L.m.i + Vulturepeak - Split
Chronique CD album (29:59)

- Style
Punk/Grunge & Co - Label(s)
Autoproduit - Date de sortie
8 février 2021 - écouter via bandcamp
Le confinement a eu (et, malheureusement peut-être, aura) ça de bon qu’il a obligé les groupes désireux de conserver une actualité à faire preuve de débrouille, de créativité...et de rapprochement.
Ce split de LMI et de Vulturepeak tombe donc à point nommé pour nous signifier que le premier est toujours actif depuis son très bon Excess Subconscious et que le deuxième... existe (bah oui, parce que moi, je ne connaissais pas vu que je ne connais quand même pas grand chose). Qui plus est, ce split nous gratifie d’un double effet kiss-cool aussi rafraîchissant que piquant.
Le premier effet kiss-cool, c’est le plaisir de retrouver LMI en grande forme, en très grande forme même.
Le trio continue de distiller à grand coup d’alambic son punk-grunge-hardcore énervé (“Never Absolute”), versastyle (hop un petit néologisme au passage) et hyper dynamique.
La voix si particulière de Will est toujours au rendez-vous. Comme pour Excess Subconscious, elle froissera les oreilles fragiles de certains et plaira à ceux qui souscrivent avec plaisir aux joies des agressions vocales. Dans tous les cas, elle est plus juteuse, plus acide et tout aussi vociférante que par le passé.
Côté riffing, bon diou d’nom’d’diou, la comparaison sera peut-être dangereuse et mais j’ai eu l’impression d’écouter du Nirvana en mode survitaminé, le côté pop en moins et
où le mal-être dépressif aurait été transformé en mal-être hyperactif.
Et cela se ressent aussi dans la construction toujours si particulière des morceaux, des structures de prime abord simplistes mais qui se révèlent sacrément inventives après quelques écoutes.
Enfin, le son : énorme mais naturel, moderne mais respectueux du grain des instruments, de l’intention et qui rappelle cette patte sonore des groupes indé de grunge/rock criard de la dernière moitié des années 90.
Bref, dans la même veine qu’Excess Subconscious, sans véritable évolution, mais c’est tant mieux car quand on excelle dans un domaine, il n’est pas toujours nécessaire de s’en éloigner pour faire mieux.
Le deuxième effet kiss-cool, c’est la découverte de Vulturepeak. Et là, c’est la foire à la grosse claque.
Plus raw, plus abrasif, plus 90’s, plus à-vif, le trio joue aussi avec les styles et nous délivre un brûlot de...fichtre...je ne sais même pas comment qualifier le trio de Pennsylvanie. Il est temps de piocher dans le chapeau des références que l’on nous ressert à toutes les sauces: imaginez King Buzzo des Melvins sous Gatorade à la guitare, Ben Koller de Converge à la batterie, Brian Cook, de Botch, du verre pilé plein le slibard, à la basse et Greg Pucciato version 3 paquets de Malboro par jour à la voix (“Filth Servant” ).
“Life Gathers” a même des (tout) petits côtés DSBM (je vais me faire reprendre par mes collègues) avec certains passages vocaux impressionnant d’intensité dans l’interprétation. Parce que chez Vulturepeak, ça ne fait pas semblant, ça ne joue pas du bout des doigts mais plutôt à fond les pognes.
Côté son, c’est parfait aussi, différent de LMI mais idéal pour le style de VulturePeak. Tout le monde déborde de tous les côtés et l’impression d’une captation live fait plaisir tout en donnant du dynamisme aux morceaux. Pas d’édits, pas d’overdubs, c’est du 100% pur-vrai et on rentre dedans sans hésitation.
Bref, un excellent split de deux groupes de Pennsylvanie qui, si j’en crois leur bio, se connaissent personnellement aussi bien qu’ils sont ici musicalement associés. Les deux sont plus abrasifs que la ponceuse thermique Hilti de Tonton Franck et si l’un excelle dans une version moderne du punk-grunge et l’autre lui rend la pareil dans un style pas très lointain, plus sombre, mais tout aussi direct.
On aime bien : deux groupes parfaits dans leur style respectif et parfaitement associés, LMI au top de se forme, la découverte de VulturePeak
On aime moins : pas grand chose
6 COMMENTAIRES
el gep le 17/03/2021 à 12:00:08
Non le confinement et la pandémie n'a RIEN eu de bon pour les groupes et la musique, non, non et non. Combien de fois faudra-t-il le répéter?
8oris le 17/03/2021 à 13:06:17
"A toute chose, malheur est bon" comme on dit. Evidemment, la situation des intermittents, des tourneurs est particulièrement difficile, mais j'ai cette fâcheuse tendance à essayer de toujours trouver un côté positif même aux pires situations, entre autres le bandcamp friday, l'augmentation de la consommation en streaming (qui est une source de revenus, certes ridicules par rapport aux concerts mais notable, car la musique ne se "consomme" pas qu'en live mais aussi chez soi), la créativité décuplée des artistes notamment sur les réseaux sociaux (formation de super-groupes le temps d'une cover, live-stream en mode bricolo (cf. celui de Devin Townsend)), la sensibilisation des publics sur la précarité des artistes, augmentation des ventes d'instruments...
Un article intéressant sur le sujet: https://www.midiaresearch.com/blog/independent-artist-creativity-and-innovation-in-the-age-of-covid-19
el gep le 17/03/2021 à 13:33:37
Il reste difficile de voir quelque chose de "positif" dans le fait que quelque chose existe encore dans le monde de la musique, que tout n'est pas complètement à l'arrêt. Et alors? Il manquerait plus qu'il n'y ait plus rien!
Si les groupes ont attendu d'être dans cette situation pour être créatifs, ils peuvent m'embrasser le cul!
"Soyez créatifs" a dit Macron, hein? Quelle abjection de sortir ça! Et c'est ce genre d'attitude qui pourrait être perçue dans ce qui se cache dans ton début de chronique. Je pense bien que ce n'est pas là où tu voulais en venir... et je suis bien content que tu précises ta pensée d'ailleurs, merci.
Mais j'ai décidé de ne rien laisser passer venant de passionnés de musique (Jeanine qui fait son jardin, ce qu'elle en pense, je m'en tape le bulbe sur le terreau) quand on aborde le sujet. Ne surtout pas s'habituer et vanter les joies (même infimes) de cette situation dégueulasse.
"Oh ben quand-même hein, on a le streaming!".
Et les réseaux sociaux!
...
Ouais...
...
Gé-nial.
En passant, allez, faisons tous de la pub pour facepute et faisons tourner encore plus la machine à merde!
Hem, sinon faudra que j'écoute ça, ça pourrait me plaire!
cglaume le 17/03/2021 à 14:29:15
L'est vénère Gepeto. Le parfum enivrant des fleurs sans doute :D
el gep le 17/03/2021 à 15:53:45
Euh je ne m'en prends pas personnellement à Boris, hein, que ce soit clair....
8oris le 17/03/2021 à 16:05:35
Ouais, ne t'inquiètes pas, je ne l'avais pas pris comme tel et je comprends tout à fait ton point de vue...Mais en tout cas, je vais rebosser mes intros de chroniques! :D
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