Monox - Perception Changes

Chronique CD album (34:02)

chronique Monox - Perception Changes

La Croatie est un pays magnifique. Des villes chargées d’histoire, une Méditerranée préservée de la pollution et du bétonnage outrancier des côtes touristiques, de superbes parcs nationaux, une gastronomie riche d’un climat bienveillant et d’un indiscutable héritage italo-vénitien… Faites confiance au Lapin Routard: laissez tomber votre emplacement D112 au camping de La Grande Motte, et allez plutôt vous décrasser les neurones là-bas lors de votre prochain stage de bronzage de nombril!

 

** CoreAndColonies de vacances: des destinations inouïes, des séjours réussis, garantis sans blennorragie! **

 

Mais peut-être n’étiez-vous pas venu ici pour préparer vos congés estivaux 2016? Certes... Alors si l’on réoriente notre visite des alentours de Rijeka vers un tourisme plus musical, j’ai bien peur que les affiches et prospectus disponibles sur notre comptoir ne deviennent moins aptes à vous mettre l’eau à la bouche. C’est que nous avions déjà exploré les environs à la recherche du meilleur du Nawak Metal… Et bien que loin d'être lamentable, Hesus Attor – l’expert local en la matière – avait peiné à nous stimuler positivement les capteurs.

 

Sauf qu'aujourd’hui, c’est dans le domaine du Modern Death technique que les contrées méridionales d’ex-Yougoslavie tentent de nous convaincre. Du moins c’est le message que le responsable promo essaie de faire passer, celui-ci listant Gojira, Meshuggah, Cynic et Death parmi les totems autour desquels Monox est censé avoir l’habitude d’effectuer sa danse de la guerre. Sur la page Facebook du groupe, le discours diverge sans être beaucoup plus pertinent, le style affiché y étant un mélange de Death mélodique et de Groove Metal. Arf… La vérité c’est que le groupe joue un Death Metal accidenté, retors, rebrousse-poil, qui vomit son malaise sur des tempos lents et boiteux, des rythmiques invertébrées et des riffs en plomb fondu dégoulinant mollement dans le giron d’une prod’ un peu terne… Il y a bien une poignée de saccadounettes de temps à autres, mais rien de plus que quelques cahots sur un chemin bourbeux et malaisé. De Gojira on ne trouvera guère qu’une certaine pesanteur massive, de Meshuggah que des chemins tortueux et inconfortables, et de Cynic une basse mise arbitrairement et exagérément en avant dans le mix (elle claque sur « Babylon Tower », « Cascading Visions » et « Graced By Error » puis se laisse oublier), ainsi que quelques rares voix vocodées. Et de Death? Rien.

 

Du coup le métalleux bon vivant ne trouve pas grand-chose à se mettre sous la dent sur ce 1er album d’un groupe ayant tout de même 13 années d’existence – parmi lesquelles quelques hauts faits comme un concert lors de l’édition 2010 du Metal Camp voisin, et une première partie de Crowbar. C'est que ça ne respire pas franchement la joie de vivre ici, ni les mélodies lumineuses. Si j’avais pour mission de vous vendre ce Death tortillonneux à l’aide de comparaisons avantageuses, je parlerais sans doute d’une version sobre et moderne d’un mariage entre Execration et Ebony Lake, en n'oubliant pas de souligner que les mornes complaintes dans la brume émises par nos amis se font soit par le truchement d’un growl Lars Goran Petrovien vomitif, soit en protestant avec l'acrimonie d'un shriek-bureau-des-réclamations. Mais l’album ne possède ni la profondeur occulte du gang d'Oslo, ni la sophistication du Lac d'Ebène. Et hormis un milieu d’album moins maussade (fort d'un « Sinking Upwards » qui mérite même le statut de morceau carrément sympa, notamment grâce à un final plus Thrash que la moyenne), il faut bien reconnaitre qu’on ne se contente pas de s’ennuyer à l’écoute de Perception Changes: on finit même par se sentir vaguement vasouilleux, comme corrompu par un mal-être audio-transmissible pernicieux.

 

Si vous aimez que le Metal vous malmène – pas à coups de massue dans la trogne, ni via un viol sacrificiel hein, mais au cours d’un empoisonnement vicieux au jus d’amiante –, la tambouille de Monox fera sûrement votre bonheur, d’autant que le groupe est plutôt compétent, techniquement parlant. Si par contre vous aimez le groove, la puissance frontale, les mélodies enflammées, la vitesse ou les chevauchées victorieuses, passez votre chemin: Perception Changes n’est que brumes inconsistantes, Death lourdement désarticulé et lignes fuyantes… Brrrrrrr, vite: un grog et un petit Illdisposed!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: certains trouvent que la flanelle est un tissus très élégant et raffiné, bien que pas toujours très confortable à porter. Perso, pour moi cela a toujours été l'Horreur faite textile, et – plus concrètement – une matière absolument insupportable. Je suppose que les uns et les autres auront une perception identique du Death pratiqué par MonoxPerception Changes étant la parfaite incarnation de ce que pourrait être un album de « Flanelle Death Metal ».

photo de Cglaume
le 12/11/2015

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