Periphery - Juggernaut: Omega

Chronique CD album (39:21)

chronique Periphery - Juggernaut: Omega

Scène 1: Elle est superbe, plantureuse, nonchalamment installée sur un tapis d'épais coussins, plus que nue dans la pénombre moite… Et là, le détail qui tue: elle porte de vieilles chaussettes de foot trouées, et ELLE PUE DES PIEDS NOM DE DIEU!

Scène 2L’équilibre est magique: la main de fer de cette truite légèrement fumée contrebalance à la perfection le gant de velours fruité de la fraise, l’ensemble étant magnifié par un filet d’huile à la truffe. Mais… QUEL EST LE CON QUI A REMPLI MON VERRE DE COCA?   

 

Quoi "Hors sujet"? Non non. C’est juste que – soupirs, lamentations, ô rage ô désespoir – pour la 3e fois d’affilée, Periphery ruine son magnifique travail d’horlogerie mélo-djent sous les couches gluantes de lignes vocales trépignant entre pleurnicheries émo-collégiennes et éructations « trop chant-mé » dignes du plus crasse des Corey Taylor-wannabes.

 

BORDEL MAIS QUAND EST-CE QUE CES LOUSTICS VONT SORTIR LA TETE DU SABLE?

 

Bon je m’énerve, je m’énerve... C’est mauvais pour ma tension. ‘faudrait pas que des émotions trop fortes me fassent louper Questions Pour Un Champion non plus…

 

Juggernaut est la 3e sortie longue durée des américains de Periphery. Et l’engin ne se contente pas d'être un « concept- »: c'est également – roulements de tambour, Tchi-Tcha! – un « double- » album! Bah mon cochon! C’est les petits plats dans les grands, la folie des grandeurs, le beurre-l’argent-du-beurre et le cul de la crémière! En même temps c’est sûr qu’une fois arrivé à un certain niveau de notoriété et de buzzerie, il faut surenchérir pour monter toujours plus près du haut de l’affiche.

 

Le second problème (le 1er étant le chant de Spencer – vous n’avez pas déjà oublié la pin-up qui crougnoute des arpions quand même?) n’est pas à mettre au compte du groupe, mais sur le dos d'un loupé promotionnel: nous n’avons pas reçu Alpha – le 1er des deux albums – mais seulement Omega. Et ce coup-ci, échaudé après 2 premiers albums sur le fil entre émerveillement et énervement, je n’ai pas acheté l’engin. Il y a tant de causes encore plus justes où placer ses billes... Du coup tant pis: cette chronique ne vous donnera qu’un aperçu incomplet de la chose. Mes plus plates excuses.

 

Ce qui ressort des 7 titres – ou plutôt des 6 titres + intro – d’Omega, c’est que le groupe continue logiquement de tracer sa route sur une voie où la pure démonstration de technique abrasive laisse place à plus de mélodie, à plus de structures accrocheuses... Et ça ne serait pas pour me déplaire si seulement c’était Daniel de Textures qui menait la danse derrière le micro (...je rabâche?). On trouvera cette fois encore ici des morceaux restant dans la « pure lignée » des plans syncopés et des croche-pattes rythmiques à la Grand-Papa Meshuggah (...ou du moins en partie, comme sur « Graveless » ou « Omega » qui se permettent quand même quelques incartades dans la cour de récré), mais également, à l'opposé, certains titres qui auraient tendance à tomber dans l’excès inverse, comme le pur love-babe « Priestess » – qui n’est pas sans charme mais part un peu trop longtemps dans des apnées chamallow. La constante, que l’on aime ou pas les guitares pointillistes et le chant de mickey, c’est que le groupe a parsemé sa route de plans vraiment brillants. A un point qui rend encore plus douloureux les errements vocaux ci-avant décriés. Tiens, sur « The Bad Thing »: cette alliance Texturienne de décharges électriques quantiques et de caresses lead légères qui intervient après la barrière de la minute, c’est juste magique. Et puis cette montée émo-grandiose qui sert de refrain à « Priestess », c’est quand même quelque-chose! Tout comme la séance de stop’n’go caoutchouteux extrême qui termine « Graveless ». Même la pratique du grattage de nerfs à la paille de fer que propose le lent et maladif « Hell Below » se voit magnifié, vers 0:40, d’une poussée roborative embellie de chœurs angéliques. Par contre « Omega » est bien trop long du haut de ses 11:44, trop peu exaltant, et il renferme un refrain purement metalcore qui donne envie de devenir serial adolescide...

 

Mais on ne peut arriver à détester complètement l'album... Alors que pourtant ça n'est pas l'envie de signifier brutalement mon agacement grandissant vis-à-vis des choix artistiques du groupe qui manque!

 

Ce 3e album – du moins la moitié qu’il m'a été donné d’écouter – est donc du pur Periphery, plus orienté chanson et moins branlette technique, toujours aussi impressionnant dans sa maîtrise du djent qu’exaspérant quand Spencer rentre dans la danse. Bref: du miel pour les fans, et du nuoc mam pour les autres... Et dieu sait que je vous déconseille le second, pur, dans votre Jugger-nauture.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: plus ambitieux et mélodique que jamais, le djent de Periphery ne lâche rien sur la qualité des morceaux, tout en rendant moins hermétique son propos. Sauf que l’on a toujours envie d’étouffer Spencer avec le dernier exemplaire de « Trop Pas Magazine » afin qu’il arrête définitivement de ruiner la musique des américains avec ses roucoulades é[mo]cœurantes.

photo de Cglaume
le 24/02/2015

2 COMMENTAIRES

kikize

kikize le 10/11/2015 à 22:36:03

Malheureusement, tes chroniques autour de Periphery et surtout sur leur chanteur tourne plus au subjectif qu'à l'objectif. C'est vrai que niveau vocal, ça fait emo collégien, mais on juge Periphery en tant que groupe et de mon côté, je trouve ça bien plus original que la plupart des groupes dits "Djent". On n'est pas tous fan du chanteur de Textures non plus, encore moins du groupe en lui même... surtout que mis à part le côté Djent, ça ne se ressemble pas du tout.

cglaume

cglaume le 11/11/2015 à 09:59:55

Tout chronique est subjective: après une description du genre pratiqué et des parties en présence, on finit toujours par donner son avis... Acte subjectif s'il en est. Mais je comprends parfaitement que si l'on n'est pas gêné par le chant de Spencer, on apprécie énormément Periphery. La preuve en est que malgré les boutons que me file Spencer, je continue à écouter chacune des nouvelles sorties du groupe, sans jamais vraiment laisser tomber l'affaire.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements