Master Boot Record - HARDWAREZ

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Un peu comme pour Thy Catafalque récemment, le passage de Master Boot Record d'un projet solo et en studio à une formation qui donne des concerts, et pas qu’un peu, accompagné de deux musiciens, un batteur et un guitariste soliste — en l’occurrence Giulio Galati et Edoardo Taddei — n’a pas été sans conséquences sur l’évolution de MBR. À n’en pas douter, 486DX-33MHz-64MB a été poussé dans cette direction suite à sa signature sur le label Metal Blade Records, qui a déjà publié trois albums du groupe, ainsi que la bande-son du jeu vidéo VirtuaVerse, depuis 2020. Ce tournant ne concerne pas forcément la manière de composer, qui reste entièrement basée sur la programmation MIDI, avec de constantes petites ou grandes améliorations au niveau de l’équipement utilisé. Cependant, ce passage à un groupe live a influencé les intentions musicales et le résultat final. Le petit nouveau a été baptisé HARDWAREZ, un mot-valise combinant les termes « Hardware » (qui désigne le matériel informatique) et « Warez » (référence à l’univers des cracks, logiciels piratés et keygens).

Dès le début de la phase d’écriture, amorcée par le titre « CPU », il était évident pour le musicien italien que l’occasion se présentait pour tester les vrais overdubs de guitare. En conséquence logique, les guitares sont plus présentes : le riffing est agressif et heavy (l'intro de « GPU » me rappelle la repise de « Transilvanian Hunger » par A Space Love Adcenture). Pour l'occasion, 486DX-33MHz-64MB a demandé à Edoardo Taddei d’enregistrer la plupart des leads, doublant parfois ceux de synthé et des solos pour enrichir la texture sonore. La batterie reste pour l'instant une boîte à rythmes, mais il n’est pas exclu qu'à l’avenir un véritable batteur intervienne. Ainsi, l'humain prend peu à peu une place de plus en plus importante dans cette musique originellement 100% digitale.

Les thématiques abordées, elles, restent fidèles à l’univers de MBR. Toujours instrumentale, sa musique continue de glorifier les technologies et de s’ancrer dans un metal qui se situe entre modernité et old-school, sans tomber pour autant dans les clichés du steampunk. MBR démontre encore une fois que l’alliance entre modernité et tradition peut revêtir dautres formes originales. S’il utilise sur scène un Commodore 64 et un Amiga 500 branchés sur des écrans CRT, en studio, il se sert des technologies de MAO (musique assistée par ordinateur) les plus avancées. Un peu comme moi, 486DX-33MHz-64MB devait sans doute pratiquer le rétro-gaming avant que les jeux ne deviennent "rétro".

Déjà le douzième album, en plus de quatre EP, depuis 2016, année de création de Master Boot Record, (ainsi que quatre albums pour Keygen Church et une centaine de reprises de musiques de jeux vidéo). Pourtant, avec HARDWAREZ, MBR réussit à se renouveler une nouvelle fois et à faire évoluer son univers sonore. Ce nouvel opus, tout en approfondissant le style déjà bien ancré du projet, élargit son spectre musical en intégrant davantage d’éléments issus du metal et de l'instrumentation live, tout en conservant son esthétique cybernétique et rétro-futuriste. HARDWAREZ ne se contente pas d'explorer de nouveaux horizons sonores, mais démontre aussi la capacité de MBR à rester créatif, pertinent, et à capter l’attention des amateurs de musique extrême et électronique, un exploit pour un projet qui en est déjà à son douzième opus en sept ans. À travers cette nouvelle production, Master Boot Record prouve une fois encore que l’innovation musicale est sans fin et qu’il parvient à allier expérimentation technique, nostalgie assumée et approche avant-gardiste avec un savoir-faire unique, captivant son public au fil de chaque sortie.

Xuaterc

le 24/01/2025