Overtaker est déjà son 7e album ! Il débarque complètement le lapin… À noter que parmi les membres fondateurs figure une ex-L7 (Janis Tanaka), que la formation est passée entre les mains de Cruz del Sur Music, puis Metal Blade, avant de s’en retourner à l’autoproduction, et que l’on peut remonter à 1995 pour signaler des débuts « proto » enregistrés sous le nom d’Unholy Cadaver – groupe dont j’avais eu la première démo entre les pattes, et dont la 3e piste, intitulée « Hammers of Misfortune », ne m’avait à l’époque pas plus convaincu que le reste de la tracklist…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Vous aimez le Thrash virtuose qui cavale et éblouit, mais également l’Avant-Garde Metal qui se pâme dans les backrooms d’un cabaret baroque ? Si vous aviez pu monter un festival à votre goût, les têtes d’affiche auraient été Vektor, Nasty Savage, Unexpect et Sigh ? Alors arrêtez immédiatement ce que vous êtes en train de faire, et allez fissa vous envoyer Overtaker !

photo de Cglaume
le 06/04/2023

4 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 06/04/2023 à 09:57:48

Hammers Of Misfortune et Ludicra, deux groupes dont je vais m'empresser d'écouter les albums, merci pour les découvertes

cglaume

cglaume le 06/04/2023 à 10:11:38

Y a moyen que ça moyenne !!

8oris

8oris le 06/04/2023 à 11:11:50

Y a moyen que je m'y penche aussi! ^^

cglaume

cglaume le 06/04/2023 à 11:31:09

Pour peu qu’on aime les savants casse-têtes, y a à manger pour tout le monde ! 🙂

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