Svffer - Empathist
Chronique CD album (16:27)

- Style
Hardcore sombre / Grindcore - Label(s)
Vendetta Records - Date de sortie
2 novembre 2015 - Lieu d'enregistrement Die Tonmeisterei
- écouter via bandcamp
Alors voilà. Des groupes comme Punch, Tørsö, Strafplanet, Landverraad, ça vous parle ? Non ? Alors disons des groupes avec des racines hardcore qui tirent vers le powerviolence, voire le grindcore, un esprit DIY affuté et une critique politique des plus développées, et avec derrière le micro des hurleuses assez acharnées pour calmer un bon paquet de coreux ? Ce genre de groupes où il y a plus de coups de caisse claire à la minute que dans toute la discographie de Pink Floyd ?
Et bien disons que Svffer agit dans ce registre, mais en plus méchant, en plus sombre, en moins powerviolent peut-être, mais en plus violent. Dans l'ambiance que créent les quatre de Münster (et de Berlin), on est parfois proches de ce que l'on trouvait récemment chez Pupil Slicer ou Cross Bringer, voire même The Secret, bien que le style diffère, car Svffer n'a emporté ni mathcore ni black metal dans ses valises. Même si le chant hurlé de Leonie fait parfois penser à celui de Caro Tanghe de chez Oathbreaker (« Destruktiv ») et de la première démo de blackened crust que ce groupe avait sorti (« Error »). Peut-être une légère touche « blackened » donc.
Côté musique, on ne perd pas de temps : après une intro larsen et malsaine, deux accords, un riff haineux et hop, ça blaste. Mais attention. Ça blaste méchant (« Systematisierung »). Sauf que ça ne fait vraiment pas que ça, il y a un gros travail sur la dynamique et les rythmes évoluent très souvent, entre roulements, blasts, ralentissements (toujours méchants, je vous rassure), on ne perd ici pas de temps à répéter trop de fois les mêmes choses. Sans que ça n'en devienne démonstratif, Svffer nous emporte tout de même d'un plan à l'autre, on vient plutôt juste casser des nez sous un autre angle. Le batteur (partagé avec Unrest) n'est clairement pas là pour attendre que ça se passe.
Une oreille attentive pourra aussi déceler des riffs à la Alpinist de temps à autres (« Valueless », « Destruktiv »), même si cela était plus flagrant sur l'album précédent : et bien c'est bien vu, le guitariste Benni faisait partie de cet autre combo germanique (chaudement recommandé). On retrouve donc en partie ce sens de la « mélodie rythmique » et de la dynamique qu'il y avait chez son précédent groupe, ainsi qu'un son de guitare similaire. A mi-album, « Unjust Prevail » et sa mélodie viennent même un peu rappeler celle de « Lonewolves » de Converge (à moi, en tout cas, d'ailleurs No Heroes était celui de leurs albums qui se rapprochait le plus du grind/powerviolence, enfin passons), pour l'un des seuls moments de l'album où une guitare mélodique est au cœur de l'action. Mais ça n'est pas léger pour autant.
Malgré son caractère relativement court (16 minutes 30), très peu de répit est offert au milieu de ce concentré de colère. Même les parties plus lentes (le début de « Fever »...) sont empreintes d'une tension assez intense, et viennent vite être balayées de toute façon par de nouvelles attaques furieuses.
Les guitares et la distortion sont vraiment mises en avant dans le mix, tandis que la batterie semble parfois presque un peu étouffée dans le mur de son. Le résultat de l'ensemble correspond au final assez bien au style pratiqué et à sa noirceur écrasante. Si tout cela ne suffisait pas, ajoutons que le groupe a (en toute logique) partagé la scène avec Nails ou Amenra. Vous le voyez comment, en termes de violence et de noirceur ?
Non, comme sur un Lies we Live déjà bien énervé l'année précédente, Empathist n'est clairement pas là pour faire de la « feel good music ». Ce n'est pas vraiment de l'empathie que l'on ressent en première intention à l'écoute de ce disque. Ni en seconde, d'ailleurs. Non, ça va vrombir dans les chaumières et en faire tomber les murs, pour ne rien en sauver. Petit bémol, ce format court laisse un peu sur sa faim, mais une solution existe : c'est l'occasion d'enchaîner avec leur précédent opus ! Et là, le défi sur la durée devient plus épicé : pas sûr qu'on puisse se relever. En tout cas pas avant d'avoir ramassé ses dents.
Bref, si vous appréciez la musique sombre, violente et qui ne fait pas de concession, il y a de bonnes chances que Svffer ne mette pas beaucoup de temps à vous convaincre.
4 COMMENTAIRES
Marc le 22/08/2021 à 20:14:43
Hop hop hop ça cite Alpinist, je file écouter !!
Pingouins le 23/08/2021 à 11:46:39
@Marc : Alors, verdict ? :)
Leonie a l'air un tout petit peu énervée tout de même.
Crom-Cruach le 23/08/2021 à 14:43:30
"la" powerviolence petit scarabée... Sinon ça démonte Suffer et ce serait encore mieux s'il n'y avait pas le petit côté discordant.
Marc le 24/08/2021 à 20:29:16
@pingouins : écouté d'une oreille hier matin, rien à dire, ça nettoie bien les conduits, je réécouterai avant de donner un avis.
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