Textures - Phenotype

Chronique CD album (43:50)

chronique Textures - Phenotype

 

« … Bon, les aminches: on arrête les chips au gouda et les shots d’Amstel-Viandox, et on reprend le brainstorming. Rappel du contexte: ça fait 4 ans qu’on n’a rien sorti, Periphery a balancé il y a peu un double album pour jouer aux patrons-de-la-scène-tu-peux-pas-test, et on n’a plus de pizzas au congélo… Alors, vous proposez quoi?

- On arrête les pizzas et on passe aux Häagen-Dazs!

- On propose à Nuclear Blast de ressortir les démos de nos débuts Grunge

- On retourne dans le Quartier Rouge demander à la grande Frida qu’elle nous souffle son bon karma dans le micro

- Putain mais ‘y en a pas un pour rattraper l’autre! Oui, Joe Tal, le p’tit nouveau à la gratte: une idée brillante?

- J’me disais: on pourrait peut-être tenter de la jouer "Plus"… "Plus" que Periphery en tous cas. En proposant nous aussi un double album, mais en le couplant à un concept tournant autour de la génétique et de son impact environemento-sociétal. Et en faisant du 2nd volet un one-track album, à la Crimson (Edge of Sanity). Le tout en sortant la chose non pas en une fois – trop mastoc – mais sur une petite année, comme Mesmerize et Hypnotize de System of a Down. Histoire de pouvoir coller des stickers: « Textures, le groupe de Djent "Plus" »... Ou « Djent++ », histoire de pour se mettre les nerds – gros marché, t’as qu’à voir le following de The Algorithm – dans la poche.

- Putain, il en a des idées le Jojo! Tu sais qu’on va p’têt’ bien te garder toi, du coup. Allez les épaves: on se sort les doigts, on reboutonne les falzars, et on va bosser tout ça en salle de répète!! »

 

*** Fin de la chronique ***

 

Non?

 

Bon, OK. Causons-donc encore un peu. On en profitera pour aller à l’essentiel, pour une fois. Alors voilà: Phenotype est un très bon nouvel album, qui précède son frangin, Genotype, d’une petite année… Enfin normalement, si tout se passe comme prévu côté calendrier. Par contre, pas de miracle: ce 5e album n’est que classiquement très bon. Il n’est ni surprenant, ni excessivement marquant. En tous cas pas comme pouvait l’être « Reaching Home », ou le début de « Sanguine Draws The Oath », sur le superbe Dualism. Donc, sur le papier, Phenotype est moins bon que son prédécesseur. Ce qui ne l’empêche pas d’être foutrement juteux. Mais d’une manière plus classique, à l’image de « Oceans Collide », le titre d’ouverture, qui rassurera jusqu'aux plus frileux des fans du groupe.

 

Après, si si, le groupe a quand même essayé des choses nouvelles. Comme « Meander », œuvre pour 10 batteurs qui donne l’impression que nos amis pourraient bien avoir dans l'idée de créer le jumeau hollandais des Tambours du Bronx. Et puis tiens, ce « Zman », là, longue pause / intro-du-dernier-morceau qui nous caresse la corde sensible avec les élans dramatiques de la B.O. de « La Leçon de Piano »: c’est clairement un plus en terme de variété. Tout comme le pseudo-muezzin qui apparait furtivement sur « Erosion ». Ainsi que ce marimba qui fait 3 petits tours et puis s’en va sur « Timeless ».

 

Mais pas besoin d'ainsi fureter de-ci de-là pour trouver de l’intérêt à Phenotype. Car s’il se veut classique et rassurant, il n’est en rien un renoncement laissé en offrande sur l’autel du dieu Facilité. Car la télégraphie sournoisement groovy, les refrains en chant clair (pas putassiers, non non) et les poussées grandioses de l’« Open Air Djent » dont le groupe s’est fait une spécialité continuent de faire des merveilles. Sur le superbe « New Horizons » (Riiiiiiiiise Abooooove the Skyyyyyy !!!), sur le monumental « Illuminate The Trail », sur les saccades ultra-catchy de « Erosion », comme sur ce Grand Final réussi à forte valeur émotionnelle ajoutée qu’est « Timeless ». Les ronchons regretteront peut-être un clavier trop synthétiquement proéminent sur « Illuminate the Trail », ainsi que sur le fameux « Timeless ». Et puis s’ils n’aiment pas les contorsions, ils râleront sans doute sur un « Shaping A Single Grain Of Sand » trop ouvertement Meshugguien. Sauf que même sur ce titre, le très bon refrain et le juteux petit accès Thrash/Death blasté leur rabattra vite le caquet.

 

Du coup, bien que ce Djent progressivo-atmosphérique soit à l’opposé de la musique pratiquée par feu le vieil As de pique, peut-être que derrière cette trompeuse démarche « Toujours Plus », en restant ainsi classiquement là où on l’attendait – mais sans rien sacrifier à une qualité sans cesse renouvelée – ce nouvel album n’est-il rien d’autre qu’un clin d’œil des Hollandais à l’ami Lemmy… (Non? Oh si on ne peut plus profiter de l’actu' pour fignoler ses fins de chronique alors…)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Peut-être bien, en effet, que la claque administrée par Phenotype ne rougit pas la joue autant que celle administrée en son temps par Dualism. N’empêche, bien que relativement classique (pour le groupe, s’entend), ce 5e album n’en est pas moins très bon. Les amateurs vont une fois de plus craquer leur slip…

photo de Cglaume
le 27/01/2016

3 COMMENTAIRES

Foo Gazi

Foo Gazi le 28/01/2016 à 12:16:33

Je trouve qu'ils se noient un peu dans la masse depuis Dualism que j'ai trouvé un peu fade alors qu'ils avaient une vraie personnalité sur les deux précédents albums qui mêlaient habilement technique et créativité. J'attends quand même la suite impatiemment !

cglaume

cglaume le 28/01/2016 à 15:52:01

Vivement la suite, oui ! :)

Tookie

Tookie le 05/02/2016 à 19:39:17

La première écoute est pleine de jouasserie !

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