Terminalist - The Crisis as Condition
Chronique CD album (39:53)

- Style
Blackened Tech-Thrash - Label(s)
Indisciplinarian - Date de sortie
8 septembre 2023 - Lieu d'enregistrement Ballade Studios
- écouter via bandcamp
Bien que la sortie de The Crisis as Condition tombe le 8 septembre, non, « Terminalist » ne renvoie pas à ces affiches placardées à l’entrée du bahut dans le but d'apprendre à la nouvelle fournée d'apprentis bacheliers si oui ou non ils pourront bavarder une année de plus avec Kevin ou Sarah pendant les cours d’Histoire-Géo. À dire vrai les Danois qui ont choisi ce patronyme ont plutôt dans l’idée de suggérer que le Thrash technique qu’ils pratiquent est du genre extrême, qu’au-delà il n’existe plus rien, et que c’est depuis leur aérogare que les riffs les plus impressionnants décollent (… non, ce n’est pas non plus ce « terminal »-là ?).
C’est donc de fines gâchettes dont on va parler aujourd’hui. Mais pas de celles qu’on trouve dans la file désormais conséquente zigzaguant derrière Coroner, Mekong Delta et leurs disciples. Non : on est en 2023, et les zicos à cheveux longs fans de prises de tête et de luxations des doigts ont dorénavant moult occasions d’écouter d’autres choses, du metal extrême par exemple, et de s’habituer à l’idée que les catégories c’est bien, mais c’est un peu clivant, un peu vieillot, et que si on peut passer de l’une à l’autre, voir de se caler à cheval entre elles, c’est encore mieux (… sauf pour les pauvres chroniqueurs qui galèrent à pondre des étiquettes). Derrière l’appellation « Hyperthrash » que la formation continue à mettre en avant sur son 2e album, ce qui nous est ici offert c’est donc un Thrash particulièrement affuté – les fans de Vektor y trouveront de nouvelles raisons de pousser des gloussements béats – qui va régulièrement voir ailleurs si le gazon pousse plus généreusement. Notamment du côté du Black Metal, auquel il emprunte l’esprit de certains riffs, ainsi que de régulières volées de blast vert – « régulières », quoiqu’utilisées avec parcimonie.
Du « Blackened Tech-Thrash » donc, comme c’est écrit plus haut ?
Oui, pour faire très court. Mais pas seulement. Car la petite quarantaine de minutes que dure le présent opus s’avère en fait bien moins formatée que cela. Parce que, si jusqu’ici on a parlé de Black, en fait l’autre pilier du Metal extrême est ici tout aussi présent. On aurait d'ailleurs presque pu parler de « Blackened Tech-Thrash/Death ». Certains riffs – et ce dès « Life Won’t Last » – font autant penser au Death dernière mouture qu’aux exploits des pionniers évoqués plus haut dans ce papier. Et puis la claque houleuse assénée lors du refrain de « Frenetic Standstill », vous êtes d’accord : il s’agit de bon gros Death Metal broussailleux, ni plus ni moins, non ?!
Mais ce n’est pas là la seule nuance stylistique à apporter à la description de la musique de Terminalist. Il faut aussi insister sur les méandres voivodiens parcourus lors du long « Move in Strife ». Il faut dresser un parallèle entre les ébouriffantes effusions de guitares fiérotes omniprésentes sur « A Future To Weave » et le faste ronflant d’un Exmortus. Et il faut encore souligner les vieux bouts de cuir laissés dans l’oreille par « Frenetic Standstill », morceau qui adopte l’allure born-to-be-wild’n’evil de ces speed-blackmétalleux à moto qui ne cessent de se rallier au panache pas franchement blanc de Hellripper, Bütcher et autres Sadistic Force. Une belle salade de fruits métalliques bien mûrs, donc, qui régalera les gourmands fans de décibels racés et/mais libérateurs.
Pas besoin de finir la chronique sur un gros tour du propriétaire cette fois, l’essentiel ayant été dit ci-dessus. On conseillera toutefois à ceux qui veulent tester l’engin de le faire en priorité via « Life Won’t Last », « A Future To Weave », « Frenetic Standstill » (qui, par contre, finit sur une petite minute de trot un peu trop pépère après cette course poignée en coin) ou « Last Remains » (qui propose LE riff qui déglingue, à 2:50, mais également deux minutes trente d’une conclusion un peu trop léthargique – décidément ces fins en demi-teinte sont une mauvaise habitude chez nos amis)… Entre les sorties de The Crisis as Condition et Numen, cette année les amateurs de joyaux métalliques finement ciselés ne devraient nullement rechigner à effectuer leur rentrée !
La chronique, version courte: véloce, technique, mélodique, varié, à la fois evil’n’rétro et joliment brutal, le Thrash technique largement teinté de Metal extrême proposé par Terminalist sur son 2e album déroule une large palette de couleurs que les étiquettes stylistiques trop monochromes et étriquées auront du mal à retranscrire. Sans doute inspirés par Vektor, Voivod, Exmortus, Hellripper et Death, ces Danois devraient logiquement taper dans l’œil de ceux qui vont régulièrement faire leurs emplettes chez Unspeakable Axe Records.
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