Opeth - The last will and testament
Chronique CD album (50:35)
- Style
Death metal / prog' - Label(s)
Moderbolaget - Date de sortie
22 November 2024
écouter "§4"
*Le chant guttural de Mikael Âkerfeldt fait son retour !*
Les metalleux :
Il n'en fallait pas plus pour hameçonner le / la metalleux /.se en manque de gras. Heureusement, The last will and testament, c'est bien plus que ça.
Il s'agit du 14e album studio du groupe sorti le 22 novembre 2024.
Le chant "grr grr" y fait donc son retour : une première depuis Watershed sorti en 2008.
En 2011, Opeth avait ouvert un nouveau chapitre de son histoire en abordant un virage prog' 70's : un repoussoir pour de nombreux fans qui se sont alors détourné des Suédois.
D'autres ont suivi le mouvement de la bande durant 4 (excellents) albums.
Les anciens fans n'attendaient plus rien d'Opeth, les fidèles avaient trouvé leur bonheur autrement.
Le timing était donc parfait pour réintégrer le guttural.
Akerfeldt a d'ailleurs déclaré : "Je voulais que cela se produise [le retour du gras] lorsque les gens avaient cessé de s'en soucier".
Bien vu mon Miki ! Opeth a toujours eu le souci de surprendre les fans et surtout de ne pas s'ennuyer. La vérité semble néanmoins plus complexe, le chanteur invoquant le besoin de (se) prouver qu'il pouvait re-gueuler.
En renouant avec ce chant, le groupe semble porter un regard dans le rétro, d'autant plus qu'il s'agit d'un album conceptuel : le premier du genre depuis Still Life en 1999.
Les morceaux intitulés "§1" à "§7" représentent les paragraphes successifs du testament d'un patriarche autoritaire (portée par le growl) au sein d'une famille bourgeoise. À chaque morceau se dévoile un sombre secret de famille. La narration est assurée par Ian Anderson (Jethro Tull) qui, inévitablement, y va de ses petits passages de flûte ("§4" et "§7").
Tout le savoir-faire d'Opeth, un concept qui tue, un guest cultissime, une super pochette : 0 tremblotte des genoux à l'idée d'affirmer que c'est un grand album avant même de l'écouter.
Mais le travail de prêche ne fonctionnant qu'auprès des convertis, il s'agit de vendre l'album de l'année 2024 (si si) à ceux qui ont jusqu'à maintenant décidé d'ignorer leur bon goût (oui, c'est comme ça et pas autrement).
Les esprits chagrins reprochent à Opeth "d'en faire des caisses". C'est (parfois) vrai.
(Le fanatisme n'empêche pas l'honnêteté).
C'est d'autant plus vrai depuis 2011 avec Héritage : Opeth aime ajouter des couches d'arrangements, fait sans cesse des pirouettes auxquelles s'ajoutent des branlettes de manchess, rythmiques chelous et changeantes quitte à torcher des morceaux à rallonge au risque d'être indigeste. Bref : du metal / rock progressif.
Pour The last will and testament, c'est toujours aussi vrai...mais différent. Fort de l'expérience de ses derniers albums prog et renouant avec son passé metal, le groupe a trouvé un nouvel équilibre tout en gardant une grosse densité.
Le retour du growl n'est pas le retour du death à l'ancienne : on retrouve bien certains éléments rappelant Watershed et -plus timidement- Ghost Reveries, mais le groupe s'est également nourri de ces 15 dernières années pour affiner son art de la composition.
Art qui atteint ici des sommets.
Avec des pistes à la durée oscillant entre 5 et 7 minutes, le groupe parvient à concilier concision et constructions alambiquées. Rien n'est jamais hasardeux, ni digne du patchwork dans ces histoires musicales à rebondissements (comme en atteste le travail sur les percussions en intro et conclusion du "§7").
NB : Waltteri Väyrynen (ex-Paradise Lost) remplace d'ailleurs avec brio (sans surprise) Martin Axenrot.
Akerfeldt a toujours été un excellent parolier mais il semble avoir été particulièrement inspiré pour cet album. Quant à son chant il demeure toujours touchant sur les passages clairs (la conclusion "A story never told") alors que son growl moins puissant se fait plus gras et caverneux (on avait pu en juger en live).
La diversité des créations de The last will and testament, son caractère original et le savant mélange des évolutions en font un album passionnant de bout en bout. Efficace mais fin, les arrangements ne sont jamais vains. La flûte d'Anderson, le clavier, les modulations entre death et prog' : cet album est sans aucun doute l'un des plus inventifs (voire même le plus inventif) du groupe.
À la réécoutabilité infinie, cette oeuvre peut s'apprécier d'une oreille distraite tout comme l'on peut se régaler avec attention. Si vous voulez en savoir plus, allez voir l'excellente vidéo du groupe avec les commentaires d'Akerfeldt rendant cette chronique drapée d'un outrageux parti-pris, déjà en retard sur le temps promotionnel, encore plus vaine.
4 COMMENTAIRES
Black Comedon le 10/01/2025 à 10:24:20
Super album, qui peut effectivement tourner en boucle sans aucun problème.
J'avais cru comprendre qu'il avait repris le growl juste pour illustrer la voix du partiarche, intéressant de lire qu'il attendait que les gens s'en foutent.
Ce qui m'a le plus marqué c'est la section rythmique avec cette basse, qui donne ce groove qu'on retrouve régulièrement sur les différentes pistes et le nouveau batteur qui a un truc en plus par rapport à Axenrot, pour être honnête je le ressens mais je ne saurai l'expliquer, c'est surtout un pote qui pleure depuis toujours le départ de Lopez et a retrouvé l'envie de vivre avec le nouveau.
Y a du riff vraiment cool à essayer de jouer, un grand merci aux brutasses d'internet capables de retranscrire les morceaux.
Un petit bémol sur le dernier morceau, que je trouve un peu trop grandiloquent voire poussif. Également une remarque sur le clip, une lyrics video, qui est sent l'IA et le vite fait mal fait, surtout en comparaison de ce qu'a sorti Imperial Triumphant derniérement !
Dommage que les concerts de Paris et Bruxelles soit complet !
Tookie le 10/01/2025 à 11:33:59
Tout à fait concernant la voix du daron : je pensais l'avoir signalé dans la chro, au temps pour moi !
Je suis d'accord avec toi concernant la batterie ! Sauf que je suis trop con pour être musicien et trop con pour trouver les mots justes mais j'aime beaucoup aussi (et ses vidéos me régalent (la dernière en date https://youtu.be/dhPFNnL2MZs?si=6-e06a8mwih5_sWY).
Le deuil de Lopez va peut-être se faire.
Mate les vidéos de Mendez aussi, c'est une araignée...
Et oui, comme d'hab, les vidéos d'Opeth sont nulles à chier.
Pingouins le 10/01/2025 à 16:33:00
Team deuil de Martin Lopez ici aussi, j'aimais vraiment énormément sa patte à la batterie (sur Ghost Reveries et Damnation notamment), et je n'ai jamais été très convaincu par le jeu plus.... 'froid et clinique' de Axenrot.
Pour le coup, cet album, je l'ai écouté une paire de fois, et j'en suis arrivé à un 'bien sans plus, mais sympa'. Faudra que je me le retente avec plus d'attention.
Aldorus Berthier le 16/01/2025 à 22:32:48
Je l'ai fait écouter a ma reum dont Blackwater Park est un des albums préférés de l'histoire de l'univers et qui a justement lâché l'affaire avec eux sur leur virage prog' : elle a détesté x)
Sinon niveau dossiers paraît hélas que les gars ont pas le moindre respect ; les collègues de l'accueil artistes au Motocultor m'ont raconté qu'ils ont laissé une loge dégueulasse, du genre flaques de bière par terre, tranches de pizzas collées sur les murs et tout le reste du badza. J'avoue que ça me les a quelque peu démythifiés en tant que personnes :/
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