Oxygen Destroyer - Guardian of the Universe
Chronique CD album (33:27)

- Style
Apocalyptic Blackened Thrash/Death - Label(s)
Redefining Darkness - Date de sortie
9 août 2024 - Lieu d'enregistrement Toadhouse Recording
- écouter via bandcamp
Autant, quand il tabasse les tympans des sportifs de salon depuis son prestigieux perchoir olympico-parisien, un Gojira peut s'avérer impressionnant, autant, quand il détruit des maquettes en carton dans son costume de gros lézard en caoutchouc, un Godzilla est juste grotesque. Ce n'est pas pour ça, a priori, que les Landais ont modifié leur patronyme, n'empêche : ils ont bien fait. Les kaijūs c'est rigolo le temps d'un délire entre potes, ou en cas de trip « craignos monsters », mais pas vraiment une source de plaisir durable, et encore moins de frissons.
Eh bien Oxygen Destroyer n'est pas d'accord avec cette vérité manifestement pas si universelle que cela. Le groupe de Seatlle a en effet consacré toute son énergie – et son nom, qui fait référence à l'arme ayant terrassé Godzilla dans le tout premier film où celui-ci apparaît – à rendre hommage à ces bestioles cyclopéennes dont les états d'âme ont donné du grain à moudre à l'industrie cinématographique japonaise. Prenez Guardian of the Universe, son 3e album : de la pochette aux neuf pistes qui constituent sa tracklist, il n'y en a que pour Gamera, tortue grande comme la Tour Montparnasse inspirant aux producteurs de laitues le même genre de sueurs froides que les grizzlis aux apiculteurs, mais à la puissance 1000.
Alors évidemment, pour peu que l'on ne se soit pas renseigné au préalable, lorsqu'on cale l'album là où ces choses se calent afin de diffuser leurs délicates mélodies dans l'atmosphère de nos douillets foyers, on aurait tendance à penser que ce sont des zouaves à la Nanowar qui vont prendre possession de nos enceintes, ramant comme des galériens pour tenter de nous faire adhérer à leur concept et de nous arracher un sourire...
Grave erreur !
Il n'y a pas plus mortellement sérieux ni plus méchamment virulents que ces Américains ! Figurez-vous que pour honorer leur gigantesque brouteuse de batavia, les bougres ont décidé de booster le Thrash de Kreator et Demolition Hammer à la violence d'Angelcorpse et à la véhémence acide d'Impaled Nazarene, histoire que non seulement les plaies soient profondes, mais qu'en plus elles soient badigeonnées de sel et de vinaigre ! Je vous jure : cette grosse demi-heure c'est Tartinage et Bombardage à tous les étages, c'est tous les bipeurs du Hezbollah qui explosent non seulement en même temps mais au même endroit, c'est une pluie de parpaings sur fond de fureur aveugle. Les riffs semblent avoir été écrits par l'ouragan Hugo lui-même, la batterie se fait lapider non-stop par mollah Robocop, le régulateur de vitesse a manifestement été programmé par Ayrton Senna, les solos hésitent entre fusion et fission nucléaire, et derrière son micro, Lord Kaiju fait rien qu'à demander à des démons cruels et déchaînés de venir violer nos cadavres et ceux de notre descendance sur 6 générations.
Ça vous excite, hein, bande de sales garnements !
Et vous avez bien raison : ça faisait longtemps que l'on n'avait pas autant kiffé une telle débauche de violence ! Parce que le gugusse qui vous cause a habituellement plutôt tendance à trouver trop usants les excès War Metal, les ratatinades Brutal Gutturalcore et autres grinderies brouillonneuses. En revanche, bien que la vitesse repasse rarement au-dessous de la 4e, face à ce déchaînement de Thrash/Death/Black bouillonnant, pas l'once d'un moment de lassitude, ni aucune sensation d'irritation auriculaire ou de trop plein ne vient gâcher l'écoute. Sans doute cela est-il dû à de subtiles dosages, de savantes relances, des breaks et des accélérations expertement placés. Et puis il est vrai qu'il reste possible de souffler un brin à l'occasion de séquences laissant la part belle à des samples où l'on entend les créatures grogner et les protagonistes gloser. Sans compter quelques ralentissements judicieux qui laissent un groove menaçant mais énergisant requinquer les troupes.
Mais je vous connais : vous ne gobez pas tout rond ce que vous raconte votre prochain. Tel St Thomas, l'empirique, vous doutez, il vous faut des preuves. La démarche est scientifique, je valide : vous faites bien. Eh bien du concret, en voilà un bel échantillon : « Shadow of Evil ». Avec son intro au fusil-mitrailleur, sa suite d'accélérations renchérissant chacune sur les précédentes, son break de frelon beumeuh sous crack, son concentré de rage paroxystique et ses excès quasi Grind, il pulvérise les cuirasses, terrasse les milices, et piétine les restes des êtres qui vous sont chers jusqu'à en faire du compost... Alors, prêt à tendre la joue gauche ?
Eux appellent ça du « Brutal Thrashing Kaijū Metal » – appellation assez bien vue, je dois dire. Pour ma part, je me contenterai de décerner à cette superbe furie décibellique l'étiquette « Apocalyptic Blackened Thrash/Death », ainsi que le titre de meilleur album affilié Thrash de 2024, juste derrière le Toba de Mayhemic.
La chronique, version courte : violence, fureur, urgence, vitesse, destruction... Tout, sur le 3e album d'Oxygen Destroyer, n'est qu'extrémité et hostilité. Sur une base de Thrash à la Kreator, les Américains ont conçu un monstre de Blackened Thrash/Death nourri à l'acidité d'Impaled Nazarene et à la bellicosité sauvage d'Angelcorpse. Et celui-ci détruit toute trace de kawaïerie alentours dans le plus pur respect de la tradition nipponne du kaijū. Attention : opus méchant !
6 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 29/10/2024 à 10:07:32
Le War metal, c'est bien.
Aldorus Berthier le 29/10/2024 à 10:15:45
On en parle d'ailleurs de ces titres à rallonge que jalouserait n'importe quel groupe de grind ?
(Excellent album par ailleurs)
cglaume le 29/10/2024 à 10:29:05
Les titres longs et ampoulés m'ont rappelé Bal-Sagoth perso 😅
Crom-Cruach le 29/10/2024 à 11:48:55
#Aldorus : je ne fait que ça depuis 10 ans, défendre les titres à rallonge.
Bien plus efficace que le dernier EP de ENFORCED en mode routine en tout cas. C'est la grosse baston donc : le riffing surbute.
Crom-Cruach le 29/10/2024 à 11:51:44
Allez, malgré les fdp prohibitifs, le CD est en route.
cglaume le 29/10/2024 à 14:44:59
🤘🤘
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