Under The Church - Total Burial

Chronique Maxi-cd / EP (15:14)

chronique Under The Church - Total Burial

Total Burial, le titre parfait. C’est Grave qui va faire la gueule de ne pas avoir eu l’idée le premier… Quand vous ajoutez à cela le son, l’attitude (autrement dit le bruit et l’odeur), sans oublier cette pochette complètement dans le ton, aussi classique que classe, qui sans en faire des caisses réussit à sentir l’humus pas frais et le marbre profané, eh bien l’amateur de Swedeath de tradition, sur le palier, il devient fou. Fou de joie à l’idée qu’on puisse rester à ce point fidèle à l’esprit des débuts, fidèle à ce groove basaltiquement putride, fidèle à cette pédale HM-2 qui, de nos jours, n’excite plus guère la jeunesse que lorsqu’elle distord des guitares coreuses (cf. Tombstoner, Fuming Mouth & co). Fou de joie que certains groupes, comme les ex-Nirvana 2002 dont il est ici question, réussissent à faire encore et toujours vivre la flamme sans que cela sente trop le réchauffé.

 

Si vous avez suivi les épisodes précédents, vous vous souvenez peut-être qu’Under The Church est un groupe de vétérans ayant bénéficié d’une exhumation heureuse lorsque la vague du revival Swedeath est venue frapper les côtes de Metal Beach, il y a de cela quelques années. Leur vision du genre est proche de celle des origines, i.e. emprunte d’une hargne punk vivace, mais aussi de ce léger écho qui rappelle plus le caveau mal aéré que le marécage pollué. Quand on asperge notre lecteur à l’aide de leur arrosoir discographique, on finit avec les enceintes toutes maculées d’un Death old school plein de grognements et de touches motörheadiennes crasseuses, toutes corrodées par une virulente acidité rappelant le Sodom de la pente ascendante, mais aussi toutes souillées d’un pus empestant l’Autopsy.

 

Sauf que sur Total Burial il est question de taper vite et fort : finis les ralentissements visqueux à la Chris Reifert. Dès « Day of Reckoning » le groupe nous saute à la gorge, méchant, direct, aussi ulcéré et plein de furoncles qu'une mégère acariâtre ayant manqué le dernier épisode de Riche & Potiche à cause d’une bande de jeunes faisant brailler du RnB directement sous ses géraniums. Plus ramassé et véloce encore, « Spit on your Grave » voit son impact décuplé par un refrain victorieux assez imparable. Alors OK, le morceau-titre décélère un peu. Mais c'est pour la bonne cause, car il est avant tout question de s'y vautrer dans un groove fortement pileux, dans le terreau duquel le groupe cultive un autre de ces refrains qui plante sournoisement sa graine en nous. Arrivé à ce stade, on commence à guetter la baisse de régime… Et c’est là que, nous prenant violemment à revers, arrive le 2e moment fort de l’EP sous la forme de « Depraved Vocation », morceau qui déboule la fleur D-Beat au fusil et envoie une bonne vieille torgnole à ceux qui pensaient pouvoir siffler une binouse, tranquillement assis au bord du chemin. Et la boucle de se retrouver rapidement bouclée sur un « Just Another Death » regardant son jumeau « Day of Reckoning » en chien de faillance – même fougue inarrêtable, même étincelle méchante au fond des yeux, même baguettes qui matraquent les peaux jusqu’à en faire du jus de fûts : de vrais siamois !

 

Alors c’est vrai, il arrive encore que, de temps à autre, on s’emballe sur un album de Swedeath longue durée. Pour les dernières occurrences de ce phénomène aussi rare qu’un électeur comblé, se référer aux chroniques récentes de mon Crom-Cruach de collègue. Mais reconnaissons ce fait de moins en moins contestable : pour qu’une sortie se réclamant du genre – qui rabâche quand même beaucoup – réussisse à impressionner durablement, elle doit savoir se faire concise. Et donc préférer les formats courts, qu’il s’agisse de celui des morceaux comme de celui de la galette elle-même. Des EP comme The Crypts Below et The Empires of Death en avaient fourni la preuve par neuf. Et cette leçon, Under the Church l'a manifestement parfaitement assimilée. Du moins c'est ce que semble prouver ce condensé de Swedeath vilain et jouissif.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: aussi vindicatif que primitif, le Under The Church 2022 se débarrasse des lenteurs et « gluanteurs » parfois utilisées par le passé pour se concentrer sur la scie circulaire HM-2 qui vrombit et l’agressivité Punk qui fulmine. Le groupe conserve donc le côté Grave nourri à Motörhead, la lame du Sodom adolescent et la crête sépulcrale de Nihilist, et condense tout ça sur cinq morceaux qui baffent l'auditeur sans relâche pendant un quart d’heure court mais intense. Parce que ça va bien de faire durer le plaisir : vu comment Total Burial nous réchauffe les cavités auriculaires, on se dit que les enswedeatheurs précoces sont peut-être bien les amants les plus passionnés qui soient finalement !

photo de Cglaume
le 30/05/2022

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 30/05/2022 à 13:51:50

Y'a du mieux. Je vais m'écouter ça en détail.

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