Scanner - Terminal Earth

Chronique CD album (40:08)

chronique Scanner - Terminal Earth

Retour en l’an de grâce 1989 du siècle dernier, à une époque où le power metal désignait des groupes comme Metal Church ou Sanctuary et où des formations comme Helloween ou Blind Guardian officiaient sous l’étiquette de speed mélodique. Dans le sillage, voire dans l’ombre de pierres angulaires de l’Histoire du heavy metal comme Keeper of the seven keys parts 1 & 2, pullulaient sur les mêmes terres teutonnes des groupes moins connus mais tout aussi bons, comme Rage ou encore Heaven’s Gate. Parmi ceux-là, Scanner sort en 1988 Hypertrace, une bombe brute, rentre-dedans, sans concession ni chichi, un peu comme le Thundersteel de Riot. Fort de ce succès, le groupe récidive l’année suivante avec Terminal Earth. Cette année-là sortent des monuments du metal, comme Alice in Hell (Annihilator), Practice What You Preach (Testament), The Headless Children » (WASP), ou encore Conspiracy (King Diamond). Comment exister au milieu de tous ces chefs-d’œuvre ? Tâche ardue pour Scanner, mais l’album existe et demeure. Et nous l’exhumons aujourd’hui.

 

Ce qu’on remarque d’emblée chez Scanner, c’est le refus de la surenchère. Là où les fers de lance du genre rivalisent de technique vocale (difficile de marcher sur les plates-bandes de Michael Kiske d’Helloween, ceci dit) et de soli cherchant le morceau de bravoure, Scanner se concentre sur les mélodies : S.L.Coe (remplaçant au chant Michael Knoblich qui occupait ce poste sur Hypertace) garde dans son timbre de voix quelque chose de rugueux à la Hansi Kürsch et ne va jamais vers les suraigus de cantatrices. Ce qui sied bien à la musique de Scanner. Moins violent, moins rapide, moins brut, et partant, plus sophistiqué que Hypertace, Terminal Earth creuse la thématique de la science-fiction de son prédécesseur avec davantage de subtilité. Evidemment, l’opus comporte des titres qui jouent la carte de la vitesse, comme « Buy or Die » ou « Terminal Earth », mais il faut passer par 3 titres plus mid-tempo avant de découvrir celui-ci. Ainsi, « The Law » lorgne davantage du côté d’un Running Wild que de celui d’un Helloween, avec sa rythmique et son refrain épiques. Si « Not Alone » comporte un riff speed (celui du refrain), son ossature reste mid-tempo, ce qui constitue le parfait exemple de l’ambiance générale de l’album, toujours en équilibre entre vélocité et riffs purement heavy. « Wonder » met le paquet sur son refrain et c’est ce qui fait la force de cet album : il offre une variété de chansons aux mélodies inspirées et aux refrains plus accrocheurs les uns que les autres. Difficile de zapper un titre, ils s’enchaînent avec une fluidité déconcertante. Si les riffs ne brillent pas par leur originalité, c’est véritablement du côté des mélodies vocales qu’il faut chercher son bonheur, même si celles-ci s’avèrent moins évidentes que chez Helloween. Et c’est ce qui participe de leur charme. Le titre qui donne son nom à l’album rassemble tous ces ingrédients : vélocité de bon aloi, refrain bâti pour être repris en chœur, efficacité à tous les étages. En outre, Terminal Earth contient son titre épique, plus long que les autres, jouant la carte des ruptures : « From the Dusk of Ages ».

 

1989, c'est aussi le départ de Kai Hansen, le co-fondateur et l'un des principaux compositeurs de Helloween. Il fonde Gamma Ray, tandis que Helloween sortira en 91 un album à 1000 lieux de l'inventivité des 2 Keeper..., décevant moult fans. Pour le fan qui se sent, face à ce que Gamma Ray n'est pas et la tournure que prend la carrière de Helloween, comme un enfant vivant mal le divorce de ses parents adorés, Scanner offre une idée de ce que Helloween aurait pu devenir, mais sans jamais copier leurs illustres compatriotes. Terminal Earth compte clairement parmi les albums sous-estimés qu’il convient de (re)découvrir. Et n’en déplaise à ses illustres confrères, nous avons là un beau classique oublié.

photo de Moland Fengkov
le 09/05/2021

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 09/05/2021 à 11:25:02

Clairement du haut de 2e division qui aurait pu prétendre à mieux !!!

Moland

Moland le 13/05/2021 à 09:18:06

Heureusement nous sommes là pour réhabiliter leur musique :) 

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