Nanowar Of Steel - Italian Folk Metal

Chronique CD album (52:10)

chronique Nanowar Of Steel - Italian Folk Metal

Les blagues les plus courtes… mon cul ! Cela fera bientôt 20 ans que Nanowar chatouille la sensibilité des métalleux obtus avec sa grande épée of fire and chibre, pour un résultat plus efficace encore contre le stress que tous les canards vibrants et les relax-rabbit vendus dans les pages Bien-être du catalogue La Redoute. La performance de ce traitement contre le Co[ro]nnard Viril est telle que ce sont cette fois les laboratoires Napalm Records qui ont décidé de produire et de diffuser la bonne parole dans tous les vaccinodromes de France, de Transalpinie et de Navarre. Mais oui : Nanowar hébergé par un gros label, Iced Earth au Capitole, Ultra Vomit sous les ors de la République… Ceux qui n’avaient pas capté que 2021 serait nimp’ ou ne serait pas ne peuvent plus faire semblant de ne pas savoir  !

 

Pour que la machine à pastiches tourne sans gripper, il faut penser à l'huiler régulièrement avec de nouveaux thèmes. Parce qu’on ne peut pas éternellement pondre des riffs ayant pour horizon un 69 entre Joey DeMaio et Luca Turilli, une brouette malgache entre Sascha Paeth et Andre Matos ou une toupie indo-bretonne entre les moiteurs de Michael Kiske et la mèche de Kai Hansen. Stairway to Valhalla avait permis aux Italiens de commencer à brasser plus large que leur postulat initial. Le morceau « Norwegian Reggaeton » avait montré que les fusions les plus folles n’avaient pas toutes été envisagées par Lou Kelly (pour rappel : cliquez ici). Alors pour ce quatrième recueil de Trou Blague Metal, même combat : il fallait une thématique nouvelle sur laquelle asseoir solidement les expertes bouffonneries des Romains. Et ceux-ci n’auront pas eu besoin d’aller bien loin pour ce faire, puisque comme le titre Italian Folk Metal le laisse justement entendre, c’est à domicile que se déroule ce nouveau match.

 

« Bouh les vils copieurs ! Wormfood nous a déjà fait le coup avec France en 2005. Sans parler du Suomi Finland Perkele d’Impaled Nazarene en 1994, ou du There's Something Rotten... in the State of Denmark d’Illdisposed en 1997… »

 

Et alors ? Vous avez été les premiers à faire des œufs au plat vous ? Ou à refaire le joint d’une baignoire ? Ce qui compte ce n’est pas d’être le premier, mais de le faire bien ! Le seul point vraiment handicapant dans cette histoire – pour nous, pauvres hères che non parliamo italiano – c’est que la pratique d’un Metal pastichesque dont l’humour se base sur de multiples clins d’œil fonctionne moins bien dès lors que l’auditeur ne maîtrise ni la langue, ni les références. Et pour le coup les subtilités de cet album (qui épingle les travers de la patrie de MoNano Bellucci tout en parodiant aussi bien la musique néomélodique napolitaine que la mazurka romagnole) vont laisser le fan Français – et ses voisins non italophones – largué à bien des égards. Ce qui nous frustre d’autant plus qu’on le sent à de multiples reprises que quelque-chose se passe, à portée de main, mais qu’il nous a manqué une Mamma quand on était minot, ainsi qu’un Vespa quand on était ado pour vraiment profiter de tout ça pleinement. Mais cela ne gâche pas tant que ça le voyage. Car le groupe :

1) varie toujours autant les plaisirs

2) balance toujours des putains d’accroches mortelles

3) est super affuté techniquement, quel que soit le registre abordé, le sérieux de leur parodie n’ayant d’égal que l’absence de tabous avec laquelle il aborde sa musique

Mais détaillons plus avant la chose dans un paragraphe tout dédié au sujet.

 

Après une introduction too-much-too-good c’est au son d’un Folk Metal extrême tous blasts dehors que nous accueille « L'Assedio di Porto Cervo ». Ça growle gentiment, ça montre les biscotos, ça sort le violon, mais le refrain est – comme d’habitude – avant tout destiné à séduire les fans de Power Metal. Les tableaux s’enchaînent ensuite sans jamais tout à fait se ressembler. Sur « La Marcia su Piazza Grande » un Tino Rossi gominé et la fanfare municipale de San Youpi della Youpla servent de prétexte pour servir un Heavy ronflant plein de fiers flonflons. Puis ZE tube of l’album, « La Mazurka del Vecchio che Guarda i Cantieri » marie Musette (eux disent Mazurka) et Metal comme jamais oreille de métalleux ne l’avait entendu auparavant. Ça guinche comme chez André Verchuren sur les couplets, ça sort les chœurs joyeusement grandiloquents sur le refrain, et ça vous pourrit le crâne de la manière la plus délicieuse qui soit (… pour peu que vous soyez suffisamment masochiste. Mais si vous me lisez encore, vous l’êtes). La cornemuse (ou l’une de ses cousines) donne des accents Pirate Metal à « La Polenta Taragnarock » et colore les hymnes de football de « Il Signore degli Anelli dello Stadio » de teintes plus celtiques. « Scugnizzi of the Land of Fires » vous fera vous déhancher au son d'un synthé méchamment 80s – malgré un chant assuré par un habitué de la version italienne de La Chance aux Chansons – tandis que « Rosario » vous expliquera à quoi pourrait ressembler une B.O. Disney composée par un Eros Ramazzotti ayant hérité du piano d’Elton John (cette magnifique horreur se conclut par un superbe clin d’œil au « Kiss From A Rose » de Seal). Et pour être bien sûr que plus aucun triste sire aux goûts élitistes tranchés ne traîne dans les parages, « Gabonzo Robot » nous finit sur ce qui pourrait être un générique de dessin animé japonais composé par Gamma Ray.

 

Alors, heureux ?

 

Pour ne rien oublier on précisera encore que Francesco Paoli de Fleshgod Apocalypse vient grogner sur « L’assedio di Porto Cervo » tandis qu’Alessandro Conti (de Luca Turilli’s Rhapsody) pousse la chansonnette sur « La Mazurka del Vecchio che guarda i Cantieri ». On rajoutera que les Italiens ont cette fois encore proposé des versions alternatives de certains de leurs morceaux, « La Maledizione di Capitan Findus » devenant « Der Fluch des Kapt’n Iglo » en allemand, tandis que « La Mazurka del Vecchio che Guarda i Cantieri » se transforme en « El Baile del Viejo que Mira las obras » en espagnol (perso je ne vois pas bien l’intérêt de ce genre d’exercice, mais soit). Dernier détail pour les ceusses qui aiment savoir ce qui se passe dans les moindres recoins : sachez que la version Bandcamp de l’album ajoute en fin de tracklist deux morceaux précédemment sortis en tant que singles, dont l’objectif initial ne devaient pas être de figurer sur un album vu à quel point ceux-ci sont peu susceptibles de plaire aux fans d’Helloween de l’assistance, mais qui valent quand même le coup pour leur côté blagounesque bien mis avant dans les vidéos sorties pour l’occasion. « Formia » est une sorte de R[ock]’n’B duveteux, nostalgique et pleurnichard, tandis que « Biancodolce » se moque des tubes romantico-veloutés hyper formattés sous laquelle l’Italie doit manifestement crouler. On sent bien qu’on en profiterait encore plus si on avait pratiqué la bande FM italienne, mais les sous-titres figurant dans les deux clips précédemment mentionnés permettent de se fendre gentiment la poire. Et le pire, c’est que malgré le côté particulièrement poisseux de ces deux titres, les Nano réussissent à nous les incruster dans la caboche (… les salopiauds !)

 

Au bout de quatre albums à pasticher, on pouvait craindre un début de lassitude. D’autant que ce pari du tout italien ou presque était un peu risqué à l’heure d’une signature sur un label international. Mais Nano reste Nano : comment lui résister ? « Pardon mais c’est trop bon », comme disent les moines fromagivores. Et pour paraphraser le groupe juste après l’annonce officielle de l’affiche du Hellfest 2022 : vivement Nanowar au Hellfest, qu’on puisse assister à une annulation de dernière minute encore plus explosive que celle de Manowar !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Italian Folk Metal annonce la couleur dès son titre. Le 4e album de Nanowar se consacre en effet à l’exploration des traditions musicales endémiques avec le côté tongue-in-cheek qu’on lui connait (sauf qu’il ne s’agit ni de langue, ni de joue : les coquins !). Le résultat est certes un poil frustrant pour qui ne maîtrise pas les particularités locales, mais s’avère globalement aussi jouissif que d’habitude. Mention spéciale au mélange Heavy / Musette de l’über-tubesque « La Mazurka del Vecchio che guarda i Cantieri » – bientôt dans une guinguette près de chez vous !

photo de Cglaume
le 08/07/2021

1 COMMENTAIRE

Alias

Alias le 08/07/2021 à 10:41:24

Mais carrément.

Perso, je dirais que le principal défaut de l'album, c'est que quand on n'est pas italophone, on perd plus de la moitié des blagues.

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