Sybreed - God Is An Automaton

Chronique CD album (59:38)

chronique Sybreed - God Is An Automaton

Sybreed fait partie de ces groupes à forte personnalité qui ont rapidement trouvé leur voie, en même temps qu’une formule gagnante. Pour ces suisses, celle-ci est bâtie autour d'une savante opposition entre, d’un côté, un « cyber metal » à tendance extrême, doté d’une section rythmique monstrueuse, de shrieks et de growls déshumanisés ainsi que de salves de saccades djent-friendly, et de l’autre des refrains grandioses en chant « sombrement clair », des ambiances amples soutenues par de discrètes nappes de synthé et de menus effets électro, et une aptitude indéniable au groove puissant, voire à l’incitation à mouver son body sur le dancefloor de la batcave… *** Ouf c’te phrase de malade: j’ai bien eu peur qu’on n'en voit jamais le point final! *** Le groupe qualifie d’ailleurs sa musique de « death wave » – alliance pas forcément instinctive entre death metal et new wave à la Depeche Mode –, et à dire vrai, bien que lacunaire, cette étiquette donne un aperçu assez fidèle de la chose, même si elle ne permet pas de saisir la dimension mécanique – pourtant fondamentale – de leur musique, et si elle insiste trop sur le growl – alors que ce sont plutôt les croassements acides qui prédominent, côté chant extrême.

 

Forcément, la musique proposée étant aussi fortement typée, il n’est pas étonnant que lors des toutes premières écoutes de God Is An Automation, on se prenne à penser « OK, sympa… M’enfin est-ce que ça valait la peine d’attendre 3 ans pour reprendre les choses exactement là où elles avaient été laissées? ». Si si, ça fait un peu ça au début, notamment quand on a les oreilles encore humides des doux échos de The Pulse of Awakening et Antares (Là, le lecteur attentif remarque l’absence de Slave Design dans cette liste... Oui bon bah j’ai oublié de demander un mot d’excuse à ma maman hein: on ‘va pas en faire tout un plat non plus!). Mais cette réaction défensive ne résiste pas à quelques écoutes répétées. Parce que Sybreed a le don pour dégoter la mélodie qui scotche, le contraste « pilonnage au marteau-piqueur » / « caresse nuageuse » qui terrasse. Et parce qu’on distingue bientôt dans tout ça quelques évolutions notables. La plus profitable de celles-ci touche le chant clair, et on ne félicitera jamais assez Benjamin d'avoir enfin abandonné les accents nasalo-geignards de l’opus précédent pour un registre beaucoup plus sobre – la tendance générale allant par ailleurs vers plus de massages des cordes vocales à la mode cyber-black, et moins de pop sucrée. Alors ça, si c’est pas une bonne nouvelle!

 

Autre évolution – sans doute moins nette, mais n'empêche: il semble que la montée en puissance de la scène djent ait plus ou moins inspiré nos gaillards, les guitares rythmiques se faisant de plus en plus tranchantes et télégraphiques. Par ailleurs, quand le groupe décide de déployer ses ailes en grand, dans des dimensions plus « épiques » (exemple type: « A Radiant Daybreak »), le résultat fait alors penser aux hollandais de Textures. Djent, épique, Textures... Logique! Côté son, les suisses continuent de foncer à toutes blindes dans un bolide aussi futuriste que rutilant, le lustre de la carrosserie étant à mettre au compte des peaux de chamois de Rhys Fulber, ex-Front Line Assembly, également connu pour ses collaborations avec Fear Factory et Paradise Lost.

 

Alors quels sont-ils donc les nouveaux tubes en provenance d’Outre-Alpes? Quels sont les titres qui accompagneront nos futures courses poignée en coin à dos de Turbo-Spacerider? La liste est longue, mais on essaiera de la restreindre à « Posthuman Manifesto », premier hit avec tout ce qu’il faut où il faut, et notamment une intro qui fera le bonheur des prochains sets live du groupe, soyons-en sûr. Plus léger et poppy, « The Line Of Least Resistance » n’en est pas moins excellent. En poussant encore un brin plus loin, on se laisse happer avec un abandon délicieux au matraquage « Hightech Versus Lowlife », qui trahit quelques subtils accents dubstep. « Challenger », déjà bien connu des afficionados pour avoir été l'élément central de l’EP du même nom sorti en 2011, se doit lui aussi de figurer à l’appel, entre autre en tant qu’éclaireur du merveilleux déluge de cyber metal "1st class" qui clôt l'album. Car les 3 derniers morceaux (enfin non: 4 pour le coup, en incluant « Challenger »!) ne baissent que rarement la garde, entre un « A Radiant Daybreak » à écouter le poing sur le cœur, « Into The Blackest Light » dont le sublime refrain est mis en valeur par des couplets à l’agitation inconfortable, et « Destruction and Bliss », monolithe formidable figurant parmi les meilleures compos jamais écrites par le groupe, doté d’un refrain excellentissime et d’un final orchestral renvoyant à « Lucifer Effect » et « Zero To Nothing » sur l’album précédent. Damned, comment rester indifférent?

 

Continuant de tracer leur voie entre djent mélodique à la Textures et cyber metal à la Jenx / Fear Factory, les suisses de Sybreed enfoncent le clou une bonne fois pour toute avec ce 4e opus qui a clairement tout pour séduire ceux dont le petit cœur avait fondu à l'écoute de leurs œuvres précédentes. Si le podium n’était pas déjà si encombré, God Is An Automation aurait tout à fait mérité sa place dans le Top 10 de l’année dernière. Bon, vous avez saisi le fond du message: on vous recommande chaudement la bête!

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: tout en continuant de peaufiner une formule qu’ils ont mis sur pied à l’époque d’Antares, les suisses de Sybreed nous proposent un 4e album dans la lignée des 2 précédents, autrement dit tout autant chargé en tubes, saccades froidement martiales et refrains qui font mouche, quelque part entre Fear Factory et Textures, mais en plus groovement « dancefloor ». Very miam!

photo de Cglaume
le 06/05/2013

6 COMMENTAIRES

Jull

Jull le 06/05/2013 à 13:03:39

Je ne connais que l 1er album que j'avais trouve tres bon

Darkmorue

Darkmorue le 06/05/2013 à 14:59:42

Tiens c'est rigolo, dans ma chronique à moi je dis exactement la même chose que toi, mais avec trois points de moins :D
Disons que cet album vaut pour ses trois derniers titres + No Wisdom Bring Solace.
Le reste c'est du sous-Sybreed, soit en pilotage automatique, soit avec des bonnes idées direct pourravées (Red Nova Ignition et Hightech Versus Lowlife, les deux pareil: intro de la mort, puis dés qu'on a atteint le premier refrain c'est plat et vide). Bref, leur moins bon et de loin, dommage...

cglaume

cglaume le 07/05/2013 à 00:39:57

J'étais un peu déçu au début, lors des 1eres écoutes, surtout après un album comme "Pulse...", mais le mode Replay a vraiment été très bénéfique à l'album, qui s'est finalement révélé non seulement solide mais vraiment accrocheur. Tu lui as vraiment donné sa chance Mr poisson sombre ?

Darkmorue

Darkmorue le 07/05/2013 à 11:44:28

Ah ben ouais, une grosse douzaine d'écoutes pour me convaincre qu'il était bon, et plus ça allait plus c'était mauvais. On est à des années lumières de The Pulse Of Awakening et Slave Design, les deux énormes tueries du groupe... Et j'aimerais bien ne pas être d'accord avec moi ;_;

Droom

Droom le 10/05/2013 à 10:29:40

J'approuve totalement la chronique de cglaume ! Dans la mienne (hihi, c'est un véritable rassemblement dans le coin), je note aussi cette montée en puissance au fil des écoutes. D'abord, on est déçu, ensuite, on est scotchés. Ce qui fait que je me demande même s'il ne surclasse pas l'excellent Pulse, au final...
En revanche, cet album est étrange : ultra-catchy sur le moment, il ne marque pas en dehors. Genre, le refrain de Challenger, je l'ai déjà entendu 50 fois, je le chantonne à chaque fois mais là, de suite, impossible de me le remémorer. Très étrange.

cglaume

cglaume le 10/05/2013 à 12:49:43

Tout pareil Droom: on a dû acheter nos oreilles au même endroit ! :)

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