Ninjaspy - PI Nature

Chronique CD album (42:45)

chronique Ninjaspy - PI Nature

On ne peut pas dire que le mélange reggae / metal coure les rues, et encore moins qu'il soit "hype". D'ailleurs l'unique expérience du genre réellement concluante ayant jamais caressé mes tympans est à mettre à l'actif des Bad Brains, dont l'album Rise - seul opus de moi connu - avait largement le potentiel pour donner naissance à une scène à part entière. Sauf qu'en fait, peau d'zob. À croire que la coolitude détendue de l'un et l'énergie furieuse de l'autre sont trop antinomiques pour accoucher naturellement d'une progéniture abondante et prometteuse (quoique si l'on cherche un peu sur la planète Web, on tombe sur les noms de Butumbaba, Zeroscape, Intwine & co... À creuser!). Et pourtant - avec certes 4 ans de retard -, une merveilleuse anomalie de la nature a débarqué cette année sur ma platine. Pi Nature (Π Nature pour être exact) est son nom, Ninjaspy est son prophète. Et ces espions ninjas auraient tout aussi bien pu se faire appeler The Jah Rastarmy ou Cool, Armed & Stoned, tant leur propos mélange l'artillerie métallique actuelle et le soleil jamaïcain avec une évidence déconcertante et une pointe d'épice nawak carrément pas dégueu'.

 

Si vous les écoutez, nos jamaricains vous diront qu'ils jouent du « skancore »... M'enfin bon, l'étiquette on s'en cogne en fait. Il suffit de savoir que le groupe propose une fusion pétillante mêlant un « metalcore » (ne vous arrêtez pas à ce terme!) jumpy et agressif avec des cuivres décontractés "from Kingston", le tout sous le haut patronage psychiatrique des System Of A Down. De plus, Ninjaspy étant un pur fruit de son époque - entre autre fan de The Dillinger Escape Plan -, comptez également sur des constructions rythmiquement accidentées, du riffing de bûcheron et des mosh-parts-on-da-beach, maaan.

 

Bon là j'en vois dont la moue est éloquente: non, je ne vous décris pas ici l'équivalent métallique de la recette d'une improbable tourte foie gras / M&Ms / Livarot pas forcément appétissante. Bordel les copains, faites un effort d'imagination et de confiance, secouez-vous les puces et rentrez avec délice dans le culte de ce métissage gouttu qui accouche d'un premier album dont le minimum qu'on puisse dire c'est que PUTAIN DE BORDEL MAIS C'EST TOUT SIMPLEMENT GENIAAAAAAAAAAAAAAAL, AAAAAAAAAAAAARGH!!!!!!

 

 

 

NDLR: Hum, excusez-nous, mais suite à un dysfonctionnement neurologique passager du rédacteur, nous nous voyons contraints de procéder à une séance d'électrochocs thérapeutiques. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour cette interruption momentanée de nos programmes: les techniciens de Core&Co font tout leur possible pour rétablir la situation. Le cours normal de la présente chronique devrait reprendre dans quelques instants...

 

 

 

Pi Nature est une météorite dont les riantes mégatonnes filent à toute berzingue à travers le ciel des amateurs de musique énervée et épicée: quand il vous aura atteint, l'impact risque bien d'être de nature à changer radicalement la configuration de votre petit pré carré musical. Emmené par un chanteur à forte personnalité et à large spectre vocal (chant clair, gouaille chevrotante, pétages de boulard Pattoniens, rugosité hardcore, growlerie profonde), Ninjaspy débarque tel un zébulon aussi tatoué que dreadlocké, et constamment animé d'une furieuse bougeotte. Les plans se succèdent, s'entrechoquent, amenant des contrastes juteux, ménageant de grosses montées de puissance, diffusant des mélodies imparables... Bref, il est laissé à l'auditeur aussi peu de répit qu'au ténia d'un pro du marteau-piqueur, celui-ci (le gars qui écoute des tubes, pas le ver qui parcourt les tubes) étant entraîné dans un entrelacs kaléidoscopique et hyper-vitaminé de métal furieusement cool qui aurait de quoi le mettre sur les genoux, mais qui agit plutôt sur lui comme un put*** d'euphorisant.

 

"Ok, brossé à gros grains dans un registre à l'enthousiasme fleurant bon le dépliant touristique outrancier, tout ça semble sympatoche. Mais concrètement, ça donne quoi?"

 

Eh bien pour commencer, sachez que l'album est un sans faute. Ok, on peut trouver « Pure Sketch » et « Submission » un peu trop radio friendly, d'accord certains passages sont manifestement calibrés pour le « live », certes on notera quelques aspects "d'jeunz fwôm USA"... Mais il faudrait vraiment faire un sacré effort de triste-sire-rerie pour s'appesantir lourdement sur ces détails au final bien futils. À vrai dire je vous aurais bien entraînés dans une visite détaillée de l'album, mais celle-ci s'avérerait franchement trop longue si l'on devait s'arrêter sur tous les points saugrenus dignes d'intérêt (de la flûte sur « Pure Sketch »? Le riff « Pulp Fiction » sur « Out Of Tampons »?...). On évoquera donc juste les trois tubes qui culminent au sommet de cet Everest de la fusion 4 étoiles. Le premier frisson olympien provient de « Hit By A Cement Mixer » qui voit cohabiter refrain zen grandiose, growls profonds et sprints déraisonnables en faisant sonner le tout comme un cartoon hawaïen ouvrant les portes de l'élévation de l'âme. Un peu plus loin débarque un « Circle Pity » joyeusement hardcore, porteur du label qualité « The Headbanging Dreadlocks », et incarnant de fait à la perfection la fusion totale et harmonieuse à la mode Ninjaspy. Dernier hymne véritablement incontournable, « Evolution Of The Skid » nous emmène pogoter sur la plage en prenant le contrôle de notre nuque grâce à de solides ficelles directement arimées à notre cerveau reptilien. Inutile de lutter...

 

Incroyablement novateur, imparable, stimulant, démentiellement accrocheur, varié, profond, inusable: Pi Nature se serait faufilé tout en haut du podium 2011... S'il n'avait vu le jour en 2007! Cet album n'est rien de moins qu'une Révélation, et je n'en peux plus d'attendre l'EP No Kata prévu pour... L'automne 2011!!? Tous aux armes: l'assaut est imminent!! Taïauuuuuuuuult!

 

PS: on me souffle à l'oreille que ce groupe aurait des penchants "pro life" nauséabonds, affirmation dont je n'ai trouvé aucune preuve tangible (les textes du titre d'ouverture éventuellement?)... Croisons les doigts pour que ce ne soit pas le cas!

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: imaginez la fusion idyllique et folle d'un métal furieux, moderne et bondissant avec les cuivres du ska et le soleil du reggae... Eh bien non: c'est encore bien mieux que ça!

photo de Cglaume
le 02/01/2012

7 COMMENTAIRES

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 02/01/2012 à 12:58:32

tu devrais jeter une oreille (n'oublie pas l'élastique) sur Skindred - Babylon avec Benji de Dub War -wrong side of beautiful , Pain

cglaume

cglaume le 02/01/2012 à 13:02:39

A vrai dire, en ce qui concerne "Pain", je crois bien l'avoir chroniqué sur ce même webzine :))))))))))))) Sinon je me suis acheté "Wrong Side ....", donc l'orgie est pour bientôt. Et si ça passe bien, je viendrai tranquillement à Skindred ;)

Geoff FaTbaStArD

Geoff FaTbaStArD le 02/01/2012 à 14:31:57

J'ai dû mal à partager ton enthousiasme

cglaume

cglaume le 02/01/2012 à 14:49:42

Je n'espère pas (enfin disons "j'aimerais", mais je suis vieux, donc réaliste) convertir toute la communauté metal, le style du groupe étant très typé, m'enfin y a moyen de procurer de l'audiorgasme avec cet album !!!

Tox & Co...

Tox & Co... le 03/01/2012 à 01:01:27

Intwine en Reggae Metal? Elle est bien bonne celle-ci.

D'ailleurs Butumbaba, ça n'a pas grand chose de Metal, c'est juste vite fait rock.

Il aurait mieux valu citer Skindrer, comme fait plus haut, voir des groupes comme Insolence, Sterennodrahc, voir (Hed) PE, qui mélange parfois du reggae dans son Metal Fusion.

Bon après, merci quand même pour la découverte, les morceaux m'ont conquis, c'est du lourd.

Tox & Co...

Tox & Co... le 03/01/2012 à 01:08:21

Excuse-moi pour ma première phrase, je pensais que tu parlais du groupe Intwine qui vient d'Allemagne, je viens de me rendre compte qu'il y en a un autre au Pays-Bas. Sorry, Ahah.

cglaume

cglaume le 03/01/2012 à 06:30:38

Content que tu accroches !! :)

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