Major Parkinson - Songs from a Solitary Home

Chronique CD album (46:06)

chronique Major Parkinson - Songs from a Solitary Home

Face aux actes terroristes des fanatiques gérontophobes d’Al Zheimer, face aux irréversibles dégâts provoqués dans les hospices de France et de Navarre par des hectolitres de rhum Atisme frelaté, il devenait urgent de faire appel à un vrai super-héros. Pas l’un de ces pantins pixellisés comme en vomit régulièrement l’alliance insipidissime de Marvel et d’Hollywood. Pas un Captain America en slip, ni un Thor et à travers. Non: pour sauver la veuve et le grabataire, pour redresser les torts et les vieux chapiteaux déviagraïsés, mieux que l’Agence Tout Risque, il y a … Tadaaaaaaaam: Major Parkinson!!!

 

Bon, cette intro est objectivement très con, et n’apporte aucune information sur cette époustouflante formation norvégienne qu’est Major Parkinson. Faute avouée est à moitié pardonnée… Non? Compensons donc en allant à présent droit au but: Songs from a Solitary Home est le 2e album du groupe, et c’est une véritable merveille. On y trouve l’enthousiasme et l’accroche sautillante de 6:33 et Moron Police, la folie sous-contrôle-ou-presque et les confidences de Polkadot Cadaver, et la classe avant-gardiste mais très accessible de ses compatriotes d’Atrox et Vulture Industries. S’il fallait donner un nom à la musique produite, on pourrait parler de « Cabaret Nawak Metal », le côté cabaret provenant d’une profusion d’ambiances ouatées, de parties de piano espiègle, d’un chanteur « Mr Loyal » à la diction délicieusement croustillante, ainsi que d’une touche « oldie » qui sent tantôt les années 30s, tantôt le vieux saloon, tantôt la fête foraine couleur sépia.

 

Pour simplifier, parmi les GROS points forts de Major Parkinson, il faut compter 1) son chanteur, 2) son bassiste, et 3) son aptitude à écrire des titres à la fois irrésistibles (et donc « simples », serait-on tenté de croire) et capables de suggérer beaucoup, posant des atmosphères riches et merveilleuses. Côté micro, Jon Ivar Kollbotn manie aussi bien les confessions chuchotées que les déclamations officielles, le whisky velouté d’un Leonard Cohen que la gouaille Joe Cockeresque (« Heart of Hickory ») et les pur craquages de string Nawak. Côté basse, Eivind Gammersvik agite sans relâche les gironds atours de son instrument jusqu’à ce que l’on ne puisse plus éviter de se trémousser comme des toons excités. Et côté travail de composition… Que dire? C’est le rêve du nawakophile qui jubile lorsque son genre de prédilection réussit à se faire tubesque et à être fou sans sombrer dans le n’importe quoi.

 

Du coup j’ai envie de consacrer un petit paragraphe à la description de ces morceaux qui font de cet album bien plus qu’un simple CD perdu au milieu de nos étagères: un véritable ami, avec sa personnalité, sa chaleur et son penchant prononcé pour la fiesta. Petit best-of, donc, qui ne retire rien à l’excellence des titres qui n’auront pas eu droit de cité dans les lignes suivantes: le jour se lève sur « Solitary Home », ses pulsations de basse, ses orchestrations et les exhortations d’un Jon incroyablement bavard et très persuasif. Avec « Teenage Mannequins », on part ensuite vers le grand Ouest américain au volant d’une belle décapotable dont l’autoradio lâche de pleines grappes de « Chou Wap, Chou Wap! » enjoués. Premier des gros hits de l’album – essayons d’en distinguer quelques-uns – « Simone! » tombe dans le Badaboum Metal pur et dur, au sein du monde merveilleux de 6:33 et de ses amis. Et le prochain hit ne se tient pas bien loin car il dégaine sa baballe en caoutchouc dès les premières notes de « The Age of the Paranoia ». « Dance With the Cookieman » pourrait n’être qu’une chanson rétro hyper accrocheuse pour danseuse-automate à mécanisme à ressort… Mais celle-ci se termine sur une courte minute de Nawak « Electro » bourdonnante qu’on croirait tout droit sortie de chez Godswounds, apportant pour l'occasion un deuxième effet Kiss Cool carrément juteux! Du coup, vu que je fais quasiment du track-by-track, je serai tenté de zapper « Trampoline Superstar », sauf que ce morceau joyeusement fonceur ne supporte pas l’anonymat, et peut largement prétendre au titre de 3e gros tube de l’album… Quoiqu’il n’arrive pas à rivaliser avec l’accordéon folk et les sautillements excellents de « Heart of Hickory », dont le chant féminin additionnel nous emmène dans l’univers affriolant des Stolen Babies. Et puis on se mordra les lèvres et le clavier pour ne plus évoquer qu’un dernier morceau, « The Transient », qui clôt l’album avec la classe et le cœur du Toehider de Not Much of A Man, la larmichette que l'on devine alors couler n’enlevant rien à l’optimisme que l’on peut lire dans ces yeux-là.

 

Ah put***, que n’ai-je écouté cet album à sa sortie, en 2010, pour lui faire les honneurs de mon tout haut de Top de fin d'année! Du coup, bien que l’on m’ait dit que l’album suivant – Twilight Cinema – est bien plus sombre et bien moins Nawak que ce 2nd opus, je vais me sentir obligé de l’acquérir pour vérifier cela par moi-même. Et puis il nous reste également le tout 1er à évaluer... Excitation et impatience! En attendant ne masochistez donc pas ainsi en restant dans l’ignorance crasse d’un cocktail aussi nawakement vivifiant: appelez Major Parkinson, et vous verrez fuir super vilains, idées noires et musiques moisies!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: l’accroche et la folie de 6:33 et Polkadot Cadaver tempérées par le flegme avant-gardiste de la Norvège, le tout au service d’un « Cabaret Nawak Metal » incroyablement accrocheur… Il n’aura fallu que quelques petites semaines pour que Songs from a Solitary Home devienne l’un de mes tous meilleurs amis discographiques! 

photo de Cglaume
le 01/06/2016

3 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 01/06/2016 à 21:07:28

QUOI?! Norvège, avant-garde, cabaret... Comment ai-je fais pour ne jamais en entendre parler? Lapin, je t'accuse de rétention intentionnelle d'information, j'aurais ta peau un de ces jours...

Baptiste R

Baptiste R le 01/06/2016 à 22:13:48

Une chronique géniale à la hauteur de l'album en question. Une petite coquille à "Vulture IndUstries" mais c'est pardonné ;) Twilight Cinema est encore mieux selon moi, mais par contre bon courage pour le trouver, le groupe a tout vendu et réfléchi actuellement pour un second pressage.

cglaume

cglaume le 01/06/2016 à 23:37:03

Merci Baptiste. Et pour Vulture Industries, le mal est réparé (...ainsi que le lien vers la page CoreAndCo du groupe par la même occasion !). Je ne perds pas espoir de mettre la main sur le petit dernier en tous cas ;)

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