Overkill - The Years of Decay

Chronique CD album (56:10)

chronique Overkill - The Years of Decay

En dehors de quelques rares encyclopédies sur pattes, on a tous nos petites lacunes plus ou moins avouables. Tiens, moi qui vous cause depuis l’autre côté de l’écran, bien que fan de thrash, je n’ai qu’à peine écouté le Show No Mercy de Slayer et le Spreading The Disease d’Anthrax. Même chose avec The New Order de Testament. Et puis je ne maîtrise que très approximativement la disco de Kreator. Voilà voilà, même pas honte (… ‘fin un peu quand même. Mais j’vais m’rattraper, j’te jure M’man). Et même chez mes chouchous d’Overkill – qui, pour ma défense, sont assez prolifiques – j’avais il y a encore peu fait de grosses impasses. Parmi lesquelles un album considéré comme l’un de leurs tout meilleurs: le 4e en date et aujourd’hui objet de toutes nos attentions, The Years of Decay.

 

Qui dit chronique de vieillerie culte dit rappel historico-contextuel. Voici donc: en 1988, la "Wrecking Crew" n’arrête pas de tourner pour défendre un Under The Influence qui ne remporte pas franchement tous les suffrages parmi les fans du groupe. Est-ce l’esprit de revanche qui anime alors les p’tits gars du New Jersey au moment de réaliser l’album suivant? Toujours utile qu’Overkill va se donner les moyens de faire taire les mauvaises langues en revenant avec un 4e opus à la production irréprochable (… pour l’époque, Terry Date étant aux commandes) et fort de compos dosant avec pertinence le fiel venimeux indissociable de leur patte et des constructions ambitieuses (2 morceaux tournent autour de 8 minutes tandis que « Playing with Spiders / Skullkrusher » dépasse allègrement les 10 minutes). Et manifestement ce mur de parpaings marquera durablement les esprits puisque le single « Elimination » – dont la vidéo tournera quelques temps sur MTV – restera un incontournable des setlists live du groupe.

 

Maintenant, retour en 2015: que peut bien penser l'amoureux transi d’Horrorscope et d’Ironbound qui découvre The Years of Decay sur le tard, à l’heure des prod’ ProTools et du djent? Eh bien il frétille de l’excroissance caudale, le fan, et pas uniquement parce que Bobby E. fait une fois de plus preuve de cette virulence revancharde sans pareil et que la basse de D.D. dévale cette fois encore le cours des titres comme un marsupilami snowboardeur descendant le Kilimandjaro. Il frétille, le fan, parce que le groupe semble un inépuisable réservoir à hits thrash débordant de saine et inépuisable hargne. Alors en effet, « Elimination » est une putain de bombe sentant la sueur et l’envie d’en découdre: le titre file d’ailleurs un sacré coup de boost à l’album après un « Time To Kill » sympa mais pas tout à fait de la trempe des squatteurs de haut de podium. Bourré de petits soli poignée-en-coin, on tient là un morceau-type de tout ce qui fait que le thasheur aime le thrash (… comment tout dire sans rien dire, by cglaume). Et pourtant « I Hate » monte le niveau d’un cran supplémentaire: démarrant sur un riff épico-heavy qui annonce de grandes choses, ce coup de sabre discographique est construit comme une montée irrémédiable partant d’une méchante colère noire pour aboutir à un état de haine viscérale atteignant son pinacle sur un refrain hymnesque (« I hate your rules […] But most of all: I HATE YOU! »… Rhâââ!!).

 

Bon, la vérité – déjà entraperçue lors de l’évocation rapide du tout premier titre –, c’est que l’album n’est pas entièrement irréprochable. Parce que « Playing with Spiders / Skullkrusher » est bien trop long et rampant (limite stoner / doom à gros cul tiens) pour nous emballer. Et dans un autre registre, on pourra trouver le morceau-titre trop snif-snif-ouin-ouin, cette longue complainte poignante se laissant apprécier ou pas selon l’état d’esprit du moment. Par contre entre soli rageurs, plans thrash parfois encore sous l’influence des Four Horsemen, et vieux coups de sang fonceurs, le reste de la tracklist n’a que peu de choses à se reprocher. On appréciera notamment un « Who Tends The Fire » lourdement menaçant, au groove vicieux et à la noirceur juteuse. Bobby y est tout simplement superbe, et le break venteux gratte’n’basse qui déchire la fin du titre pour préparer la route à la dernière série de solos est tout simplement parfait. Et puis merde quoi: finir sur une petite pépite comme « E.vil N.ever D.ies » (The E.N.D. donc, titre censé être le « Overkill IV »), c’est la classe! OK le démarrage typé « Cathedral » (Van Halen) du pauvre ne vous fera peut-être pas faire de rêves humides, mais au bout d’une petite minute et demie les chiens sont lâchés... Et on se fait alors sévèrement chiquer le train! Solos fulgurants, tabassage en règle: pas de répit, si ce n’est à l’occasion du trait d’union guitaristique déclinant faisant le lien entre le « Evil » et le couperet « Never Diiiies » du refrain… Typiquement le genre de petite trouvaille excellente qui fera toujours la différence entre la superbe d'un Overkill et la généricité de l'armée des seconds couteaux qui voudraient bien être Thrash King à la place du Thrash King.

 

La fin de chronique arrive, alors soyons honnêtes: si vous me demandez si je veux échanger mon Horrorscope ou mon Ironbound contre 2 barils de The Years of Decay, je déclinerai l’offre. Mais après avoir hésité un peu quand même. Parce que malgré mes minauderies, ce 4e album est foutrement excellent. C’était donc bien une lacune impardonnable, à présent réparée…. Bon, il va falloir se mettre The New Order dans le lecteur à présent!

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: 4e album des légendes du thrash nord-américain, The Years of Decay n’est peut-être pas l’album ultime du groupe, mais il arrive clairement dans la shortlist des plus saignants. Ecouter en priorité « Elimination », « I Hate » et « E.vil N.ever D.ies ».

photo de Cglaume
le 06/09/2015

1 COMMENTAIRE

le botch

le botch le 07/09/2015 à 22:11:03

Culte, épique, magique...mon album Thrash préféré avec le "No More Colour" de Coroner !!!!

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