Overkill - Scorched

Chronique CD album (51:05)

chronique Overkill - Scorched

Cela faisait 4 ans, dites-donc, qu’on n’avait plus eu de nouvelles d’Overkill ! Vu l’âge respectable des bonhommes – 63 piges pour Bobby Ellsworth, 61 pour D.D. Verni, 60 pour Dave Linsk, Derek Tailer et Jason Bittner faisant office de petits jeunes avec respectivement 56 et 53 au compteur –, on avait pris peur et contacté les unités de gériatrie du New Jersey afin de s’assurer qu’aucun virus couronné n’avait taquiné les voies respiratoires de nos amis… Ouf, le Corona doit aimer le bon vieux Thrash : il a décidé d’épargner nos patriarches. Il faut dire que ça aurait été dommage car, malgré 43 printemps et 20 albums dans les pattes (ce qui les apparente plus au gang des Vieux Fourneaux qu’aux petites frappes d’Orange Mécanique), la wrecking crew a encore de sacrés beaux restes !

 

Mais commençons par rassurer la frange tradi’ des fans : non, les Américains ne profitent pas du cap du 20e album pour s’offrir une nouvelle jeunesse riche en velléités expérimentatrices. Pour eux, rien de plus pertinent que de pratiquer encore et toujours ce Thrash virulent mais néanmoins mélodique, habillé de cuir Rock’n’Roll, animé d’une rage clairement Punk, et habité par un chant de roquet ulcéré ainsi que par les remous d’une basse exhibitionniste. Scorched reste donc dans la droite ligne de The Wings of War, The Grinding Wheel et White Devil Armory avant lui, tant en termes de cadre stylistique que de critères qualitatifs. Ce qui signifie notamment « efficacité », « acidité », « acuité », … mais aussi « uniformité » (… relative) et « rabachosité » (… je fais c’que j’veux: c’est ma chronique). « Fidélité » également, Travis Smith maniant le pinceau pour la 11e fois d’affilée. « Inutilité » diraient les vils persifleurs – la vérité étant que, il est vrai, même un fan pourrait envisager de vivre sans ce nouvel album. N’empêche : il est quand même franchement cool ce Scorched. Ce serait ballot de le snober.

 

Arf, je commence déjà à partir sur le terrain du « … et ça continue encore-et-encore, c’est toujours pareil, d’accord-d’accord » alors qu’il y a tellement de bonnes choses à signaler sur cette nouvelle galette ! Et ce dès les premières secondes, qui semblent avoir été confiées à un Eddie Van Halen dans sa prime jeunesse, lorsqu'il piaffait de montrer au monde à quel point le tapping c’est d’la balle. Bon, c’est vrai, la suite du morceau fait plus dans le « super compétent » que dans le « génialement étonnant », à un point tel qu’on se dit qu’une I.A. aurait peut-être bien été capable d’en faire autant si on lui avait donné à ingurgiter l’entière discographie du groupe… « Goin’ Home » s’avère un peu plus enlevé, un peu plus accrocheur, quoiqu’on ne puisse se défaire totalement du sentiment que, bien qu’il veuille donner l’impression de rugir, le moteur overkillien se contente de ronronner confortablement. Même absence de déplaisir avec « The Surgeon », mais également même sensation que la chose est cousue de fil blanc (… ce qui n’est pas anormal, vu le personnage ici mis à l’honneur).

 

Mais évitons de passer dix titres à dire qu’Overkill bourrine tranquille pour nous concentrer sur les pics et les flops des deux derniers tiers de l’album. Pic il y a sur « Won't Be Comin' Back », titre sur lequel D.D. joue des coudes afin d'attirer sur lui la lumière, où un nouveau riff vanhalennien nous régale, et où tout s’emboîte comme papa dans maman sans qu’à un seul moment la chose ne sente le réchauffé ou le renfermé… Et ça fait plais’, crénom ! Pic encore sur « Harder They Fall », petit brûlot bagarreur qui joue du poing américain et taquine l’accélérateur avec une joie mauvaise. Pic ultime, enfin, pour fermer la marche, avec un « Bag o’ Bones » au groove délicieusement dégingandé, au côté canaille prononcé et à la basse à nouveau fièrement exhibée. Flop relatif par contre sur un « Know Her Name » peu enthousiasmant, en roue et moue libres. Et flop plus sévère encore sur « Fever » qui, après nous avoir fait miroiter des ambiances aux petits oignons, avec perçus furtives et légers parfums d’épices, se vautre dans un Metal dégoulinant particulièrement maussade. Et le dernier tiers plus Rock’n’Roll qu'il nous réserve ne suffit pas à redresser une barre définitivement flapie…

 

« Vous vouliez du Overkill pur jus ? Servez-vous ! » est donc à nouveau le programme officiel de cette nouvelle sortie. Tout comme c'était le cas pour les autres albums sortis après 2010, mais sans le génial appétit dont font preuve The Electric Age et – surtout – IronBound… Si ce n’est pas un problème pour vous, et qu’au contraire ça veut dire beaucoup (France Gall, sort de cette conclusion !), n’essayez même pas de faire comme si vous pouviez ignorer la sortie de ce nouveau missile : il a tout ce qu’il faut où il faut, faites-le tourner au plus tôt ! Si par contre vous avez une marmite sur le feu et les enfants à chercher à la crèche, on peut vous faire un mot d’excuse : vous manquerez une sympathique petite fiesta Thrash, mais vous en avez déjà vécues de semblables, et il y en aura sans doute d’autres tout aussi croustillantes à venir…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Scorched s’inscrit dans la continuité des 5 albums le précédant en proposant une fois de plus ce Thrash que vous devez bien connaître depuis le temps – teigneux, Punk’n’Roll dans l’âme, gonflé de la basse et fielleux du micro. « Carrément bonnard » pour les boulimiques tradi’, « Sympa mais pas vraiment indispensable » pour les autres, on choisira la posture intermédiaire en allant y prélever « Won't Be Comin' Back », « Harder They Fall » et « Bag o’ Bones » (liste non exhaustive…) afin d’alimenter notre best of perso.

photo de Cglaume
le 14/04/2023

7 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/04/2023 à 08:47:17

Ouah, on en parle hier et la chronique est déjà en ligne : ça c'est du Lapin ! Hé hé !

cglaume

cglaume le 14/04/2023 à 09:01:50

C'est plutôt toi qui es visionnaire ;) 

Seisachtheion

Seisachtheion le 14/04/2023 à 09:27:27

On préfère claquer aujourd'hui une kro sur Overkill plutôt que sur Metallica !!!!?!?
On glisse sur ce 'zine, on glisse...

cglaume

cglaume le 14/04/2023 à 09:39:21

Tiens d’ailleurs : quelqu’un a perdu à la courte-paille dans la team, et se charge du pavé jaune ? 😅 Par le passé c’est Tookie qui acceptait ce genre de mission

Pingouins

Pingouins le 14/04/2023 à 12:22:31

Ah dans les sorties d'aujourd'hui perso j'ai Jesus Piece :p
C'est quoi Metallica, c'est un nouvrau groupe ?

Tookie

Tookie le 14/04/2023 à 12:44:20

Je laisse à Xuaterc, plus grosse groupe de Metallica que moi pour en causer. En tout cas, le Overkill est à égalité d'écoute ce jour avec les 4 Horsemen.
Et les sexagénaires m'ont parfois l'air plus énergiques que ces fichues générations Y Et Z ! (#reactionniteaigueenmarche).
Pas grand chose à dire de plus : ta chro a verrouillé la discussion comme Overkill a verrouillé son thrash.

pidji

pidji le 14/04/2023 à 13:24:30

Bah jusqu'à preuve du contraire j'ai pas de chro de Metallica en attente de mise en ligne 😝

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