Porcupine Tree - Fear Of A Blank Planet
Chronique CD album (50.8 minutes)

- Style
Rock progressif - Label(s)
Roadrunner - Date de sortie
13 avril 2007
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La famille du rock ou métal progressif est grande, tout le monde le sait. Pourtant, ce genre a très souvent eu de très mauvais échos, de mauvaises remarques ou simplement, n’attirait plus trop de monde depuis un moment, considéré par certain comme une musique trop intellectuelle ou trop technique (pour ne pas dire branleurs de manche). Pourtant, depuis la naissance du rock, de tels groupes existent, ne serait ce que les psychédéliques Pink Floyd ou les plus progressistes encore Marillion et King Crimson. Depuis les années 9O aussi ce genre ce développe, avec les heavy Dream Theater ou les metalleux fou de Mastodon. Naissant aussi dans les années 90, Porcupine Tree se revendique de cette scène depuis le début et sort périodiquement des albums aux grés des envies de son leadeur Steven Wilson. Ayant déjà sorti des pièces majeures et d’une intensité rarement atteinte (avec «In Absentia» ou le dernier en date «Deadwing» entre autre), le groupe revient avec ce «Fear Of A Blank Planet», neuvième album signé chez Roadrunner qui se diversifie de plus en plus.
Que ceux qui avaient aimé «Deadwing» se réjouissent, en effet, le léger virage métal atmosphérique emprunté sur ce dernier est de retour ici. En attestent les quelques riffs disséminés sur «Anesthetize», ou encore la puissance rythmique du premier titre. Bien entendu, tout cela reste très contrôlé et modéré et le groupe reste dans des sphères le plus souvent rock. Mais ce qui change particulièrement du reste de la discographie du combo, c’est cette froideur ambiante tout au long de l’album, cette complexité à la fois instrumentale et de composition, qui fait de cet album un des plus complexes du groupe, surtout comparé aux derniers efforts. Et comme preuve, le troisième titre, «Anesthetize», magnifique titre de dix sept minutes au compteur. Morceau où se réunissent en parfaite harmonie des éléments new-wave, pop, métal et passages purement atmosphériques. Wilson a toujours cette science de l’arrangement, de la phrase musicale qui accroche et ça nous rassure. Par moment, des petits retours en arrière dans la discographie du groupe font leur apparition, avec ce «Way Out Of Here» très expérimental où la guitare de Robert Fripp (King Crimson) vient imprégner le morceau de sa saveur si particulière. Autre expérimentation, le très indus «Sleep Together» qui en perturbera plus d’un, avec ces sonorités très rarement utilisées par le groupe. Tous ces éléments ne seraient rien sans la parfaite production de Wilson qui excelle toujours autant aux manettes de producteurs et qui sait donner toute sa magie à chaque instrument.
Parfois plus expérimental donc, mais malgré tout, Wilson veut montrer qu’il sait être un grand compositeur pop et nous le prouve avec ses deux plus beaux morceaux depuis longtemps avec «My Ashes» et «Sentimental». A la fois profonds, envoutants et beaux. Deux titres qui serviront longtemps de référence pour le groupe.
Mais à force de s’attarder sur les aspects techniques de l’album on en oublie le plus importants. Les émotions. Car Wilson veut avant tout transmettre ses émotions au travers de sa musique. Et force est de constater qu’il y parvient aisément. Quasi concept album au titre évocateur, l’auteur nous fait part tout au long des titres de sa peur d’un monde uniforme, où la culture ne serait plus, où la musique serait bannie...des thèmes pas si bêtes en ces temps. Et la mise en valeur de ces thèmes, sans oublier des émotions qui y sont rattachées est très bien effectuée. Entre la colère palpable de «Sleep Together», le désespoir sur le titre eponyme et les remords dans «My Ashes». Tout y passe et la forme est telle que l’auditeur ne peut que capter aisément les émotions.
Ce «Fear Of A Blank Planet» est nettement moins évident et facile d’accès que les dernières productions du groupe, pourtant, loin d’être un faux pas ou une baisse de régime, cet album se révèle plutôt être une nouvelle référence du groupe. S’il n'est pas aisé à aborder, et que plusieurs écoutes sont nécessaires pour l’apprécier, il en vaut plus que la peine et on finit par se délecter de ses compos toutes plus magistrales les unes que les autres (je ne me suis toujours pas remis de la fin de «Sleep Together» d’ailleurs). Comme tout album de rock progressif cette œuvre doit être considérée comme un tout est écoutée en tant que telle. Malgré tout, les plus réticents trouveront toujours cet album ennuyeux et fade.
Porcupine Tree fait partie de ces grands groupes qui se réinventent à chaque fois, et qui ne restent pas sur leurs acquis. En perpétuelle quête d’innovation le groupe conserve son but originel, faire rêver et planer. On ne le contredira pas.
1 COMMENTAIRE
forever le 12/06/2007 à 00:07:10
Un très bon album qu'il faut écouter plusieurs fois pour s'en imprégner pleinement et pouvoir par là même, l'apprécier à sa juste valeur
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