Sikth - Opacities

Chronique Maxi-cd / EP (27:37)

chronique Sikth - Opacities

Si la taille respectable de mes cicatrices attestera sans mal d'une honorable carrière d’ancien combattant du Thrash, du Death et de cette bonne vieille Fusion, il faut bien reconnaître qu'en matière de Djent, je ne suis qu’un frêle bleu-bite. La preuve: je n’ai toujours écouté ni TesseracT, ni Monuments. Là, le Club des Chevaliers Jedi de World of Nerdcraft peut ouvrir grand le robinet à quolibets. Autre preuve de cette crasse ignorance: c’est avec ce nouveau mini que je découvre réellement l’existence de SikTh, ainsi que son statut de Grand Ancien de la scène polyrythmicophile. Parce que ceux-qui-savent, eux, ont lu les éloges chantés par certains des papes de la scène à l’adresse du sextet grand-briton dont il est aujourd’hui question. Voire ont peut-être même jeté une oreille aux albums The Trees Are Dead & Dried Out Wait for Something Wild et Death of a Dead Day qui, en leur temps (2003 – 2006), ont semble-t-il positivement impressionné par leur liberté artistique, à cheval entre Mathcore, Prog et autres territoires musicaux vénères mais néanmoins subtiles.

 

Alors voilà le topo: après le départ de son duo de chanteurs (parce que, oui oui, il leur faut au moins 2 micros pour conter fleurette à leur public), le groupe s’est reconverti qui dans le point de croix, qui dans la conchyliculture, qui dans la collection de boites de camembert. Sauf qu’après 7 ans à enchaîner des parties endiablées de Cluedo pendant que des groupes de jeunes blancs-becs récoltaient lauriers et groupies de par les scènes du vaste monde, les anglais se sont dits que, finalement, peut-être bien que… Et hop: en 2014 la formation remettait le pied à l’étrier en même temps que sur les planches, ceci à l’occasion du Download Festival. S'ensuivirent tournées, sueur, pluie de bravo-bravos en provenance de la fosse... Et vous savez ce que c’est dans ces cas-là: on ne peut pas ne pas retourner en studio si l’on veut que cela dure.

 

Du coup, BAM: fin 2015, après avoir récolté quelques pennies auprès de ses fans via les habituels réseaux permettant de crowd-funder sans se fatiguer, SikTh nous revient avec 6 titres nouveaux empaquetés dans un mini-album à la pochette avantageusement colorée dans des tons « steampunk psyché-baroques » pas crado…

 

Les initiés vous le diront mieux que moi: la musique de nos amis n’a a priori pas foncièrement évolué… Et rien d'étonnant à cela, le propos de ce retour aux affaires étant avant tout de rassurer – et remercier – les fans les plus fidèles. Du coup 5 des nouveaux morceaux sont faits d'un habile canevas rappelant moins le Djent teenager à l’américaine qu’un Dillinger ayant batifolé avec Korn, ceci dans le respect de la tradition free-style-mais-expert de groupes comme Protest The Hero ou Destrage (... en moins barré toutefois). C’est que la norme ici, c’est le riff tortillon, la mélodie alambiquée – la chose restant néanmoins toujours étonnamment assimilable, voire agréable même, si si. Le chant est donc (cf. le début du 2e paragraphe ci-dessus) partagé entre un flot vénère corement rugueux et des gazouillis clairs plus adolescents. Quoique j'ai beau lâcher comme ça des « adolescents », des « Korn » et compagnie, mais en réalité la musique de SikTh respire à plein nez la maturité et le savoir-faire. Car nos amis sont de fait à des années-lumière de l'acné métallique de ces formations ayant pignon sur cour de récréation.

 

« Par contre, dis: il semblerait que tu n'aies pas vraiment craqué ton slip sur la chose, mmmh? »

 

Certes, vous m’avez percé à jour les copains! Autant Opacities démarre en fanfare sur un « Behind The Doors » irrésistible, suivi d’un « Philistine Philosophies » au refrain assez mortel (tiens, matez moi donc le clip), autant la suite est bonne-mais-peut-mieux-faire-encouragements-du-Conseil-de-classe. Car « Under The Weeping Moon » s’avère à la fois « classique » et plus dans la retenue. « Walking Shadows » tortille son boule à la sauce Meshuggah sans que cela ne l’empêche de nous anesthésier avec un refrain un peu tiède. Et puis ce « Days Are Dreamed » a beau déployer de fastueuses orchestrations, il ne nous en reste au final que l’impression d’avoir écouté une longue planerie ambiante un brin trop longue, et trop sage. Sans parler de la séquence « Spoken Word » de « Tokyo Lights », qui rappellera sans doute de bons souvenirs aux fans (le groupe ayant déjà pratiqué par 2 fois ce genre d’exercice dans le passé), mais qui finira vite par être zappée lors des écoutes suivantes.

 

Alors oui, la qualité intrinsèque de cet Opacities permet de comprendre sans mal en quoi ce combo un peu en avance sur son temps a pu séduire, puis convertir une génération de métalleux nés avec Wikipedia et Youtube plutôt que l’Enclopaedia Universalis et le Minitel. Et puis l’impact des 2 premiers titres nous donne vraiment envie d’en savoir plus. M’enfin cela ne suffira pas à faire naître en nous une SikThmania ayant l’intensité de cette folie qui pousse les foules à poireauter des heures, un sabre-laser en plastoc à la main, devant les salles de ciné proposant les premières séance du 7e épisode de Star Wars…

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: SikTh revient, SikTh re-viennnnnnt, SikTh revient parmi les siens… C’est fait: les anglais reconnus pour avoir influencé la scène Djent pas-autant-que-Meshuggah-mais-quand-même reviennent avec un nouveau mini relativement joufflu. Au menu 6 titres de Mathcore proggy ado-mais-technique et relativement liiiiibre-dans-sa-tête, dont deux morceaux franchement bons, plus du « compétent mais pourrait accrocher plus ». 

photo de Cglaume
le 13/01/2016

1 COMMENTAIRE

Tookie

Tookie le 13/01/2016 à 12:01:49

Le retour du groupe est la rare satisfaction des réunions 2015... J'suis vraiment heureux de les retrouver...surtout à ce niveau.
Toujours aussi singuliers, je prends aussi un pied monstrueux à écouter "Philistine Philosophies". Tout n'est pas encore au niveau d'antan, celle où le groupe était si haut dans mon estime qu'ils en auraient eu le vertige. Qu'importe, ils sont toujours aussi bons pour moi. J'veux un album pi c'est tout !

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