Necrophobic - Womb of Lilithu
Chronique CD album (68:31)

- Style
Black/death - Label(s)
Season of Mist - Sortie
2013
Quand on évoque le metal extrême suédois, à moins de s’appeler Crom-Cruach (allez donc lire quelques chros du bestiau sur ce même 'zine…) et de direct’ se mettre à pavlover bruyamment des « Crust! Crust! Crust!... » à en rendre sourd tout le pâté de maisons alentour, il vient à l’esprit de la plupart des métalleux tantôt le son fangeux de l’école de Stockholm, tantôt les envolées héroïco-mélodiques de l’école de Göteborg. Mais c’est oublier un peu vite une chapelle bien plus occulte, tout aussi ancienne que sa consœur Dismentombienne, qui a envenimé le death Ikea local à grands coups de fiel black. Si Dissection est sans doute le plus en vue des grands prêtres pratiquant ce type de cérémonies sulfureuses, Necrophobic est tout aussi ancien et respectable – et son The Nocturnal Silence tout aussi important et fondateur que les 2 premiers opus de la bande à Jon Nödtveidt.
Mais en cette année 2013 pleine de Manuel Valls et de Bashar al-Assad, il n’y a guère que les adeptes de la chasse aux zombies et de l’accordage dans les chaussettes qui fassent encore un peu l’actualité, ceci grâce à une vague "revival death old school" qui n’en finit pas de ne pas finir (ce qui, perso, me va tout à fait). Par contre, du côté des disciples de Dark Tranquility et In Flames, ça ne bouge plus des masses, même de l’autre côté de l’Atlantique. Enfin, c'est un fait: 7 ans après la mort de son leader et un Reinkaos très contesté, on ne peut plus compter sur Dissection pour faire souffler le froid blizzard du black/death à la suédoise. Du coup, cette dernière scène – qui n’était déjà pas la plus exposée – se retrouve bien moribonde, même si les Thulcandra et – allez, disons – les In Vain font encore un peu bouger le cadavre. Heureusement, Necrophobic n’a jamais vraiment quitté le navire, et malgré le suicide en début d’année de son guitariste fondateur David Parland, l’éviction récente de son chanteur Tobias Sidegard (pour violences conjugales – on ne peut pas tout le temps bruler QUE des églises …) et le départ du guitariste Robert Sennebäck, il s’en revient avec un 7e album – le 1er pour Season of Mist.
Allez, livrons tout de suite le fond – un peu ronchonneux – de notre pensée: Womb of Lilithu est globalement une bonne galette de black/death mélocculte et grandiloquent, mais 1) il est trop long, 2) les intros sulfureuses et autres ambiances de messe noire avec grattes funèbres et pianos glacés trop nombreuses, et 3) les soli systématiques trop langoureux et retenus. Et puis autant certains albums sentent vraiment le soufre et vous font naître un frisson glacé au bas de la colonne, autant là, ces chœurs, cette grandiloquence boursouflée et ces passages chromés calibrés pour le « Hey! Hey! » en festival ruinent un peu la crédibilité de la thématique démoniaque de l’objet. On est loin de l’énergie blasphématoire crue et des aurores blêmes post-sacrifices humains de The Nocturnal Silence, voire même de la haine qui perçait derrière les grosses mélodies du confrère Decameron. Là, c’est dit... ‘fallait que ça sorte.
Maintenant, quand on aime les froides mélodies plaquées sur fond de cavalcades enlevées, les invectives acides et les grands espaces blancs où souffle un vent épique, Womb of Lilithu propose largement de quoi se pourlécher les babines, d'autant que Necrophobic nous livre son offrande empaquetée dans une prod' superbe. Et il sait varier les registres pour éviter la lassitude (... ou disons "pour tenter de compenser l'effet monolithique produit par ces 14 titres s'étendant sur près d'une heure 10 de musique"). On passe donc régulièrement de passages amphatiques appuyés par de puissants chœurs monacaux à des petites pointes heavy black à la Bewitched / Skeletonwitch, de souffles glacés et violents (mais toujours mélodiques) à des hymnes guerriers. Parmi les morceaux qui marquent plus durablement, on notera "Astaroth" et sa savante alternance d'attaques cinglantes et de séances plus posées d'invocation de démons, "Furfur" et ses légions de gobelins paillards lancés sur les sentiers de la guerre, ou encore le couple "Asmodée" / "Marchosias" qui trace à fond de bobsleigh en direction d'un Valhalla où l'attendent déjà ses compères de Dissection. Puis, c'est vrai, une certaine lassitude s'installe, du fait – donc – d'une longueur excessive, mais aussi de quelques lourdeurs – chougneries en chant clair sur "Opium Black", chapelets de noms infernaux récités avec de gros sabots sur "Paimon", jusqu'à "Amdusias" où le groupe nous quitte sur une version dark du thème de "La leçon de Piano" (... 'fin c'est quasi' ça disons...).
Pour ceux qui ne cherchent pas particulièrement à suffoquer dans les effluves méphitiques d'une musique réellement habitée par le Mal, et qui ne craignent ni la grandiloquence, ni les albums à rallonge, mais espèrent juste de belles mélodies glacées et épiques, ce Womb of Lilithu sera un merveilleux voyage à dos de blizzard dans le royaume des noires divinités de l'hiver éternel. Par contre, bien qu'elle soit d'un niveau tout à fait convenable, cette nouvelle sortie ne viendra pas remplacer dans nos cœurs les The Nocturnal Silence et autres Hrimthursum.
La chronique, version courte: Womb of Lilithu est une looooongue séance de bobsleigh endiablée dans les blizzards mélodiques et les invectives gentiment démoniaques d'un black/death particulièrement emphatique.
7 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 03/12/2013 à 19:29:59
Sais-tu que tu es très réducteur ? Y'a pas que le Crust en Suède mais aussi le D-Takt et le Kängpunk.
cglaume le 03/12/2013 à 20:05:43
'spèce de pavloveur !!!
Eric D-Toorop le 04/12/2013 à 00:29:10
mais on finira par les marier ces 2 là ^^
cglaume le 04/12/2013 à 08:46:43
Non, on se contente de coucher ensemble... :)
daminoux le 05/12/2013 à 15:52:23
vous m'en reservez une portée
Crom-Cruach le 05/12/2013 à 18:34:30
Après en avoir noyer quelques uns, no problemo.
Crom-Cruach le 05/12/2013 à 18:35:40
Et j'écris "noyer" comme je veux d'abord.
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