Outre-tombe - Nécrovortex

Chronique CD album (36:02)

chronique Outre-tombe - Nécrovortex

Quand on pense « Barbaque Death Metal à la québécoise », ce qui vient à l’esprit ce n’est pas le boucher rural qui débite de la carcasse à la machette, mais plutôt le traiteur des beaux quartiers qui découpe de fines tranches de Belotta comme s’il s’agissait de feuilles d’or. Martyr, Quo Vadis, Augury, Beyond Creation, Beneath The Massacre, Gorguts, Cryptopsy, Neuraxis… La liste est impressionnante et loin d’être exhaustive. A se demander si servir du sirop d’érable et de la poutine dans les cantines n’aiderait pas à monter le niveau des élèves de Conservatoire. Pourtant, bien que les membres d’Outre-Tombe jouent indéniablement du Death Metal et qu’ils ont chez eux tout le nécessaire (fringues et outillage) pour sortir boire une chopine avec des potes par -25°, cela ne les a pas amenés à jouer les élégants du riff tarabiscoté et de la rythmique fragmentée. Car sur Nécrovortex (notez l’accent aigu des talibans de la francophonie), leur 2e album en 9 ans, ceux-ci continuent de se vautrer avec délectation dans le Death old school le plus glaireux, le plus régressif – oui, certes – mais aussi le plus brillamment exécuté. Parce que la course à la qualité est un sport national outre-Atlantique (… enfin, dans les régions septentrionales du moins), et que si les lascars portent donc plutôt la panoplie du boucher de campagne, celui-ci est de ces artisans qui cultivent l’amour du travail bien fait et affichent en vitrine leur diplôme de Meilleur Ouvrier de France (...oui, bon: on touche manifestement ici aux limites de la métaphore filée).

 

Les 10 morceaux de cette galette à la pochette ostensiblement typée ont non seulement l’intelligence de rester dans le format digeste des 3-4 minutes, mais ils combinent de plus ce que le genre a fait de mieux en matière de musique de fond de caveau:

* des ambiances et un son qui sentent bon le pendant musical des Tales From The Crypt sans qu’à un seul instant cela sente le carton-pâte (mention spéciale aux premiers pas dans « La Crypte », ainsi qu’à « Hécatombe 2 » qui est de ces rares instrumentaux qui ne sonnent pas creux… On y sent un peu de Necrophobic ainsi qu'un peu de Swedeath brumeux)

* des mélodies accrocheuses qui évitent l’écueil du copier-coller facile (…pour une fois que j’écris ce genre de chro sans aller vérifier sur Youtube à quel morceau célèbre tel riff est emprunté!)

* des influences puisant aussi bien dans la scène américaine (les 2 premiers Death, un brin d’Obituary) qu’en Europe (les Bataveries d’Asphyx et des premiers Pestilence, les Scandine-baveries HM-2isantes des Entombed, Grave et consorts), le tout étant agrégé avec goût et talent

* une touche occasionnellement Punk – sur « Vengeance Spectrale » par exemple, qui non seulement s’emballe de manière typique (vers 0:47), mais voit Crachat (quel pseudo!) débiter ses textes comme les iroquois franchouilles du siècle dernier (on croirait presque entendre le célèbre « Policier moustachu » de Ludwig Von 88 en tout début de morceau)

 

Et le résultat est à la hauteur de ce descriptif avantageux. On boit ces 36 minutes comme du petit lait, sans temps mort. Même quand le démarrage de « L’Enfer des Tranchées » semble promettre une baisse conjuguée d’intensité et d’inspiration, c’est pour mieux retourner l’auditeur à 1:22, via un solo plus brûlant qu’à l’accoutumée et précédant un redoutable assaut mélo-punky. Et puisque la dernière impression laissée est toujours d’une importance stratégique, le groupe finit sur « Rongé par les Miasmes », morceau vitrine qui brasse large entre mise en branle doomeuse, mid tempo groovy, accélération fulgurante et refrain terrassant.

 

Mais n'oublions pas la particularité locale: qui dit Québec dit – souvent – Francophonie fièrement arborée. D’où ce patronyme, cet accent aigu signalé plus haut… Et – donc – des textes en Français. Si pour certains cela est un plus, ça ne l’est pas forcément pour ma pomme, d’autant que l'oreille saisit assez aisément ce qui est vomi dans le micro. Et j’avoue que mon premier mouvement à ce sujet fut un pas de recul, le souvenir de mon unique contact avec les Ghoulunatics n’étant pas forcément parmi les meilleurs. Mais quelques tournures bien trouvées et des cordes vocales réussissant un beau grand écart entre Chuck Schuldiner et Martin van Drunen nous convainquent vite que cet aspect ne pose en fait aucun problème.

 

Nécrovortex date de 2018: il n'est donc pas synonyme d’actualité brûlante.... mais de Death old school brûlant, ça oui par contre! On vous conseille donc vivement de rattraper votre éventuel retard en allant imprégner les asticots qui grignotent vos tympans avec l’épaisse et suave coulée décibellique émise par cette revigorante fontaine de jouvence musicale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur Nécrovortex, Outre-Tombe réussit à proposer un album de Death old school qui stationne certes à la croisée des vieux Death, des premières régurgitations de Martin van Drunen et de la chapelle HM-2, mais qui réussit à ne pas ressasser, voire même à sonner frais. C’est très fort, avouez-le! Et c’est très bon!

photo de Cglaume
le 16/10/2020

2 COMMENTAIRES

Keyser

Keyser le 16/10/2020 à 14:25:29

Je suis encore plus enthousiaste que toi, album exceptionnel !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/10/2020 à 12:56:31

Mazette ce morceau d'intro en mid tempo, cette voix à la Willets... 

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