Insanity Alert - Moshemian Thrashody

Est-on vraiment obligé de choisir entre fun et dérouillée métallique ? Pas besoin de noircir une copie double de bac philo pour apporter une réponse à cette question : pas forcément, non ! Insanity Alert, héraut d'un Crossover Thrash rimant autant avec hilare qu'avec bagarre, le prouve sortie après sortie. Et Moshemian Thrashody en fournit une nouvelle et brillante démonstration. Mais vous aurez compris de quoi il retourne puisque tout est dit dans le titre et la pochette : aujourd'hui les Autrichiens ont décidé de détourner de grands classiques, ceci dans le cadre joyeusement crétin d'une version destroy de Wayne's World. Vous aurez sans doute deviné quelles sont les victimes de ce raid "Grosses covers" Thrash étant donné que leurs trognes se retrouvent (...plus ou moins bien...) caricaturées dans la vitrine artworkesque de l'objet : les Guns n' Roses, Iron Maiden (pas le plus évident si l'on ne se fie qu'à la trombine du conducteur), George Michael et Queen. Vous noterez au passage la sympathique mise en abyme réalisée pour l'occasion, l'ami Freddy étant à la fois présent devant, et dans l'autoradio.

Quatre titres, donc, pour un EP-'cahuète rapidement ingurgité, une bière à la main et une banane franche imprimée en travers de la trogne. Car vous vous en doutez : ces covers sont loin de respecter le format et « le sérieux » de leurs modèles. Ainsi des textes délicieusement débiles sont substitués aux originaux, tandis que la durée moyenne de ces reprises se voit divisée par deux, aidée en cela par une attitude qu'on pourrait globalement résumer par « le pied droit au plancher, le pied gauche dans ta gueule ».

Grosso-modo (… très grosso, même, pour être honnête), pour arriver à ses fins, le groupe a adopté deux approches distinctes : le relooking sauvage pour « Welcome to the Jungle » et « Careless Whisper » Vs l’accélération respectueuse pour « Fear of the Dark » et « Bohemian Rhapsody » – certains monuments supportant, il est vrai, moins la profanation que d'autres.

L'aventure démarre en compagnie d'un Axl Rose enfin redevenu dangereux : « You know where you are ? You're in the moshpit fuckface : you're gonna diiiiiie ! ». Sales, urbains, punks, les Guns redeviennent brièvement de vilains petits roquets, sourire mauvais en coin et poings rageusement serrés, du genre qui agressent le bourgeois à coups de guitares-rasoirs.

Plus posé en son début, le classique de la Vierge de Fer n'offre tout d'abord que peu de prise au déchaînement Skate Thrash, le groupe se contentant initialement d'imprimer sa marque via des paroles houblonnées et un chant bien plus gouailleur que celui de Bruce. Mais il ne faut pas attendre bien longtemps avant que les zigs adoptent le galop pour vitesse de croisière, le refrain devenant quant à lui l'occasion d'iron mosher.

Grand moment de lâcher-prise, « Beerless Fiesta » refait une beauté à un « Careless Whisper » décidément taillé pour l'exercice (… vous vous rappelez de la version Trve Blague proposée sur Hot Dog Cart Hunger ?). Déboulant à fond les ballons telle une horde de crevards dépenaillés bien décidés à se friter avec des surfers à sourire Ultra Brite, les Autrichiens emmènent ce tube au-delà de leur registre habituel puisqu'ils nous offrent quelques incartades Death Metal du meilleur goût (… eux y voient du Black si l'on se fie à leur clip). Et le juge de touche est formel : on tient là la plus belle des cartouches de l'EP !

Puis arrive enfin « Moshemian Thrashody », variation sur le classique de Queen passée au shaker de guitares fonceuses et inarrêtables. La barre du délire est placée relativement haut, et l'on ricane d'autant plus qu'on arrive à saisir les débilités que ces affreux jojos débitent. Pour autant, aussi maculé de bière et de pizza que soit cette version, elle transpire le respect de l'original – en même temps comment pourrait-il en être autrement ?

Bête, méchant, mais surtout furieusement fun, Moshemian Thrashody est – en termes de consistance – certes plus proche de la cacahuète que du rumsteak... mais n'en reste pas moins indispensable. Car le rire et la 'zic qui défonce, c'est comme le gras : c'est la vie !

La chronique, version courte : pour des versions aussi speedées que joyeusement crossoverisées de « Welcome to the Jungle » (Guns n' Roses), « Fear of the Dark » (Iron Maiden), « Careless Whisper » (George Michael) et « Bohemian Rhapsody » (Queen), c'est par ici que ça se passe, Messieurs-dames !

Cglaume

le 15/05/2024