Hellix - Montage
Chronique CD album (50:01)

- Style
Avant-Garde Tech-Thrash - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
03 November 2023 - écouter via bandcamp
« Bonjour ! C’est bien ici l’accueil des oubliés du Top 2023 ?
- C’est bien là, oui. Vous êtes ?
- Hellix, VRP en Tech Thrash tokyoïte.
- Attendez voir… En effet, vous êtes sur la liste ! Allez, rentrez : Draw Me a Sheep, Night Verses, Gross Reality et Thornafire vont vous faire une petite place. En revanche ne prenez pas trop vos aises : je sens que vous n’êtes pas le dernier à toquer à la porte… »
Oui, je sais : la période actuelle est plutôt aux bonnes résolutions 2025. Mais que voulez-vous : l’arbre de l’actualité ne doit pas cacher la forêt de la bonne musique. Et « bonne », le mot est faible pour qualifier Montage, seul et unique album du presque one man band Hellix. À son propos vous entendrez parler de « Progressive Thrash Metal ». Eux-mêmes – enfin lui-même, le bassiste / chanteur Naoki Kaneko étant la seule réelle force motrice derrière le groupe – parlent de « Dramatic Thrash Metal ». Mouaif… C’est plus « Fantastic » que « Dramatic » cette histoire ! Et « Technic », même, plus encore. Car ce nouveau venu – formé en 2015 quand même, mais n’ayant sorti qu’un EP en 2017 avant cet album – boxe sur le même ring que les Chiliens de Demoniac, quoiqu’en lorgnant avec bien plus d’insistance sur le magot de Voivod. Pour le dire autrement, imaginez une version Avant-Garde Metal de Vektor, fermez les yeux, formulez votre premier souhait au bon génie, et Shazam!, dans un nuage de fumée apparaitra Hellix, le nouveau meilleur copain de vos playlists !
Au passage « Hennka » aurait été un patronyme plus logique pour Naoki Kaneko. « Hellix », ça collerait mieux à un Luke Xu….
« Qu’est-ce qu’il dit le fada de CoreAndCo ? Il est encore en plein trip ?
- Arf, je crois qu’il pensait que le blaze des zigs s’orthographiait LX. Ou alors c’est juste qu’il a un humour complètement con. Oui, c’est l’explication la plus plausible maintenant que j’y pense… »
Bon alors je parlais de playlist, mais la vérité c’est que Montage n’est pas vraiment adapté à ce format. Entre la piste introductive (trente secondes de minimalisme à la con), « 0 » et sa grosse minute de menaces larvées proférées par un orgue autiste et son violoncelle de compère, et la durée moyenne des autres titres (qui font entre 7 et 11 minutes), il n’y a pas ici de candidat naturel à la constitution d’une playlist Thrash Qui Clashe équilibrée… Mieux vaut écouter ces 51 minutes d’un trait. Ce qui est d’autant plus facile que de l’action, il y en a ici. Il faut dire que les acteurs de ce film d’aventure SF sont aussi blufants les uns que les autres. Qu’il s’agisse du batteur (entre souplesse Jazz et volées d’un bois vert mais précieux), du bassiste (tantôt funky, tantôt dodu, tantôt Cyniquement fretless) ou du(des) guitariste(s) (qui a suivi une double formation de dentelier / pilote de F1), il ne s’agit que d’artisans qui maîtrisent leur art comme Kasparov son échiquier.
Et cela se traduit par des compositions où vélocité, audace, tranchant et virtuosité folle se volent la vedette les uns après les autres. Sur de telles durées et dans une tel registre, on n’extraira pas un ou deux tubes à l’efficacité « Pop ». En revanche on conseillera en priorité aux curieux de se lancer dans « Coffe Break » qui soufflette vertement le visage dès les premières secondes de ses saccades et bourrasques vives. On grapillera de multiples petits fours lors du banquet « The Sufi » – notamment ce génial riff de lead brisée qui jaillit vers la barre des 4 minutes, rejoint plus tard par un piano guindé. On se goinfrera tout autant – plus même – sur le long « Es », qui groove de folie à 4:05, et fonce comme un dératé à 1:22.
Il y aurait là matière à disséquer, analyser, questionner… Mais nul rat de conservatoire ne s’agite de ce côté-ci de l’écran. Ici on ne sait que kiffer. Et ça tombe bien : Hellix offre de multiples occasions de se livrer à cette délicieuse activité. Alors si vous aimez autant ressentir la fièvre de la vitesse que l’extase cosmique procurée par l’observation d’une entité infiniment fractale, plongez-vous oreilles et âme dans cet OVNI qu’on espère n’être que l’éclaireur d’une nombreuse escadrille.
La chronique, version courte : et si Demoniac (les Chiliens !) avaient un frangin japonais fan de Voivod ? Et si Vektor s’était laissé aller à plus d’avant-gardisme ? Eh bien le Tech Thrash progressif obtenu aurait sans aucun doute buriné les chairs auriculaires et écarquillé les pupilles dans des proportions similaires à l’effet produit par Montage. Hellix : du Tech Thrash fantastix truffé de délicieux « special FX » !
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