Periphery - Juggernaut: Alpha

Chronique CD album (41:25)

chronique Periphery - Juggernaut: Alpha

Primo, pour bien foirer les choses d'entrée de jeu, le premier paquet promo estampillé Periphery reçu à la rédaction ne contenait qu’Omega. Et vous serez sans doute d’accord avec moi: Omega sans Alpha, c'est comme Tic sans Tac, Véronique sans Davina, Chapi sans Chapo... Ça ne veut plus rien dire! D’où frustration, énervement, acide qui ronge l’estomac, bile qui remonte… Bref: Grrr. Secundo, l'écoute de cette extrémité finale de diptyque s'est avérée mener au constat malheureux d’une triste vérité qu’on anticipait-mais-espérait-qu’en-fait-non: le chant de Spencer et le registre « Zic pour djeunes ricains » continuent de profondément plomber le potentiel de la bande à Mansoor. « Aaaargh, mais c’est pas vraiiii! » Alors forcément, quand Alpha a finalement décidé de pointer le bout de son nez dans ma boîte à promos, je n’envisageais pas autre chose que d’en écrire une chronique à la masse d’arme, hachant menu les compos, empalant les choix artistiques sur le pieu du mépris critique, et finissant le travail d’une décapitation conclusive rageuse débouchant sur un Beuâârk/10 clair et sans appel.

 

...Non pass’ke ‘faut arrêter de pousser Mamie dans les orties hein!

 

Et je dois dire que les premières écoutes de l’album ne me poussèrent pas franchement à modifier mes plans initiaux. Parce que ce bon dieu de chanteur ne peut décidément pas s’empêcher de balancer des roucoulades mielleuses ayant peu de chance d'émouvoir quiconque hors de la tranche d’âge « Sauvé par le Gong » (oui bon, désolé: mes références en matière de programmes TV pour ados datent un peu). Et que, même en faisant abstraction des épanchements du Mr Choco BN œuvrant derrière le micro, il n’est pas rare que l’écoute de ces nouveaux morceaux nous donne l’impression de parcourir les décors de « High School Musical », le cartable en bandoulière et la bouteille de Yop à la main. Rien que « A Black Minute » tiens, le premier titre: ça sent à plein nez le bisou timide volé devant le bureau du Dirlo', la mélodie du bousin n’étant rien de plus que celle de « Reprise » – le titre ouvrant Omega –, mais dans une version encore plus roudoudou…

 

N’en jetez plus, la cour de récréation est pleine!

 

Sauf que la réalité n’est pas si binaire que ça. D’ailleurs, une fois terminée la ballade Linkin Parkesque démarrant l’opus, le groupe enchaîne sur un « MK Ultra » sentant à plein nez l’hommage pur et dur à Meshuggah (… sans non plus trop tortillonner de la polyrythmie hein, n’exagérons pas!). Et que ça mouline de la saccade, et que ça riffe à rebrousse-poil, et que ça change de pied d’appui à tout bout de champs, et que ça s’époumone en raclant le fond de la gorge… Le meilleur c’est que le morceau se termine sur un virage à 180° débouchant sur de légers gratouillis latino de bord de mer. Damned: bien vu Manu! M’enfin dites voir: le groupe ne serait-il pas là en train de s’acheter une crédibilité à pas cher? Possible, sauf que la 3e couche – « Heavy Heart » donc – réintroduit le chant clair au sein d’un morceau possédant la largeur d’épaule, la fraîcheur et le moelleux magnifique d’un Textures, voire d’un Scale The Summit. Et la démarche d’être prolongée sur le chouette interlude « The Event », un début de sagesse salvateur poussant même le groupe à rester en mode « pur instrumental » d’un bout à l’autre de cette jolie pièce de djent atmosphérique.

 

Après par contre, on retourne malheureusement voyager sur les montagnes russes de l'instabilité qualitative. « The Scourge », « Rainbow Gravity » (bonnes grattes télégraphiques, mais chant [vénère-]teen à baffer) ou encore « Psychosphere » se traînent au fond du cendrier des vieux morceaux éteints, tandis qu’à l'opposé on trouve de bonnes – voire de très bonnes – choses sur « Alpha » (refrain irrésistible, malgré ce putain de cartable qui ne veut pas rester au placard!), « 22 Faces » (qui ouvre les hostilités sur de la grosse et belle artillerie lourde) ou encore « Four Lights » (qui a l’intelligence de perdre Spencer dans la forêt, histoire qu’il ne la ramène pas une fois de plus au moment où Misha se remet à bûcheronner).

 

Avec Alpha, on en reste donc toujours au même point: Periphery continue de juxtaposer des parties teen/Linkin Bizkit / têtes à claques doucereuses avec des plans djent plus ou moins atmo’ particulièrement bien troussés. Mêmes causes, même punition: on ne jettera pas le bébé Mansoor avec le coca du goûter, m’enfin on lui demandera une fois de plus de nous copier 100 fois:

 

« J’arrête mes conneries pré-pubères – d’autant plus inutiles qu'elles ne suffiront pas à me faire atteindre la popularité d’un Kanye West – et je mets enfin mon talent au service d’un djent qui bute.  

 

J’arrête mes conneries pré-pubères – d’autant plus inutiles qu'elles ne suffiront pas à me faire atteindre la popularité d’un Kanye West – et je mets enfin mon talent au service d’un djent qui bute.

 

J’arrête…»   

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteAlphaOmega: même combat! Dans cette 1e moitié de diptyque, le « gentil djent » de M. Mansoor est tout autant ruiné par des teenageries insupportables que sur le second volet. Il reste cependant suffisamment bon – là-bas, tout au fond – pour qu’on ne puisse se résoudre à simplement le mépriser d’un « Beurk: Violetta Djent de bas étage ». A déguster comme un steak Rossini recouvert de ketchup / mayo: après avoir consciencieusement raclé la couche de sauce vulgaire qui tâche en surface.

photo de Cglaume
le 08/05/2015

2 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 09/05/2015 à 10:58:55

"tortillonner de la polyrythmie" - rhan je m'incline ^^

cglaume

cglaume le 09/05/2015 à 18:59:52

:)

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